Elections présidentielles : le choix des professionnels de santé

Plus d’un millier de professionnels de santé, de patients, d’élus et de chercheurs ont lancé, le 16 avril, dans le Journal du dimanche, « un appel sans détour à faire barrage à l’extrême-droite ». « Au-delà de nos différences d’opinion, au-delà des constats que nous portons chacun sur les remèdes à apporter à un système de santé fragilisé, nous partageons la conviction que le projet de l’extrême droite s’oppose aux principes fondamentaux qui fondent notre modèle social », plaident-ils, soulignant que la candidate du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, veut « réformer » (selon les mots de la candidate) l’aide médicale de l’Etat (AME) en la limitant aux seuls soins urgents, et peut rendre difficile l’exercice des soignants étrangers.

Le 17 avril, dans Libération, une soixantaine de médecins, soignants et chercheurs, pour la plupart en première ligne dans la lutte contre le Covid-19 et très actifs dans la lutte contre la désinformation, voteront « sans hésitation contre Marine Le Pen, en mettant dans l’urne un bulletin Emmanuel Macron le 24 avril ». Eux aussi veulent faire barrage au RN plutôt qu’une démonstration d’adhésion à la politique sanitaire menée par le président sortant, dénonçant « la trop faible détermination dont l’exécutif a fait preuve pour combattre le charlatanisme, prêtant une oreille souvent bien complaisante à ceux qui discréditent la connaissance scientifique et prêtent au masque ou au vaccin des vices imaginaires. »

Plus tôt, dès le 13 avril, c’est la Mutualité française qui a appelé « à battre l’extrême droite en votant pour Emmanuel Macron » dans le but de « préserver la République démocratique, laïque et sociale ». « Les propositions sociales fondées sur un principe de préférence nationale sont incompatibles avec les valeurs républicaines d’égalité et de fraternité, argumente la Mutualité française, dénonçant le programme de Marine Le Pen. La mise en application de ces propositions, affaiblirait la protection sociale solidaire, patrimoine de ceux qui n’en ont pas, au détriment des plus fragiles, qui en seraient donc les premières victimes. »

Côté professionnels de santé de ville, notons les prises de position des médecins généralistes. Le syndicat MG France, le 15 avril, critique vivement le programme de santé du RN, notamment la transformation de l’AME, la mise en place d’une variation du tarif des consultations selon le lieu d’exercice (« mesure aussi inadaptée au problème des « déserts médicaux » qu’inapplicable », lance le syndicat), ou sa position en faveur de la « liberté vaccinale » et de « la liberté de prescrire ». Selon MG France « l’élection de la candidate d’extrême droite menacerait la liberté d’expression des professionnels de santé ». Le syndicat « appelle tous les médecins, les professionnels de santé et la population à refuser le vote d’extrême droite » et, en filagramme, appelle à voter Emmanuel Macron puisque, selon MG France, « compte tenu d’un résultat électoral probablement plus serré qu’en 2017, personne ne doit oublier que s’abstenir ou voter blanc revient à choisir la candidate de l’extrême droite. »

Le Collège national des généralistes enseignants (CNGE), dès le 12 avril, s’oppose aussi à l’extrême droite et rappelle « qu’en matière scientifique et sanitaire, le RN s’est illustré au cours de la crise du Covid-19 par des prises de position s’opposant brutalement aux données scientifiques ». Sans donner de consignes de vote claires.

Enfin, l’Union nationale des professions libérales (UNAPL), dans un communiqué de presse du 12 avril, ne donne pas de consignes de vote car elle se définit comme une « organisation apolitique ». Mais « elle appelle tous les professionnels libéraux à bien considérer les programmes économiques et sociaux des deux candidats avant de faire leur choix. Les professionnels libéraux ne doivent pas s’abstenir. »