Les syndicats s’estiment floués par la Sécu

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Publié le 7 mars 2015
Par Matthieu Vandendriessche
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Lancés en juillet 2013, les entretiens pharmaceutiques des patients sous AVK s’essoufflent. Les syndicats estiment que l’Assurance maladie leur a dès le départ coupé les ailes. Dommage, car une enquête menée par la CNAM et présentée en exclusivité par « Le Moniteur » révèle la satisfaction des pharmaciens et des patients.

Où est passé l’argent ? Lors des négociations en 2012, l’Assurance maladie a fait miroiter aux pharmaciens près de 30 millions d’euros pour assurer le financement des entretiens pharmaceutiques des patients sous AVK. Or les pharmacies n’ont touché qu’un peu plus de 3millions d’euros en 2014… Certes, l’Assurance maladie tablait sur plus de 700 000 entretiens réalisés. Dans les faits, ils ont été moins de 200 000, pour près de 150 000 patients inscrits. « C’est déjà pas mal », commente Philippe Gaertner, président de la FSPF.

Mais d’où vient ce différentiel ? « Une telle démarche ne peut pas atteindre dès la première année un taux de 100 % », auquel correspond la somme évoquée, justifie l’Assurance maladie. Pour les syndicats, cette dernière a tout simplement bluffé, en se munissant d’un entonnoir pour limiter l’accès au dispositif.

« Des critères trop contraignants »

« L’Assurance maladie a donné l’impression d’y aller à reculons. On se faisait peu d’illusions sur la mise en place du système », lâche Michel Caillaud, conseiller de l’UNPF. Pour preuve, il considère que le recrutement des patients placés sous AVK était trop restrictif. De plus, avoir fixé deux entretiens est un obstacle supplémentaire à la réussite de cet accompagnement.

Pour Philippe Gaertner, le refus de l’Assurance maladie d’intégrer au dispositif les anticoagulants oraux directs (AOD) était en réalité d’ordre économique, et non au prétexte que ces médicaments ne faisaient pas l’objet de recommandations par les autorités sanitaires. « C’est le cas désormais, il faut donc les y intégrer », tranche le président de la FSPF.

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A la tête de l’USPO, Gilles Bonnefond s’interroge: « L’Assurance maladie ne fait-elle pas semblant d’y croire ? », alors que pour lui aussi « les critères de sélection des patients éligibles ont été trop contraignants ».

Un taux de suivi par INR amélioré de près de 8 %

En outre, le retard de paiement des entretiens, pour des raisons techniques, a été considéré sur le terrain comme une « rupture de l’engagement conventionnel » qui a plombé la fin de l’année 2014, selon Philippe Gaertner. La CNAM indique qu’une relance est en cours par courrier auprès des patients concernés…

Pourtant, l’enquête de satisfaction réalisée par AplusA pour le compte de l’Assurance maladie montre des résultats plus qu’encourageants (voir ci-contre). Et le taux de suivi par INR serait d’ores et déjà amélioré de près de 8 % grâce aux entretiens pharmaceutiques.