Aspaveli, dans l’hémoglobinurie paroxystique nocturne

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Publié le 2 septembre 2023
Par Yolande Gauthier
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Disponible à l’hôpital en accès précoce, le pecgétacoplan Aspaveli est maintenant accessible en ville pour la poursuite du traitement chronique. C’est le premier médicament autorisé en deuxième intention dans l’hémoglobinurie paroxystique nocturne, une maladie rare. Aspaveli a le statut de médicament orphelin.

 

Indications

Traitement de l’hémoglobinurie paroxystique nocturne chez les patients adultes anémiques après un traitement par inhibiteur de C5 (éculizumab/Soliris ou ravulizumab/Ultomiris, à usage hospitalier) pendant au moins 3 mois.

La décision d’instaurer et d’arrêter le traitement est prise après une réunion de concertation pluridisciplinaire au sein d’un centre de référence ou de compétence dans la prise en charge de la pathologie.

La prise en charge par la Sécurité sociale est réservée aux patients dont le taux d’hémoglobine est inférieur à 10,5 g/dl.

Mode d’action 

Le pegcétacoplan est une molécule symétrique composée de deux pentadécapeptides identiques attachés aux extrémités d’une molécule de polyéthylène glycol (PEG) linéaire de 40 kDa. Le pegcétacoplan se lie à la protéine C3 du complément et au fragment C3b qui résulte de son activation avec une forte affinité. Il régule ainsi en aval la production des effecteurs de l’activation du complément et, de ce fait, contrôle les mécanismes qui conduisent à l’hémolyse extravasculaire et à l’hémolyse intravasculaire.

Posologie

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Aspaveli peut être administré par un professionnel de santé, par le patient ou par son aidant. L’autoadministration et la perfusion à domicile peuvent être envisagées chez les patients qui ont bien toléré le traitement dans des centres spécialisés expérimentés.

Le pegcétacoplan est administré 2 fois par semaine, aux jours 1 et 4 de chaque semaine. La posologie est de 1 080 mg, administrés par perfusion sous-cutanée à l’aide d’une pompe à perfusion avec seringue permettant de délivrer des volumes allant jusqu’à 20 ml. La posologie peut être ajustée à 1 080 mg tous les 3 jours (jour 1, 4, 7, 10, 13…) si nécessaire.

Aspaveli doit être perfusé dans l’abdomen, la cuisse ou le haut du bras, en changeant de site de perfusion à chaque fois et en espaçant les différents sites d’au moins 7,5 cm. La durée de la perfusion est d’environ 30 minutes si deux sites sont utilisés ou 60 minutes pour un seul site.

Contre-indications

Patients qui présentent une infection non guérie due à une bactérie encapsulée, telle que Neisseria meningitidis, Streptococcus pneumoniae et Haemophilus influenzae.

Patients qui n’ont pas reçu à ce jour de vaccination contre N. meningitidis, S. pneumoniae et H. influenzae, à moins qu’ils ne reçoivent une antibioprophylaxie appropriée jusqu’à 2 semaines après la vaccination.

Hypersensibilité à l’un des composants (présence de sorbitol contre-indiquant l’emploi en cas d’intolérance héréditaire au fructose).

Grossesse et allaitement

Les femmes en âge de procréer doivent utiliser des méthodes de contraception efficaces durant le traitement et pendant au moins 8 semaines après la dernière dose.

Aspaveli n’est pas recommandé au cours de la grossesse et chez les femmes en âge de procréer qui n’utilisent pas de contraception.

Le traitement doit être interrompu pendant l’allaitement.

Effets indésirables 

Les réactions au point d’injection (érythème, prurit, gonflement, douleur ou contusion) sont très fréquentes, de même qu’une hémolyse, une infection des voies respiratoires supérieures, une diarrhée, une douleur abdominale, une céphalée, de la fatigue, une fièvre, une toux, une infection des voies urinaires, une complication de la vaccination, une sensation vertigineuse, une douleur dans les extrémités, une arthralgie, une dorsalgie et des nausées.

Interactions médicamenteuses 

Aucune étude d’interactions n’a été réalisée. Les données in vitro laissent présager un faible risque d’interactions médicamenteuses cliniques.

Surveillance particulière

Si les patients n’ont pas été vaccinés dans les 2 ans qui précèdent le début du traitement : vaccination contre N. meningitidis de types A, C, W, Y et B, S. pneumoniae et H. influenzae de type B au moins 2 semaines avant le début du traitement. Surveillance des signes précoces d’infection grave due à ces bactéries.

Suivi régulier des symptômes d’hémolyse intravasculaire, notamment par la mesure des taux de lactate déshydrogénase (LDH), et d’événement thrombotique.

Tests réguliers de la fonction rénale (accumulation possible de polyéthylène glycol dans les reins).

Conservation

A conserver au réfrigérateur entre + 2 et + 8 °C.

L’administration doit avoir lieu dans les 2 heures qui suivent la préparation de la seringue.                                       

Comment se manifeste-t-elle ? 

A quoi est-elle due ? 

Fiche technique


Pecgétacoplan 1 080 mg en solution pour perfusion incolore, flacon de 20 ml, remb. SS à 65 %.

– Boîte de 1 flacon, 3 304,52 €, AMM : 34009 302 436 5 7.

– Boîte de 8 flacons, 25 501,46 €, AMM : 34009 302 436 7 1.

Sobi : 01 85 78 03 40

Commande auprès d’Alloga : 03 22 66 44 57 ou commandes.amiens@alloga.fr

Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

 

Dites-le au patient


– Ne pas utiliser la solution si elle est trouble, de couleur jaune foncé ou si elle contient des particules.

– Laisser le flacon de solution prête à l’emploi se réchauffer à température ambiante pendant environ 30 minutes avant son utilisation.

– Eviter l’administration dans une région où la peau est sensible, rouge, indurée, ou qui présente une ecchymose, un tatouage, une cicatrice ou des vergetures.

– Administrer une dose oubliée dès que possible, puis poursuivre le traitement selon le calendrier habituel.

– Consulter rapidement un médecin en cas de symptôme d’infection grave ou d’hypersensibilité.

L’hémoglobinurie paroxystique nocturne


L’hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN), ou maladie de Marchiafava-Micheli, est une maladie rare qui toucherait environ 1 personne sur 70 000 à 80 000 habitants en Europe. L’HPN peut survenir à tout âge, mais atteint surtout les jeunes adultes, sans différence entre les hommes et les femmes.

C’est une maladie chronique qui évolue par crises et dont les facteurs déclenchants sont variables : une infection, un vaccin, une intervention chirurgicale ou encore l’administration d’antibiotiques. L’HPN peut entraîner une anémie hémolytique, des thromboses des vaisseaux de moyen et gros calibre et/ou un déficit modéré à sévère de l’hématopoïèse pouvant provoquer une pancytopénie. Les principales manifestations sont une pâleur, une fatigue et un essoufflement à l’effort dus à l’anémie, des urines foncées la nuit et le matin – voire une insuffisance rénale en raison de l’hémoglobinurie –, un ictère. Les thromboses peuvent engendrer des douleurs abdominales, une hépatomégalie, une ascite et des céphalées. Dans près de la moitié des cas, la maladie se complique en une aplasie médullaire. Le pourcentage de décès dans les 10 ans sans traitement était estimé à 25 %, les principales causes de décès étant l’insuffisance rénale et les événements thromboemboliques.

L’HPN est due à des mutations somatiques du gène PIG-A, qui code pour une protéine nécessaire à la biosynthèse du glycosylphosphatidylinositol (GPI) et est impliqué dans l’ancrage des protéines à la surface des membranes cellulaires. La mutation, qui a lieu dans une ou plusieurs cellules souches hématopoïétiques, entraîne la formation de cellules sanguines déficientes appelées « clones HPN ». Celles-ci présentent une sensibilité anormale à l’activité lytique du complément, lui-même étant normalement responsable de l’hémolyse intravasculaire et d’une activation des plaquettes et des cellules endothéliales.

L’avis de la HAS


– Service médical rendu important

– Amélioration du service médical rendu modérée (ASMR III)

– Population cible estimée à environ 260 patients

Délivrance

 

– Liste I

– Médicament soumis à prescription hospitalière

– Prescription réservée aux spécialistes en médecine interne, en hématologie ou aux médecins compétents en maladies du sang

Les deux premières administrations doivent être effectuées en milieu hospitalier

– Médicament à surveillance particulière pendant le traitement