Sommes-nous égaux devant la grippe ?

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Publié le 16 novembre 2013
Par Yolande Gauthier
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Probablement non. Lors d’une infection grippale, l’organisme réagit en produisant de grandes quantités de médiateurs immunitaires, les cytokines. Durant cet « ouragan de cytokines », les cellules résistent plus ou moins bien à l’envahissement des virus grippaux. Plusieurs études, publiées en 2012 et 2013, montrent que la susceptibilité cellulaire vis-à-vis des virus grippaux est influencée par des particularités génétiques. Il existe notamment un gène capable de coder la protéine cellulaire IFITM3 (InterFeron-Inductible TransMembrane protein 3) qui permet à la cellule d’empêcher son infection par les virus de la grippe. Chez l’homme, ce gène peut se présenter sous trois formes différentes baptisées CC, TT ou CT.

Deux études menées l’une en Asie et l’autre en Europe montrent que les cas de grippe très sévère sont beaucoup plus fréquents chez les malades ayant une prédominance du génotype CC. Ce gène CC apporte donc une protection bien moindre que le TT ou le CT. En Europe, plus de 90 % des personnes ont un génotype TT alors qu’en Asie, il n’y en a que 25 %; 50 % ont un génotype CT et 25 % ont le génotype « fragilisant » CC. Cette différence de répartition génétique explique probablement en partie la fréquence des formes sévères de grippe plus élevée au Japon et en Chine qu’en Europe.

Par ailleurs, l’influence du génome sur la gravité de la maladie complexifie encore l’évaluation des effets d’une épidémie de grippe dans une population.

Ces différences génétiques expliquent en partie nos inégalités devant la grippe.

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Everitt AR, et al, IFITM3 restricts the morbidity and mortality associated with influenza. Nature. 2012 ; 484 : 519-23.Zhang YH, et al, Interferon-induced transmembrane protein-3 genetic variant rs12252-C is associated with severe influenza in Chinese individuals. Nat Commun. 2013 ; 4 : 1418.