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Chikungunya à La Réunion : les pharmaciens enfin autorisés à vacciner
C’est officiel : les pharmaciens de La Réunion sont désormais autorisés à administrer le vaccin Ixchiq. L’arrêté, signé le 1er avril 2025 par Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, a été publié ce mercredi 2 avril au Journal officiel. Il s’applique jusqu’au 15 juillet 2025.
Ce texte permet aux pharmaciens ayant reçu une formation adaptée, conformément à l’article R. 5 125-33-8 du Code de la santé publique, d’administrer le vaccin aux publics à risque, dans le cadre de la campagne organisée par l’Agence régionale de santé (ARS) de La Réunion. Un volet de pharmacovigilance renforcée est également prévu.
Une épidémie hors de contrôle
Selon les derniers chiffres diffusés par la préfecture et l’ARS, 13 954 cas de chikungunya ont été recensés à La Réunion depuis août 2024, dont 4 156 sur la seule semaine du 10 au 16 mars 2025, soit une hausse de 16 % par rapport à la semaine précédente. L’épidémie, initialement concentrée dans le Sud, touche désormais l’ensemble de l’île.
Deux décès ont été attribués à l’infection. Le vaccin Ixchiq, développé par le laboratoire Valneva et autorisé pour les adultes en Europe, a une efficacité différée (7 à 15 jours) mais peut contribuer à réduire les formes graves et les hospitalisations. Les doses livrées seront gratuites pour les publics ciblés, conformément à l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS).
Une logistique allégée en officine
Avec la publication de l’arrêté, le parcours vaccinal devient plus fluide. Les pharmaciens pourront assurer la dispensation et l’injection en un seul lieu, avec traçabilité des données transmise à l’ARS (hors données nominatives). L’administration du vaccin sera désormais inscrite dans le DMP, évitant les allers-retours entre médecins et officines.
Cette simplification était attendue par les syndicats. Pour les deux syndicats – la Fédération des syndicats pharmaceutiques France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) – : « Il était impératif que l’arrêté soit publié avant l’arrivée des vaccins pour ne pas perdre de temps ». Des interrogations subsistent toutefois sur les conditions de rémunération. La profession attend des précisions sur la prise en charge financière de l’acte vaccinal et appelle à son intégration dans le droit commun.
Interrogations sur la gestion juridique des épidémies
Cet arrêté s’appuie une nouvelle fois sur l’article L. 3 131-1 du Code de la santé publique, activé en cas de menace sanitaire grave. Mais cette procédure d’exception soulève des questions. Beaucoup de professionnels estiment nécessaire d’inscrire dans le droit commun la possibilité pour les pharmaciens de vacciner en cas d’épidémie, sans devoir attendre une autorisation ministérielle systématique.
L’actuelle gestion par dérogation temporaire ralentit l’agilité de réponse sur le terrain, alors même que les pharmaciens ont démontré leur capacité à intervenir efficacement, notamment lors des campagnes anti-Covid-19.
Une stratégie préventive à renforcer
Avec une forte circulation virale à La Réunion, l’arrivée de cas en métropole apparaît inévitable. La vaccination préventive, en particulier pour les voyageurs, reste pourtant insuffisamment exploitée. Les pharmaciens plaident depuis longtemps pour un élargissement de leurs compétences dans ce domaine en prônant l’intégration de la vaccination des voyageurs dans leur champ de compétences.
La multiplication des épidémies liées au changement climatique pourrait, à terme, favoriser une évolution législative afin d’anticiper les foyers épidémiques dans l’Hexagone.
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