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© Les bilans partagés de médication vont être relancés en 2020 - DR
Bilans de médication : un nouvel élan en 2020
Près de deux ans après leur lancement, seulement 10 % des officines ont réalisé des bilans partagés de médication (BPM). « C’est très en deçà de nos attentes et, à ce stade, décevant », a réitéré Nicolas Revel, directeur général de l’Assurance maladie, lors du 3e congrès Spot Pharma, organisé par la Société francophone des sciences pharmaceutiques officinales (SFSPO) les 7 et 8 décembre à Paris.
Pour embarquer un maximum de pharmaciens, les BPM vont subir des évolutions dès l’année prochaine. Par l’avenant n°19 à la convention nationale pharmaceutique signé le 19 novembre, ce seront désormais les personnes âgées de plus de 65 ans et recevant au moins 5 principes actifs au long cours qui y seront éligibles. De plus, indique Nicolas Revel, ces bilans pourront être sans réserve réalisés en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Par ailleurs, rappelle-t-il, ils seront facturés et rémunérés au fil de l’eau, quasiment en temps réel, dans le courant du premier semestre 2020. « Si c’est un élément qui peut lever des blocages psychologiques, mettons-le en place ! » L’Assurance maladie pourra lancer une communication auprès des patients dès lors que l’engagement des pharmaciens sera significatif.
Sur le terrain, avec une trentaine de BPM à son actif, Arthur Dauphin relève que les patients « abordent très facilement et avec une honnêteté déconcertante » leur manque d’observance. Ce pharmacien titulaire et membre de la SFSPO y a préparé son équipe, qui doit saisir le bon moment pour recruter les patients : prescriptions nouvelles, ressenti d’une lassitude dans la prise des médicaments, etc. « Les patients ne comprenaient pas toujours ce qu’on leur proposait. J’ai créé un flyer qui indique les objectifs, le fait que ce soit pris en charge et que nous nous rendons disponibles pour eux.» Vu du côté du prescripteur, le BPM n’est « pas une critique de l’ordonnance, il ne consiste pas à dire au médecin ce qui ne convient pas. Car nous nous efforçons de considérer le patient dans sa globalité, sans focaliser uniquement sur ses ordonnances ».
Il n’empêche, la réticence de certains médecins est citée comme un des freins au déploiement des BPM. Mais cela devrait évoluer. A la tête de la Société française de médecine générale (SFMG), Philippe Boisnault estime que les pharmaciens disposent de nombreuses informations non détenues par les médecins, notamment sur le suivi du traitement. « Ceux-ci doivent aussi accepter qu’un autre professionnel de santé revoit leurs ordonnances. C’est bénéfique. Mais cela ne pourra se faire que de manière constructive, en communiquant directement et surtout pas par patient interposé. » De plus, selon le Dr Boisnault, « le travail réalisé par les officinaux doit tenir compte de celui qui a été réalisé en amont par le médecin. Sinon il y aura des orientations différentes préjudiciables au patient. Dans la décision de lancer un bilan de médication, il faudrait une collaboration car le pharmacien n’a pas les informations dont nous disposons et ne savent pas forcément quelles sont nos priorités thérapeutiques. » Les projets territoriaux interprofessionnels devraient contribuer à cette coordination.
Sans possibilité de communiquer, point de réelle coordination entre professionnels. « Mais la coordination, cela n’est pas échanger des informations », considère François Versini, fondateur de la société Keenturtle, spécialisée dans l’intelligence artificielle (IA) en santé. L’IA sera un appui du lien interprofessionnel, et notamment dans le cadre des BPM. « A travers le logiciel de l’officine, elle fera le tri entre les informations qui seront utiles aux professionnels. Sans quoi toutes ces informations resteront inexploitées, comme autant de photos de vacances stockées dans un ordinateur.»
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