La FSPF part en croisade pour obtenir un nouveau mode de rémunération

Réservé aux abonnés
Publié le 4 avril 2009
Mettre en favori

L’assemblée générale de la FSPF a mandaté son bureau national, la semaine dernière, pour négocier un mode de rémunération « mixte » qui s’inscrive en filigrane des nouvelles missions portées en germe par la loi HPST. D’autant que le système actuel est à bout de souffle, la rémunération par ordonnance se montant en moyenne à… 8,50 euros.

L’évolution de la marge officinale en 2008 a été plus mauvaise que ne le laissaient supposer les premières estimations : – 2,2 % en valeur, si l’on se réfère aux données GERS. « Cela nous amène à tirer le signal d’alarme », a commenté la semaine dernière Philippe Besset, en charge des affaires économiques à la FSPF, égrainant en sus ces chiffres pour le début de l’année : – 4,8 % de CA en février (- 4,3 % sur le remboursable, – 12,4 % sur le non-remboursable, – 5,2 % sur la para) ! Et celui-ci, ahurissant : la rémunération par ordonnance se monte à 8,50 euros, avec un écart type de 1,19 euro. « Nous nous attendions plutôt à trouver 12 ou 13 euros », confie Philippe Besset en aparté.

Préserver les « officines essentielles »

Dans ce contexte, pas étonnant que l’assemblée générale de la FSPF ait donné mandat à son bureau national pour modifier le mode de rémunération actuel. Outre le fait que l’« accrochage » de la marge officinale aux prix industriels ne fonctionne plus, comme le montrent ces chiffres, « il nous faut désormais trouver une nouvelle rémunération en corrélation avec la loi HPST, c’est-à-dire qui soit adaptée aux futures nouvelles missions du pharmacien », commente Philippe Besset. Pour revoir le mode de rémunération, la FSPF se fixe deux contraintes : d’abord, que l’écart type de rémunération à l’ordonnance soit réduit entre officines, ensuite que soient préservées ce que Philippe Besset intitule les « pharmacies essentielles » (par exemple de quartiers HLM, de zones très rurales…). « Ce sera extrêmement compliqué. Autant dire qu’à ce jour nous n’avons pas de modèle à proposer. Si ce n’est qu’il sera forcément mixte ».

Toujours sur le plan économique, l’assemblée générale a voté la signature de l’avenant générique qui reconduira pour cette année le taux de substitution de 82,9 %. Un maintien qui nécessite néanmoins un effort de + 9 points compte tenu des nouvelles entrées dans le Répertoire, commente Philippe Gaertner, président du syndicat. Le second volet de cet avenant prévoit la généralisation du dispositif « tiers payant contre générique » déjà appliqué aujourd’hui dans 80 départements.

« La dernière mission confiée au bureau de la Fédération est de faciliter l’accès du titulariat aux jeunes », a enfin annoncé Philippe Gaertner, réaffirmant en même temps l’hostilité de la Fédération au principe des succursales de pharmacie car, estime-t-il, il faut défendre le lien professionnel de santé exploitant-détenteur du capital.

Publicité

Loi HPST : rassurer les médecins !

« Je souhaite dire aux autres professionnels de santé que les pharmaciens sont bien ici dans une logique de coopération dans un cadre protocolisé sous l’égide de la Haute Autorité de santé », a insisté Philippe Gaertner pour rassurer les médecins à propos de la loi HPST qui instaure notamment le « pharmacien de coordination » (renouvellement des traitements pour les patients chroniques, adaptation des posologies, bilans de médication…). « On a frôlé la catastrophe avec l’expression de « pharmacien traitant » », a-t-il ajouté, persuadé que les représentants des médecins, et notamment la CSMF (qui s’est déclarée « en résistance » contre la loi HPST), ne s’en prendront pas (au Sénat) aux articles concernant les pharmaciens, ce qui est loin d’être gagné (voir p. 14). Si la FSPF se félicite donc du projet voté par l’Assemblée nationale (un pharmacien « plus professionnel de santé »), elle conserve quelques réticences – sur la future contractualisation avec les agences régionales de santé par exemple – et met en garde contre toute tendance à la contractualisation individuelle « qui pourrait remettre en cause la répartition démogéographique » : le conventionnement devra rester national.

Une autre doute concerne la notion de « développement professionnel continu » (qui sous-tend une évaluation des pratiques) : « On a voulu faire un copier-coller d’autres professions de santé […]. Pour en arriver là, il nous faudra des bonnes pratiques de dispensation », observe le président de la FSPF.

Par ailleurs, le syndicat s’interroge sur le principe de représentativité syndicale qui, d’après le projet de loi, s’accompagnera d’élections professionnelles, n’existant pas à ce jour dans la pharmacie.