Un long taf

On s’en doutait depuis septembre. La mesure concernant un accès plus facile aux substituts nicotiniques remboursés sans ordonnance auprès du pharmacien figure bel et bien dans le plan tabac 2023-2025, présenté par le gouvernement le 28 novembre. Ce dispositif sera dans un premier temps testé sous forme d’expérimentation. Le repérage systématique du tabagisme est également recommandé dans le cadre des bilans de prévention que pourront proposer les pharmaciens dès 2024. La fenêtre de tir serait-elle enfin bonne ? Que d’années écoulées avant d’aboutir à une telle évidence. Pour rappel, une expérimentation du remboursement des substituts nicotiniques délivrés par le pharmacien sans ordonnance avait été votée dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2022. Celle-ci devait se dérouler dans trois régions durant deux ans, mais les textes d’application n’ont jamais paru au Journal officiel. En 2019, le sujet du sevrage tabagique avait également été abordé à travers la mise en place d’entretiens spécifiques. « Nous avons toujours marqué une limite à la question de savoir si celui qui dispense peut prescrire », déclarait Nicolas Revel, alors directeur général de la Cnam. Des pharmaciens « juges et parties » en conseillant des substituts nicotiniques et en les vendant, voilà la crainte. A l’Assemblée nationale, un député avait même dit que les pharmaciens allaient s’autoprescrire, mais il s’agissait déjà là d’un axe de prévention. Deux ans plus tôt, une expérimentation menée par l’URPS pharmaciens de la région Paca dans le cadre du « Mois sans tabac » avait démontré que 46,8 % des fumeurs suivis par les pharmaciens volontaires (rémunérés 50 € par patient) avaient complètement arrêté de fumer au bout d’un mois et 79,2 % avaient réduit le nombre de cigarettes. Une preuve de la pertinence de la posture motivationnelle et de la valeur ajoutée du pharmacien d’officine dans le sevrage tabagique. Les plus optimistes diront aujourd’hui qu’il n’y a pas de fumée sans feu.