Menton, la tête haute face au dépistage du VIH

© iStock

Menton, la tête haute face au dépistage du VIH

Réservé aux abonnés
Publié le 24 août 2025
Par Matthieu Vandendriessche
Mettre en favori

Depuis près d’un an, six officines des Alpes-Maritimes expérimentent un dépistage du virus de l’immunodéficience humaine au moyen d’un Trod dans le cadre d’un protocole local de coopération. Ce dispositif est en cours d’élargissement.

Six pharmacies du territoire de Menton, dans les Alpes-Maritimes, se sont lancées fin 2024 dans le dépistage du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) au moyen d’un test rapide d’orientation diagnostique (Trod). À l’origine de cette initiative, le comité régional de la lutte contre le VIH et les IST (Corevih Paca-Est) et la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Riviera française, qui couvre les communes de Menton, Roquebrune-Cap-Martin et Cap-d’Ail *. Ce dispositif doit être élargi à au moins quatre nouvelles officines à partir de septembre. Et il est en cours de mise en application dans le cadre d’une structure d’exercice coordonné à Marseille (Bouches-du-Rhône), indique Cyril Colombani, vice-président de la CPTS et pharmacien titulaire participant à cette action de dépistage. Lui-même a réalisé une trentaine d’entretiens dont il estime la durée à une vingtaine de minutes en moyenne. Le pharmacien reçoit 12,50 € pour chaque prise en charge sur fonds propres de la CPTS. Les tests sont fournis gracieusement par le laboratoire AAZ-LMB. Des médecins spécialisés en infectiologie attachés au Corevih Paca-Est déléguent cette tâche aux pharmaciens.

L’arbre décisionnel

Près d’un an plus tard, les habitants de cette zone frontalière avec l’Italie sont davantage informés sur le dépistage du VIH en pharmacie. « Nous recevons des demandes spontanées, et notre démarche auprès des patients ne se limite pas aux personnes à risque tels que les touristes et les migrants », précise Cyril Colombani. Une femme qui viendrait chercher une pilule du lendemain ou un homme au comptoir pour des préservatifs ou présentant une prescription de sildénafil se voient proposer ce dépistage. « Deux de mes salariés sont désormais convaincus de se joindre à moi pour réaliser cet entretien », précise le titulaire. Pour les personnes éligibles, le Trod VIH est réalisé dans l’espace de confidentialité de l’officine, de manière anonyme, sans besoin de prescription ni d’avance de frais. Il est essentiel pour le pharmacien délégué de s’approprier l’arbre décisionnel et ses critères d’exclusion. Ces derniers sont notamment une altération de l’état général, une infection au VIH connue, un traitement postexposition au virus ou une prophylaxie préexposition (PrEP) en cours. En cas de refus de participer au protocole, d’inéligibilité ou de critère d’exclusion, l’usager peut être orienté vers une consultation médicale. Afin de favoriser leur implication, les officinaux reçoivent une formation théorique et une autre pratique.

Maîtriser l’entretien d’annonce

Après la formation, la conduite d’un entretien de santé sexuelle est maîtrisée, de même que celle d’un entretien d’annonce, en particulier dans sa dimension psychologique : le pharmacien aborde le rendu quel que soit le résultat. Un jeu de rôle est organisé, à la fois du point de vue de l’usager et du professionnel, pour simuler la réalisation du Trod, l’annonce d’un résultat positif et la conduite à tenir. Ce résultat est concermé par une prise de sang dans un laboratoire de biologie médicale et la personne contaminée doit prendre contact avec le Corevih Paca-Est.

* Avec l’association et le projet du même nom « Objectif Sida Zéro, Nice et les Alpes-Maritimes s’engagent ! ».

Publicité