Face à la désinformation, des experts réclament un portail public national efficace

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Face à la désinformation, des experts réclament un portail public national efficace

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Publié le 30 mai 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Dans une tribune publiée dans Le Point, quatre figures de la santé publique, dont les professeurs Mathieu Molimard et Bernard Bégaud, relancent l’idée d’un portail national, public et indépendant, pour garantir à tous un accès à une information médicale fiable, lisible et opposable aux manipulations.

Plus de dix ans après leurs premiers appels, les signataires de cette tribune publiée le 26 mai dans l’hebdomadaire Le Point renouvellent une demande désormais urgente : la création d’un service public de l’information en santé, structuré, interopérable, et placé sous gouvernance indépendante.

S’ils saluent l’initiative sante.fr, portée par le ministère de la Santé, ils la jugent très insuffisante. « C’est un embryon, pas un outil à la hauteur des besoins », rappellent-ils. La crise sanitaire liée au Covid-19 a exposé de façon brutale les failles du système actuel : informations éclatées, mal référencées, difficilement compréhensibles  y compris pour les soignants eux-mêmes.

Une désinformation professionnelle et organisée

Selon eux, la désinformation est désormais industrialisée. Elle repose à la fois sur le faible niveau d’éducation en santé et sur la viralité des réseaux sociaux. A ce stade la labellisation des sites d’information fiable est un mirage : « elle concerne le contenant, pas le contenu ». Selon les auteurs, un saut structurel est nécessaire.

Un outil intelligent, interrogeable en langage courant

Ils appellent à la création d’un portail numérique intégré, doté d’une intelligence artificielle capable d’agréger, hiérarchiser et contextualiser l’information issue de sources validées : Inserm, Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé, sociétés savantes, universités, journalistes spécialisés, etc. Adossé à un comité éditorial pluraliste et à un conseil scientifique indépendant, cet outil pourrait aussi intégrer une plateforme de formation et d’éducation à la santé, à destination des professionnels comme du grand public.

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Un socle de démocratie sanitaire

Dans une perspective de moyen terme, ce portail pourrait constituer l’un des piliers d’un observatoire public de la désinformation en santé, tel que souhaité par le ministère. L’objectif est double : renforcer la résilience collective face aux crises sanitaires et restaurer la confiance dans les institutions de santé. « La France dispose d’un vivier remarquable d’acteurs compétents, de réseaux et de ressources. Ce qu’il manque, c’est une coordination, une volonté politique claire, et une gouvernance réellement indépendante », concluent-ils.

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