Ostéoporose : comment accompagner les patients au comptoir ?

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Ostéoporose : comment accompagner les patients au comptoir ?

Publié le 13 août 2025
Par Nathalie Belin et Anne-Gaëlle Harlaut
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Le pharmacien peut favoriser l’adhésion thérapeutique et promouvoir les mesures d’hygiène de vie afin de réduire les risques de fracture pour le patient. On fait le point.

D’évolution silencieuse, l’ostéoporose entraîne une réduction du capital osseux et un risque de fractures pouvant apparaitre spontanément ou à la suite d’un traumatisme minime. Les plus fréquentes concernent notamment le col du fémur, les vertèbres et le poignet. Outre l’âge et la diminution des estrogènes après la ménopause (les femmes sont 2 à 3 fois plus impactées), les facteurs de risque sont multiples : antécédents familiaux, carence en vitamine D ou calcium, tabagisme, faible indice de masse corporel (IMC < 19), immobilisation prolongée, certaines pathologies (hyperthyroïdie non traitée, polyarthrite rhumatoïde…) ou traitements (corticothérapie systémique, analogues de la GnRH…). S’y ajoutent les facteurs de risque de chute : consommation excessive d’alcool, baisse de l’acuité visuelle…

Bisphosphonates, raloxifène, tériparatide, romosozumab sont des médicaments anti- ostéoporotiques de 1ère intention dont le choix dépend du contexte, du risque fracturaire, des contre-indications…

L’accompagnement des traitements

Observance. L’adhésion aux traitements peut être difficile d’autant que la maladie est silencieuse, sa gravité sous-estimée et leurs effets non perceptibles immédiatement. Il faut donc réexpliquer l’importance d’une bonne observance pour réduire le risque de fractures et le handicap qui peut en découler.

Modalités d’administration. A rappeler plus particulièrement pour certains traitements.

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Les bisphosphonates, dont la fréquence d’administration varie selon les molécules et les dosages, se prennent à jeun 30 minutes avant le petit-déjeuner (hormis la forme gastrorésistante du risédronate) avec de l’eau du robinet ou peu minéralisée, sans s’allonger dans les 30 minutes qui suivent (risque d’œsophagites, gastrites…).

Le tériparatide s’administre en sous cutanée à l’aide de stylos multidoses permettant une injection quotidienne de 20 µg durant 28 jours. Les stylos sont conservés au réfrigérateur, sortis quelques instants avant l’administration puis remis au réfrigérateur. L’injection se fait chaque jour à peu près au même moment.

Le romosozumab (Evenity) s’administre en 2 injections sous-cutanées une fois par mois.

Effets indésirables. Un bilan buccodentaire préalable puis un suivi dentaire annuel est recommandé avant de débuter un traitement par bisphosphonate ou romosozumab. Sous raloxifène, rappeler les signes qui doivent faire suspecter un risque thromboembolique veineux (notamment rougeur, douleur de la jambe). Signaler le risque d’hypotension orthostatique en début de traitement sous tériparatide : se manifestant généralement dans les 4 heures suivant l’injection, il peut être prévenu ou corrigé en recommandant de s’allonger après l’injection.

Conseils sur l’hygiène de vie

La normalisation des apports en calcium et vitamine D est indispensable et peut nécessiter une prescription adaptée. Les apports recommandés en calcium d’1 à 1,2 g par jour peuvent être couverts par l’alimentation (au moins 3 produits laitiers par jour mais aussi légumes à feuilles vertes, fruits secs, eaux minérales riches en calcium type Hépar, Courmayeur, Contrex…). Un apport suffisant en protéines (viande, œufs, poissons…) est indispensable pour préserver le tonus musculaire.

Encourager l’arrêt du tabac qui a un effet nocif sur la densité minérale osseuse, et la pratique d’une activité physique régulière : bénéfique pour les articulations et la densité minérale osseuse (notamment les sports d’impact au sol : marche, course, tennis, danse…), elle favorise également l’équilibre et le maintien de la masse musculaire. 

La substitution du tériparatide

  • Le tériparatide est un analogue de la partie active de la parathormone humaine (PTH) initialement commercialisé dans la spécialité Forsteo et dont il existe à la fois des médicaments génériques, obtenus par synthèse chimique (Tériparatide Biogaran, Teva…), et des biosimilaires : Livogiva et Sondelbay (disponibles en stylo prérempli multidose comme Forsteo) et Movymia et Terrosa (cartouches à utiliser avec les stylos réutilisables Movymia Pen et Terrosa Pen).
  • La substitution en primo-prescription ou en cours de traitement, au sein du groupe biologique similaire tériparatide, est effective depuis la parution de l’arrêté du 20 février 2025. En plus des conditions générales applicables à toute substitution de ce type (information du prescripteur quant au médicament dispensé, continuité de la dispensation…), le pharmacien doit accompagner l’apprentissage du nouveau dispositif via notamment la mise à disposition de dispositifs d’administration factices fournis par les laboratoires. Le patient peur revenir à la spécialité initialement délivrée si besoin.