L’AUTOTEST, CET OBJET OFFICINAL CLAIREMENT IDENTIFIÉ

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Publié le 26 juin 2021
Par Matthieu Vandendriessche
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LES AUTORITÉS SANITAIRES ONT FAIT LE CHOIX DE RÉSERVER LA DISTRIBUTION DES AUTOTESTS DE DÉPISTAGE DU COVID-19 AU RÉSEAU OFFICINAL. CAR CES DISPOSITIFS MÉDICAUX NE DOIVENT PAS ÊTRE CONSIDÉRÉS COMME DES PRODUITS DE CONSOMMATION COURANTE. DES PRÉCAUTIONS S’IMPOSENT.

Depuis leur mise à disposition mi-avril, les ventes d’autotests antigéniques du Covid-19 sont en progression constante. Environ 1,8 million de tests ont ainsi été achetés au cours des cinq premières semaines de commercialisation. Un sondage* mené à l’initiative de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) indique que près de la moitié des officinaux sont régulièrement confrontés à une utilisation non conforme des kits. Et plus de 9 répondants sur 10 en refusent la dispensation dans ce cas. Les résultats du sondage ont été transmis au ministère des Solidarités et de la Santé. Ils viendront certainement le conforter dans sa décision controversée de réserver la disponibilité de ces autotests au réseau officinal. « Dans la stratégie de dépistage, ils interviennent en complémentarité avec les tests antigéniques nasopharyngés et les tests PCR », justifie l’USPO. Il s’en est pourtant fallu de peu pour qu’ils ne trônent sur les rayons des grandes surfaces.

Un précédent en 2014 a vu les tests de grossesse et d’ovulation quitter le monopole pharmaceutique avec cette fois l’argument du coût pour l’utilisatrice, mais aussi celui de la confidentialité et de l’anonymat. A l’officine, les tests de grossesse peuvent être disponibles en accès direct. C’est-à-dire être disposés dans un espace clairement identifié et situé à proximité immédiate des postes de dispensation. Ce qui n’est pas le cas des autotests en général. Ils ne doivent pas être directement accessibles au public. Et leur vente sur le site internet de l’officine n’est pas autorisée à ce jour.

Une utilisation adaptée à la situation

Les autotests ne sont pas des produits de consommation courante. Ils sont mentionnés dans le Code de la santé publique comme étant des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro (DMDIV) que le patient réalise lui-même pour obtenir une réponse sur son état de santé ou contrôler l’évolution d’une pathologie. A noter qu’il n’existe pas de texte définissant la responsabilité associée à l’utilisation de ces tests, notamment en cas d’erreur ou d’utilisation inadéquate. « Le patient est par défaut seul responsable des résultats obtenus et de l’usage qu’il en fait », assure l’Académie nationale de pharmacie dans son rapport « Autotests -Trod : rôle du pharmacien d’officine », publié en décembre 2017. Elle indique aussi que, pour sa part, le pharmacien doit considérer les recommandations publiées en matière de fiabilité clinique des autotests. Avant tout référencement, il vérifie auprès du fabricant que ses produits sont des DMDIV et qu’ils disposent d’un certificat de conformité avec marquage CE. Et les précautions ne s’arrêtent pas là. « Le pharmacien s’assure que l’autotest est adapté à la situation, informe sur les conditions d’utilisation et la conduite à tenir selon le résultat. Il accompagne la dispensation par un dialogue et oriente, si besoin, vers un professionnel de santé adapté », rappelle l’Ordre des pharmaciens. Après utilisation de l’autotest, le patient se retrouve seul face à une interprétation relative à un diagnostic. Loin, très loin, du rayon de supermarché.

* Totalisant les réponses de 2 601 pharmaciens entre le 30 avril et le 5 mai 2021.

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S’AUTOTESTER POUR QUOI ?

Les principaux autotests disponibles sont :

– l’autotest de dépistage du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ;

– les bandelettes réactives de mesure de la glycémie ;

– l’autotest de mesure du taux de cholestérol ;

– l’autotest de mesure de la concentration sanguine en ferritine ;

– l’autotest de détection de marqueurs d’une réaction allergique (allergie alimentaire ou respiratoire) ;

– l’autotest de grossesse ;

– l’autotest d’ovulation ;

– les bandelettes réactives urinaires : protéinurie, corps cétoniques, etc. ;

– l’autotest vaginal de détection des infections vaginales courantes.

– l’autotest gluten.