Origine du SARS-CoV-2 : pas de réponses, mais des leçons à tirer

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Origine du SARS-CoV-2 : pas de réponses, mais des leçons à tirer

Publié le 3 avril 2025
Par Yolande Gauthier
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L’Académie nationale de médecine s’est penchée sur l’origine du virus du Covid-19. Sans trancher, elle insiste surtout sur la nécessaire sensibilisation aux risques liés à la manipulation de virus dans les laboratoires.

Cinq ans après le début d’une pandémie qui a fait des millions de morts, l’origine du SARS-CoV-2 reste toujours inconnue. Deux hypothèses s’affrontent : celle d’une zoonose d’origine naturelle transmise de la chauve-souris à l’homme via un animal intermédiaire, et celle d’un accident de laboratoire avec un virus génétiquement modifié.

Un faisceau d’arguments

L’Académie de médecine, lors d’une conférence de presse présentant son rapport sur l’origine du virus, estime que la deuxième hypothèse est « soutenue par un faisceau de faits et d’arguments ». « Le SARS-CoV-2 est un nouveau sarbécovirus qui n’a pas été identifié dans la nature et dont on ne connaît pas le virus ancestral » a souligné Christine Rouzioux, professeur de virologie à l’hôpital Necker-Enfants malades (Paris), ajoutant que des expériences de Gain de fonction (GOF) pouvaient facilement permettre d’inclure des séquences dans le génome viral et d’induire une forte affinité pour les cellules humaines. « Des accidents lors de la manipulation de SARS se sont déjà produits à Pékin et à Taïwan entre 2002 et 2004 », a rappelé le microbiologiste Patrick Berche.

La première hypothèse pâtit par ailleurs du fait qu’aucun animal intermédiaire n’a pour le moment pu être retrouvé.

Appel à responsabilisation

Quelle que soit l’opinion de chacun, les auteurs du rapport invitent les scientifiques, les politiques et le grand public à ne pas sous-estimer les risques liés aux possibilités de manipulations génétiques en virologie qui sont désormais nombreuses, facilement accessibles et de plus en plus utilisées. « Tout ne peut pas être fait », martèle Christine Rouzioux. « Il ne s’agit pas de bloquer les recherches, mais d’accepter que certaines sont trop à risque pour être développées ». Des accidents de manipulation peuvent survenir même dans des conditions exemplaires, Tous les cas devraient être déclarés, et une coordination européenne et internationale doit être une priorité. L’Académie propose une série de mesures (renforcement des moyens techniques, financiers et humains de surveillance, formation spécifique des étudiants et des chercheurs à l’évaluation des risques, création d’instances éthiques et scientifiques, formations à la biosécurité et la bioprotection, incitation à la déclaration des incidents…) à mettre en place sans attendre une nouvelle épidémie. Car désormais, la question n’est plus de savoir si une prochaine pandémie peut survenir, mais quand elle va survenir. Et d’être prêt à y faire face, ce qui n’était pas le cas il y a 5 ans.

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