« J’interviens auprès de jeunes primodélinquants »

Réservé aux abonnés
Publié le 21 avril 2017
Par Myriem Lahidely
Mettre en favori

Dans sa pharmacie d’Albi, Bernard Champanet, président du syndicat des pharmaciens du Tarn s’investit dans des actions de prévention autour de la sécurité routière. Début 2017, la Direction départementale de la sécurité routière l’a d’ailleurs sollicité pour participer à une journée destinée à de jeunes primodélinquants. Feuille de route.

Je suis sensible au sujet de la sécurité routière parce qu’il touche tout le monde. Il y est question là aussi, de santé publique. Dans le Tarn, nous nous sommes ainsi engagés dans des actions comme « Avec les médicaments, soyez vigilants », « Zen la route », « Ethylotest à 20 cts » ou le jeu concours « Crée ton affiche sécurité routière », destiné aux 15–25 ans. Ces rendez-vous sont l’occasion de sensibiliser sur l’usage des médicaments et de la drogue au volant. On parle souvent des morts sur la route, alors qu’il y a également des blessés, des handicapés, des hémiplégiques… Et il y a ce constat que de plus en plus d’accidents, chez les jeunes, sont liés à la vitesse ou à une prise de risque sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants.

Début 2017, la Direction départementale de la sécurité routière a demandé au pharmacien que je suis de participer à une journée « Mesures de réparation », à destination de jeunes primodélinquants. Le module mis en place il y a trois ans a été élaboré par ce service, à la demande de la direction de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Il s’adresse à un public âgé de 18 à 25 ans et à des mineurs de 16 ans, relevant de la PJJ pour des infractions telles que la conduite sans permis, ou sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants, l’excès de vitesse avec des victimes… Cette session, qui a lieu trois ou quatre fois par an, est proposée comme alternative à la sanction du TIG (Travail d’intérêt général). J’intervenais pour les amener à une réflexion sur l’usage de l’alcool, du cannabis et des drogues, sur leur danger, pour eux et pour les autres. Les aider à prendre conscience des conséquences de leurs comportements, les aider à grandir dans leur tête, sans leur faire la morale. Ça, c’est le plus difficile.

En tant que professionnel de santé doué d’une expertise sur les médicaments, je me suis impliqué très tôt sur les médicaments détournés de leurs usages, qui peuvent devenir des poisons. On est venu me chercher parce qu’un pharmacien peut aborder tous ces sujets et parce que j’ai l’habitude de parler à des jeunes. La séance qui s’est déroulée avec un petit groupe a permis un vrai dialogue. J’interviens déjà dans des lycées, pour informer sur ces thèmes, et à l’hôpital d’Albi où l’on m’a confié des vacations « cannabis », ou au tribunal où, à la demande du procureur, j’interviens comme assesseur sur les questions de toxicomanie.

Je peux parler de cas concrets, leur lire des lettres que des jeunes confrontés eux aussi à la consommation de drogues, à leur solitude face à cela, m’ont adressées, et leur demander ce qu’ils en pensent. Mon intervention les a touchés car je leur ai parlé de personnes de leur âge. La discussion leur a paru plus riche qu’une simple intervention des forces de l’ordre, et on me propose de renouveler l’expérience. Je suis convaincu depuis longtemps que le pharmacien peut aller vers le grand public diffuser son savoir, en dehors de son comptoir. 

Publicité

BIO EXPRESS


•  1972 : Diplômé de la faculté de Toulouse (Haute-Garonne).

•  1976 : Première installation à Albi (Tarn).

•  1999 : Premières actions à l’officine sur la sécurité au volant.

•  2000 : Interventions au tribunal pour enfants d’Albi.

•  2017 : Interventions « Mesures de réparation ».