Se protéger des moustiques : les conseils au comptoir

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Se protéger des moustiques : les conseils au comptoir

Publié le 29 juin 2025
Par Nathalie Belin

Les épidémies de dengue et de chikungunya qui sévissent actuellement dans certains départements et régions d’outre-mer incitent à un rappel des mesures efficaces pour se protéger des piqûres de moustiques… y compris en France métropolitaine.

Outre les nuisances, telles que les démangeaisons liées à leurs piqûres, les moustiques peuvent transmettre des maladies graves, principalement dans des régions tropicales et subtropicales : entre autres, le paludisme, par les moustiques du genre Anopheles, et les arboviroses (maladies dues à des arbovirus), par les moustiques du genre Aedes comme le moustique-tigre. L’implantation croissante de ce dernier dans l’Hexagone est à l’origine de cas autochtones (survenant donc chez des personnes sans contexte de voyage en zones tropicales).

Par ailleurs, les moustiques du genre Culex, communs dans l’hémisphère Nord et en France, peuvent transmettre la fièvre à virus West Nile ou du Nil occidental, en recrudescence depuis 2010 sur le pourtour méditerranéen français (39 cas autochtones en 2024), l’Italie et la Grèce étant les pays les plus touchés en Europe.

Outre la vaccination qui permet de protéger contre certaines de ces maladies et la chimioprophylaxie contre le paludisme, la prévention des piqûres de moustiques est essentielle.

Les maladies transmises par le moustique-tigre

Le moustique-tigre (Aedes albopictus) peut transmettre des virus responsables de la dengue, du chikungunya et du Zika (mais aussi de la fièvre jaune).

© Santé Publique France

Au 1er janvier 2025, le moustique-tigre est implanté dans 81 départements.

La dengue (arbovirose la plus fréquente dans le monde) est, en France, la deuxième cause de fièvre d’importation. La circulation du virus s’intensifie en Guadeloupe depuis mars 2025.

Une épidémie de chikungunya est en cours à La Réunion et à Mayotte.

Sont comptabilisés en Métropole, depuis début 2025, 1 100 cas importés de dengue et plus de 900 cas de chikungunya.

En 2024, en Métropole, ont été recensés : 4 683 cas importés de dengue, 34 cas de chikungunya, 8 cas de Zika ; 83 cas autochtones de dengue (dans le sud et le sud-est de la France) et 1 cas de chikungunya (en Île-de-France).

Source : Santé publique France.

Quelles sont les mesures de protection recommandées ?

Répulsifs cutanés et moustiquaires sont les principales protections recommandées aux personnes qui voyagent en zones à risque, auxquelles peuvent s’ajouter des mesures d’appoint. Ces moyens de prévention des piqûres de moustiques sont à choisir ou à cumuler selon le risque de transmission d’une maladie : l’emploi en particulier de répulsifs cutanés ou d’insecticides doit être fait à bon escient en priorisant les molécules efficaces et bien tolérées1 compte tenu de leur toxicité potentielle pour l’homme ou l’environnement.

Répulsifs cutanés

Les quatre molécules recommandées sont le DEET (N,N-diéthyl-m-toluamide), l’IR3535 (N-acétyl-N-butyl-β-alaninate d’éthyle), l’icaridine (appelée aussi picaridine ou KBR3023) et l’huile d’Eucalytpus citriodora hydratée cyclisée (appelée aussi PMD ou para-menthane-3,8-diol). Les produits à base de DEET et d’IR3535 disposent pour la plupart d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) biocide clarifiant leurs modalités d’utilisation et les précautions à prendre. Les répulsifs à base d’icaridine, dont l’évaluation est terminée au niveau européen, vont devoir à leur tour déposer un dossier de demande d’AMM. Le PMD est toujours en cours d’évaluation.

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En pratique, les produits les plus concentrés en répulsifs sont destinés aux zones tropicales ou à risque. Le DEET, molécule la plus anciennement employée, reste celle de référence dans ce contexte. Il est à l’origine de rares troubles neurologiques (confusion, convulsion) ou cardiovasculaires (hypotension, par exemple), surtout relevés lors d’applications trop fréquentes, étendues (notamment chez l’enfant) ou prolongées. L’IR3535 est considéré comme peu toxique. L’huile d’Eucalyptus citriodora hydratée cyclisée, obtenue à partir de l’huile essentielle d’Eucalyptus citriodora, n’est à ce jour pas recommandée avant l’âge de 3 ans1. Elle est souvent associée à des huiles essentielles qui, bien que naturelles (et souvent perçues comme dénuées de toxicité), peuvent renfermer des substances neurotoxiques2.

Moustiquaires

Elles sont recommandées plus particulièrement la nuit ou chez l’enfant qui ne marche pas encore ni ne se déplace seul. Celles imprégnées d’insecticides sont recommandées uniquement en zones de paludisme. Elles doivent être bordées sous le lit ou tomber au ras du sol et rester fermées en journée pour être efficaces.

Quels sont les moyens d’appoint ?

Imprégnation des vêtements

Des répulsifs (à base d’IR3535 notamment) formulés pour être appliqués sur les vêtements ont obtenu une AMM et conviennent chez l’enfant à partir de 1 an. Leur durée d’action est de 8 heures environ.

L’usage des insecticides (perméthrine, notamment) pour imprégner les vêtements ou les moustiquaires non préalablement imprégnées n’est plus recommandé, sauf pour certaines populations comme les militaires, en raison de risques environnementaux et pour la santé humaine. Ceux-ci concernent en particulier les femmes enceintes et les jeunes enfants, pour lesquels une suspicion élevée de troubles du neurodéveloppement est évoquée.

Autres

Moustiquaires aux ouvrants (portes, fenêtres), climatisation ou ventilateur – perturbant le vol de l’insecte – dirigés vers la personne peuvent être utiles.

Les diffuseurs électriques ou les bombes insecticides sont également des moyens de protection complémentaires nécessitant néanmoins de respecter certaines précautions : limiter leur usage à quelques heures, aérer régulièrement la pièce où ils diffusent. À éviter avant l’âge de 2 ans généralement, chez les femmes enceintes et les personnes asthmatiques.

En extérieur uniquement (en raison de leur toxicité potentielle), des serpentins fumigènes peuvent, si besoin, être utilisés.

Conseils complémentaires

Applications des répulsifs cutanés: sur la peau découverte, non lésée, en respectant les concentrations et nombres d’applications préconisées selon l’âge, et en ciblant plus spécifiquement les périodes d’activité des moustiques : nuit pour le genre Culex et les anophèles ; début et fin de journée pour le genre Aedes. Attention aux projections des sprays à proximité du visage : toutes les molécules peuvent être irritantes pour les yeux et les muqueuses ; pulvériser le spray sur les mains pour l’appliquer uniformément, laver les mains ensuite. Le DEET peut altérer les fibres textiles et les plastiques (retirer montres, lunettes avant l’application). En cas d’exposition au soleil, appliquer le répulsif 20 à 30 minutes après une crème solaire.

Port de vêtements couvrants: c’est un moyen simple de se protéger et de restreindre les zones cutanées découvertes où l’emploi d’un répulsif cutané est recommandé. Il est conseillé de les porter amples (les moustiques piquent plus difficilement au travers) et de préférence de couleur claire (des études montrent que les moustiques détectent mieux les couleurs sombres).

Mesures non recommandées: l’application d’huiles essentielles ou le port de bracelets répulsifs offrent une protection trop brève ou aléatoire.

Retour d’une zone à risque: des symptômes de dengue, de chikungunya ou de Zika (fièvre, arthralgie, myalgie, maux de tête, éruption cutanée) doivent amener à contacter un médecin (déclaration obligatoire à l’agence régionale de santé). Sans attendre la confirmation biologique, l’application de répulsifs cutanés est recommandée pour éviter toute piqûre par des moustiques-tigres autochtones et une propagation de la maladie. Sachant que ces pathologies peuvent être asymptomatiques, il est recommandé dans le contexte épidémique actuel de se protéger des moustiques durant 3 semaines au retour d’une zone d’épidémie.

1 Recommandations sanitaires aux voyageurs 2024, Haut Conseil de la santé publique, mise à jour avril 2025.

2 « Huiles essentielles : risques et précautions », Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, décembre 2024.