Endométriose : les officines tissent une réponse au retard de diagnostic

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Endométriose : les officines tissent une réponse au retard de diagnostic

Publié le 13 juillet 2025
Par Audrey Fréel
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Pour améliorer la détection précoce de l’endométriose, le réseau EndoAct France mobilise les pharmacies autour d’un protocole simple et efficace. Environ 200 d’entre elles participent à cette initiative.

Cette maladie gynécologique chronique touche 10 à 15 % des femmes en France. Pourtant, l’endométriose accuse un retard de diagnostic estimé à dix ans en moyenne. Face à ce constat, Lore-Anne Viénot-Trillou, titulaire de la pharmacie du Point du jour à Lyon (Rhône) et membre du groupement régional Hello Pharmacie, a créé, en 2020, le réseau EndoAct France. Son but ? Former les officinaux afin de mieux repérer, orienter et accompagner les femmes susceptibles d’être atteintes d’endométriose. « L’idée était de fédérer les officines autour de cette maladie et de mettre en place une formation spécifique », précise-t-elle. Désormais, plus de 200 pharmacies participent au dispositif en France. Lorsqu’une femme en âge de procréer se présente dans l’une de ces officines avec des signes évocateurs de la maladie (notamment des douleurs menstruelles), l’équipe lui propose un questionnaire de dépistage rapide. D’une durée de 2 minutes, il sert à évaluer l’intensité des douleurs et la présence de symptômes associés. « Nous les réalisons depuis quelques mois dans notre pharmacie. Cela permet d’ouvrir le dialogue, sans bouleverser l’organisation de l’officine car l’échange est rapide et mené au comptoir », témoigne Rachida Radjabaly, titulaire de la pharmacie Radja à Paris et membre du réseau.

Vers une prise en charge coordonnée

Quand le score atteint 3 ou 4 sur 4, la personne est orientée vers un professionnel de santé de premier recours : médecin généraliste, gynécologue ou sage-femme. Ils sont informés en amont de la mise en place du dispositif EndoAct France par un courrier informatif. La patiente repart avec une fiche à remettre à son médecin pour enclencher un suivi approfondi et des examens d’imagerie : échographie endovaginale en première intention, imagerie par résonance magnétique (IRM) en seconde intention. Certaines officines vont encore plus loin et nouent des collaborations avec des établissements de santé. À Grenoble (Isère), la pharmacie des Arts a, par exemple, établi un partenariat avec la clinique privée Belledonne, qui se trouve dans une commune limitrophe, Saint-Martin-d’Hères, et dispose d’un centre spécialisé dans l’endométriose. « Lorsque nous repérons une patiente, nous transmettons ses coordonnées au centre, qui la contacte ensuite pour lui proposer un rendez-vous », explique Élodie Martin, préparatrice, en charge de l’animation autour de l’endométriose au sein de l’officine.

Des résultats encourageants

Une expérimentation pilote, menée entre septembre et décembre 2024 auprès de 18 pharmacies du réseau, a permis de mesurer l’impact du dispositif. Résultat : 109 patientes ont été repérées, soit une moyenne de six femmes par mois et par pharmacie. « Dans mon officine, nous en avons identifié 30. Toutes ont consulté un professionnel de santé et 92 % ont passé un examen d’imagerie. Finalement, un tiers d’entre elles ont reçu un diagnostic d’endométriose », rapporte Lore-Anne Viénot-Trillou. En mettant à profit leur proximité et leur rôle de premier contact, les pharmacies deviennent des acteurs clés dans le diagnostic de cette maladie et l’orientation vers un parcours de soins adapté.

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