Hémorroïdes : quelle prise en charge au comptoir ?

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Hémorroïdes : quelle prise en charge au comptoir ?

Publié le 7 août 2025
Par Nathalie Belin et Anne-Gaëlle Harlaut
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Courants mais pas toujours anodins, les hémorroïdes sont l'objet d'une demande régulière en pharmacie. En plus des mesures hygiéno-diététiques, des traitements peuvent être proposés par voie locale ou orale.

La maladie hémorroïdaire fait intervenir des facteurs vasculaires et une hyperlaxité des tissus conjonctifs responsables des symptômes : tuméfaction, douleur, prurit, rectorragies, prolapsus. Non spécifiques, ces derniers doivent faire l’objet d’un examen médical pour éliminer d’autres causes (maladies inflammatoires, cancer colorectal, fissure anale…), notamment en cas de première crise et après 50 ans.

La prise en charge

Le traitement des hémorroïdes, médical en première intention, associe le plus souvent aux règles hygiéno-diététiques des topiques et phlébotropes. Si ces mesures ne suffisent pas ou en cas de forte douleur (signe de thrombose), il faut consulter.

Réguler le transit

Facteur de risque et d’aggravation de la maladie, les troubles du transit doivent être pris en charge pendant et après la crise car ils constituent la seule mesure préventive ayant une efficacité démontrée.

En cas de constipation, maintenir des apports hydriques et en fibres alimentaires suffisants et, si besoin, proposer un laxatif doux : de lest (psyllium, ispaghul… : Spagulax, Psylia, Parapsylium…) ou osmotique (TransipegLib, Forlib…).

Irritantes, des selles diarrhéiques nécessitent d’adopter une alimentation plus pauvre en certaines fibres, mal tolérées, ou en graisses. Si besoin, recommander un antidiarrhéique ponctuellement : adsorbant intestinal (Smectalia, Benegast Dimexanol…), racécadotril (Tiorfast, Diarfix…) ou lopéramide (ImodiumLingual, Indiaril, Diastrolib…).

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Soulager

Les topiques en crème, pommade, gel ou suppositoire renferment des lubrifiants pour faciliter l’exonération des selles et généralement des agents à visée anti-inflammatoire, phlébotrope et cicatrisante : Titanoréine, Emoflon, Circulymphe Complexe H, Cicatridine, Néo-Fitoroïd, Avenoc, Calmorrhoïde, Aginax Procto… Efficaces sur la crise, ils n’ont pas d’effets bénéfiques à long terme. Un anesthésique local peut être indiqué en cas de douleur plus vive.

En pratique : 1 à 4 applications par jour (avec un intervalle de 3 heures au moins pour les anesthésiques locaux) sans dépasser 7 jours. Appliquer directement ou avec une compresse, un doigtier ou la canule si elle est fournie.

Des antalgiques systémiques peuvent être associés ponctuellement : ibuprofène (AdvilMed, NurofenTabs, Spifen…), qui agit également sur la composante inflammatoire, ou paracétamol (DafalganCaps, DolipraneTabs, EfferalganMed…). Ne pas utiliser d’aspirine qui peut aggraver les saignements.

Les phlébotropes oraux, d’origine végétale (vigne rouge, hamamélis, marronier d’Inde, ginkgo biloba, esculosides, rutosides…) ou dérivés (diosmine, troxérutine…), ont montré un intérêt contre la douleur, le prurit, les rectorragies et le « soiling » (perte involontaire de sécrétions anales) : Cyclo 3 Fort, Daflon 1 000, Diosmine 600 conseil, Histofluine P… En compléments alimentaires : Circulymphe Complexe H, NéoFitoroïd, Superdiet Extrait Vigne rouge, Bourgeons Marronier d’Inde Vitaflor…

En pratique : au milieu du repas, d’emblée à dose forte, en cure de 7 à 21 jours maximum. L’heptaminol (dans Ginkor Fort) s’utilise avec prudence en cas d’HTA non équilibrée ou d’hyperthyroïdie. De même pour le ginkgo biloba chez les patients épileptiques ou sous anticoagulants.

Hémorroïdes : les autres bons réflexes

Aux toilettes, pour limiter les efforts de défécation, adopter une position avec les genoux surélevés sur un marche-pied. Remplacer le papier hygiénique par une toilette à l’eau. Des lingettes pré-imprégnées d’agents lavants, apaisants, voire de phlébotropes sont une alternative (Calmorrhoïde, Micro-H…).

Un lavant doux sans savon et sans parfum est préférable pour la toilette. Des formules enrichies en agent apaisant peuvent être proposées : Fitoroïd Crème lavante, Aginax Procto Huile lavante, Saforelle Soin lavant intime apaisant…

Le froid peut aider à soulager par vasoconstriction : stick de froid CryoChrono, bains froids… 

Zoom sur les anesthésiques locaux

En se fixant sur des récepteurs membranaires des fibres nerveuses, les anesthésiques locaux bloquent les canaux sodiques et ainsi, la conduction nerveuse locale. Leur action est rapide après application mais de courte durée : lidocaïne (Titanoréïne à la lidocaïne), pramocaïne (Tronothane Gel à 1 %) et benzocaïne (Sédorrhoïde Suppositoire et Crème rectale).

  • Quelles précautions ? Des réactions d’hypersensibilité sont rapportées, aggravées par un surdosage. Une utilisation prolongée au niveau de la muqueuse peut exposer à des effets systémiques notamment nerveux ou cardio-vasculaires. Leur utilisation ne doit pas dépasser 7 jours.
  • Chez la femme enceinte ? Les monographies recommandent de les éviter, faute de données. Le Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT) estime leur emploi « sûr » pour les spécialités documentées de longue date : Titanoréïne à la lidocaïne et Tronothane.