La canneberge

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Publié le 25 mai 2024
Par Nathalie Belin
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Traditionnellement utilisée dans divers usages médicinaux par les Amérindiens, notamment lors de troubles urinaires ou digestifs et en traitement des blessures, la canneberge à gros fruit est désormais essentiellement proposée en prévention des infections urinaires chez la femme.

 

Description

Principaux constituants

Mécanisme d’action

Les proanthocyanidines (PAC) de la canneberge, en particulier de type A, sont impliquées dans l’effet antiadhésion dirigé contre des bactéries Escherichia coli porteuses de fimbriae de type P, appelés également adhésines, qui sont des sortes de prolongements à l’extrémité des pili (filaments protéiques situés sur la paroi bactérienne). Ces fimbriae permettent à la bactérie de se lier à des récepteurs à la surface des cellules uroépithéliales et de coloniser par ce biais les voies urinaires et la vessie.

La canneberge est ainsi traditionnellement utilisée en prévention des cystites et pour soulager les symptômes légers tels que les brûlures et les mictions fréquentes.

En 2014, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a estimé que les données cliniques étaient insuffisantes pour conclure que la consommation de canneberge ou de produits en contenant avait un effet préventif sur les infections urinaires.

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Une nouvelle métaanalyse Cochrane (portant sur 50 études randomisées qui ont inclus plus de 8 000 personnes) a récemment conclu que les produits à base de canneberge (jus ou compléments alimentaires) semblent effectivement réduire les risques d’infections urinaires chez les femmes qui souffrent d’infections récurrentes, chez les enfants et les personnes susceptibles de présenter des infections urinaires à la suite d’interventions médicales. Dans cette analyse, la canneberge n’avait pas d’efficacité dans d’autres groupes de population, dont les femmes enceintes et les personnes présentant des problèmes de vidange de la vessie.

Selon une autre analyse Cochrane récente, il n’existe pas, en revanche, de données probantes de bonne qualité sur l’efficacité de la canneberge dans le traitement des infections urinaires.


Posologie

Usage recommandé à partir de 18 ans.

En prévention des cystites chez les femmes : apport de 36 mg de PAC A par jour sous forme d’extraits (compléments alimentaires) ou de 300 ml par jour environ de jus de canneberge.

Augmenter l’apport journalier à 72 mg de PAC A amplifie et prolonge l’effet antiadhésion (ce qui explique ce dosage proposé dans certains compléments alimentaires). Une étude suggère 2 prises par jour car l’effet antiadhésion diminue au bout de 12 heures.


Effets indésirables

Ce sont essentiellement des troubles digestifs, doses-dépendants.


Précautions d’emploi

Des données suggèrent que la canneberge pourrait augmenter l’élimination urinaire d’oxalates de calcium faisant déconseiller son utilisation prolongée chez les femmes sujettes aux lithiases rénales.

L’usage de la canneberge n’est pas approprié chez l’homme et la femme enceinte ni devant tout signe d’infection urinaire haute (pyélonéphrite) : fièvre, frissons, douleurs lombaires.


Interactions médicamenteuses

Possibles interactions avec la warfarine, dont l’effet pourrait être potentialisé par la canneberge, et le tacrolimus, dont les taux sériques sont susceptibles de diminuer.

Fiche technique


Nom latin : Vaccinium macrocarpon Aiton.

Famille : Ericaceae.

Partie utilisée : baies.

Monographie de contrôle : monographie américaine.

Principales propriétés :

– antioxydante.

– antiadhésion de certaines bactéries.

Principales indications :

Principalement utilisée en prévention des cystites.

  • Sources : Du bon usage des plantes qui soignent, Jacques Fleurentin, Editions Ouest-France, 2013 ; avis de l’Anses, saisine n° 2010-SA-0214 ; « Cystites récidivantes : des moyens de prévention non médicamenteux », Progrès en urologie, 2017 ; « European Union herbal monograph on Vaccinium macrocarpon Aiton, fructus », Agence européenne des médicaments, 2022 ; « Canneberge et infections urinaires », Anses, 2014 ; « Cranberries for preventing urinary tract infections », G. Williams, D. Hahn, J. H. Stephens et coll., Cochrane, novembre 2023 ; « Cranberries for treating urinary tract infections », R. G. Jepson, Lara Mihaljevic, Jonathan C. Craig, Cochrane, décembre 2023 ; « Reduction of bacteriuria and pyuria after ingestion of cranberry juice », J. Avorn, M. Monane, J. H. Gurwitz et coll., Journal of the American Medical Association, 9 mars 1994.