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La recherche officinale ouvrira-t-elle de nouvelles voies ?
Volet spécifique de la recherche en soins primaires, le champ d’investigation officinal émerge peu à peu. Pour ses partisans, il pourrait contribuer à faire progresser la profession, notamment en facilitant l’implantation de nouvelles missions.
L’officine serait-elle un nouveau terrain de recherche ? Depuis quelques années, plusieurs études menées dans les pharmacies voient le jour. Exemple récent, l’essai PharmaCyst a évalué un protocole de prise en charge des cystites simples par les pharmaciens – une pratique désormais autorisée depuis juin 2024. Avant cela, l’enquête PharmaCoVax s’était penchée sur le ressenti des personnes vaccinées en pharmacie contre le Covid-19. Selon Arthur Piraux, maître de conférences en pratiques officinales à l’université d’Angers (Maine-et-Loire) et pharmacien adjoint dans cette ville, cette approche émergente à l’officine permet de suivre les patients dans leur environnement. « Il s’agit, par exemple, d’évaluer des médicaments en vie réelle auprès de personnes qui ne sont pas aussi ‘“triées” que celles recrutées lors d’essais cliniques hospitaliers ». Autre application, l’évaluation de nouvelles modalités de prise en charge, celles qui définiront l’officine de demain. « Nos pratiques changent et le métier du pharmacien ne sera pas le même dans dix ans, considère Jean-Didier Bardet, maître de conférences en pratiques pharmaceutiques officinales à l’université Grenoble Alpes (Isère) et pharmacien adjoint à Grenoble. Peu à peu, nous deviendrons prescripteurs, voire référents pour certaines pathologies. La recherche officinale peut faciliter l’implantation de nouvelles pratiques. Les sciences humaines et sociales peuvent nous aider à comprendre les freins et les leviers à leur implantation durable sur le terrain. » Malgré ses promesses, la culture de la recherche fait encore défaut à la profession. Selon Jean-Didier Bardet, « les syndicats n’ont pas pour tradition de se tourner vers le milieu universitaire pour lui soumettre une question de recherche. Nos temporalités ne sont pas les mêmes : le temps de l’institutionnel syndical français est à trois ou quatre mois, le délai avant une prochaine négociation. Quant à l’universitaire, il a besoin d’au moins 18 mois pour répondre à une question ».
Un sens nouveauà la pratique officinale
Pour les pharmaciens, la participation à un essai de recherche peut s’avérer enrichissante. « Beaucoup nous disent que cela donne un sens nouveau à leur métier. Cela leur permet de faire évoluer les choses, d’améliorer la prise en charge », explique Arthur Piraux. Cette participation n’est pas sans écueil : outre le temps nécessaire, elle recèle une certaine « lourdeur administrative », notamment en matière de recueil et de transmission des données. « La participation à un essai peut aussi nécessiter le recours à un local confidentiel. Or celui-ci est de moins en moins disponible », ajoute-t-il. La recherche officinale fait l’objet d’une formation spécifique, le master 2 valorisation de la recherche officinale à l’université d’Angers, ouvert aux étudiants en 6e année. Parmi les enseignements proposés, les règles pratiques à connaître pour mener un projet de ce type, l’usage des statistiques ou encore les principes éthiques et réglementaires de la recherche. Au cours de l’année 2024-2025, la formation a compté cinq étudiants, accompagnés dans l’élaboration d’un travail personnel. Selon Arthur Piraux, qui en est le coresponsable pédagogique, « cela nécessite un suivi rapproché, par exemple lorsqu’il s’agit de déposer une demande auprès d’un comité de protection des personnes (CPP) ou d’un comité d’éthique de la recherche (CER), voire de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil). Cela ne se fait pas en un claquement de doigts, et nous privilégions la qualité à la quantité ».
Sous contrôle
Selon la loi Jardé du 5 mars 2012, tout projet de recherche impliquant la personne humaine (RIPH) doit faire l’objet d’un avis positif préalable concernant ses conditions de validité : éthique, médicale, juridique. Quant à ceux non couverts par la loi (non RIPH), par exemple ayant trait aux sciences humaines et sociales ou à la réutilisation de données de santé, il est conseillé de solliciter l’avis d’un comité d’éthique de la recherche (CER), requis avant publication par la plupart des revues internationales.
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