Arthrose : comment les patients gèrent leurs douleurs ?

© Getty Images

Arthrose : comment les patients gèrent leurs douleurs ?

Publié le 12 juin 2025
Par Alexandra Blanc
Mettre en favori
Selon une enquête menée auprès de personnes souffrant d’arthrose, la douleur affecte profondément le sommeil, le moral et la qualité de vie. Les approches non médicamenteuses apparaissent utiles, bien qu'encore sous-utilisées. Afin d’améliorer la prise en charge, l’Inserm s’investit dans la recherche.

Réalisée entre avril et mai 2024 par 17 associations de patients, avec l’appui de l’Inserm, de la fondation Arthritis et de la Société française de rhumatologie, une enquête menée auprès de 2 100 personnes souffrant d’arthrose a été lancée. Elle a pour objectif d’identifier les mesures mises en place par les patients pour gérer leurs douleurs par les patients.

Une douleur jugée permanente par deux tiers des patients

L’enquête révèle que 90 % des répondants estiment que leurs douleurs perturbent leur sommeil et leur moral.

Deux tiers les qualifient de « permanentes », présentes jour et nuit. Le stress, les changements météorologiques, la fatigue et l’immobilité sont les principaux facteurs déclenchants.

Des traitements médicamenteux largement utilisés mais jugés peu efficaces

Plus de 80 % des participants ont recours aux médicaments, avec en tête le paracétamol (94 %) et les AINS (62 %). Néanmoins, l’efficacité perçue reste faible : 40 % jugent le paracétamol inefficace. Par ailleurs, les effets indésirables des médicaments conduisent plus de la moitié des patients à ne pas les prendre, même quand ils les jugent efficaces.

Publicité

Une dizaine d’autres traitements sont également cités pour soulager les douleurs, dont les opioïdes et les antidépresseurs.

Un intérêt confirmé pour les approches non médicamenteuses

Les séances de kinésithérapie, suivies par deux tiers des personnes interrogées, ont été jugées utiles par 75 % d’entre elles. La psychothérapie, testée par un tiers des répondants, est également appréciée, notamment les thérapies cognitivo-comportementales (TCC). L’éducation thérapeutique du patient (ETP) reste marginale mais bien perçue.

Enfin, près de 60 % ont recours à des approches complémentaires comme l’hypnose ou la méditation. « Les séances de “psy” et d’ateliers d’ETP gagneraient sûrement à être mieux connues : plus souvent proposées, et mieux acceptées de la part des patients », commente Francis Berenbaum, clinicien et chercheur dans une unité Inserm et en charge du service de rhumatologie de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP) à Paris.

Faire avancer la recherche sur l’arthrose

Malgré sa fréquence, l’arthrose ne bénéficie encore d’aucun traitement capable d’enrayer son évolution. Les échecs thérapeutiques s’expliquent en partie par l’hétérogénéité des formes de la maladie. L’identification de phénotypes spécifiques, appuyée par des marqueurs biologiques encore en développement, est un enjeu majeur.

L’Inserm mène activement ces travaux via le réseau « ROAD to 2030 » qui fédère une communauté scientifique engagée pour mieux comprendre et soigner les maladies ostéoarticulaires.