PATIENT DIABÉTIQUE : DESSINE-MOI UN ENTRETIEN PHARMACEUTIQUE

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Publié le 25 juin 2022
Par Matthieu Vandendriessche
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Il a bien été question de l’entretien pour patients diabétiques dans les dernières négociations entre syndicats pharmaceutiques et Assurance maladie, mais cet accompagnement n’est pas encore sur les rails. Deux officinales en dressent les contours à la lumière de leur pratique.

A quoi pourrait ressembler le futur entretien pharmaceutique consacré aux patients diabétiques ? « Il n’est pas souhaitable d’avoir une approche standardisée, ce qui peut être un inconvénient de ces entretiens conventionnés, considère Eva Biniguer, adjointe à Thèreval (Manche), intervenante en faculté de pharmacie et auteure*. De toute façon, on ne pourra pas tout balayer. Il faudrait avoir un arbre décisionnel pour visualiser les besoins du patient. » Barbara Le Boënnec est titulaire à Villeurbanne (Rhône) et administratrice de la Fédération française des diabétiques (FFD). Elle n’est pas favorable à un duplicata des entretiens existants. « Echanger avec le patient dans un espace de confidentialité, cela peut lui laisser penser que le diabète est une maladie taboue, qu’il faut se cacher pour se piquer. De plus, ce n’est pas parce que l’entretien sera fixé à un moment donné que le patient sera enclin à écouter ce que vous avez à lui dire. » Que lui dire justement ? Eva Biniguer différencie diabétiques de type 1 et de type 2. « Les premiers connaissent bien la pathologie. Ils sont observants parce que cela a un impact sur leur survie. Mais il peut y avoir un ras-le-bol. Nous arrivons en relais d’un accompagnement poussé qui est fait à l’hôpital. » Quant aux diabétiques de type 2, ils ont souvent plus de mal à s’impliquer dans leur traitement. « Ils le sont par leur médecin traitant, mais ne reçoivent pas autant d’informations que dans un cadre hospitalier. Face à cette maladie silencieuse, ils en prennent et en laissent. C’est difficile pour eux d’accepter de se restreindre. Ils accepteraient un accompagnement en pharmacie mais sans le vouloir vraiment… » Une posture éducative est requise pour ne pas passer à côté de sa mission. Selon l’adjointe, l’intervention au comptoir peut être courte et efficace. « Il est utile de rappeler les bases même lorsque la pathologie est déjà installée : qu’est-ce que l’hémoglobine glyquée ? Quel est son objectif cible ? Comment reconnaître une hypo et une hyperglycémie ? » Et de rappeler aussi de changer l’aiguille du stylo à chaque injection. « Au comptoir, repérez aussi ceux qui viennent renouveler leurs bandelettes et pas les lancettes… » Barbara Le Boënnec mise avant tout sur le lien de confiance avec le patient. « Il s’instaure quand on n’a rien à lui vendre et aussi, par exemple, lorsqu’on lui assure la stabilité de la marque de génériques. En confiance, le jour où elle ne prendra pas son traitement, la personne saura vous le dire. » La titulaire vérifie que les rendez-vous de consultation annuels pour prévenir les complications sont pris. Elle consulte avec le patient son carnet de glycémie, s’assure de l’absence d’une insuffisance rénale ou hépatique à l’origine de contre-indications. Il faut aussi savoir reconnaître ses limites : « On peut les orienter vers les associations de patients. La FFD a mis en place un programme baptisé Slow Diabète, ouvert aux intéressés et fondé sur le partage d’expériences. »

* Accompagner le patient diabétique à l’officine, Les Editions Le Moniteur des pharmacies, 192 pages, 33 €.

Eva Biniguer, adjointe à Thèreval (Manche)

Barbara Le Boënnec, titulaire à Villeurbanne (Rhône) et administratrice de la Fédération française des diabétiques (FFD)

UN DÉPISTAGE À DATES FIXES

Depuis un arrêté en date du 1er août 2016, le test capillaire d’évaluation de la glycémie ne peut être pratiqué que dans le cadre d’une campagne de prévention du diabète. Elle se tient généralement à l’automne. Pour rappel, le pharmacien qui réalise le test en adresse le résultat au médecin avec l’accord du patient.

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