Plan de financement : les remises mettent à mal les prévisions

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Plan de financement : les remises mettent à mal les prévisions

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Publié le 27 septembre 2025 | modifié le 29 septembre 2025
Par Guy Tamboise
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Que l’on soit candidat à l’installation ou déjà à la tête d’une officine, le principal sujet d’attention se focalise invariablement sur les perspectives de marges. Les mesures défavorables relatives à la rémunération des génériques génèrent un climat d’incertitude rendant l’exercice prospectif délicat. Il demeure pourtant un passage obligé.

La pharmacie d’officine regorge d’opportunités et les modèles d’exercice apparaissent bien plus intéressants pour les futurs pharmaciens que par le passé. Il convient toutefois de rester pragmatique dans la formulation d’hypothèses pour l’avenir​​​​. ​​​« Les données actuelles relèvent une augmentation de la marge en valeur en 2024 et sans doute, dans une moindre mesure, en 2025, mais insuffisamment pour couvrir la hausse des charges d’exploitation (loyers, autres coûts externes et frais de personnel), de sorte que la rentabilité des officines est factuellement écornée », observe Olivier Delétoille, expert-comptable associé du cabinet AdéquA. Les débats récents autour du plafonnement des remises sur les génériques, aujourd’hui suspendu, illustrent la fragilité du cadre économique et invitent à la prudence.

Appréhender la réforme sur les génériques

Pour rappel, la marge sur les médicaments pris en charge par l’Assurance maladie comprend une composante commerciale sur les princeps et les génériques – pour lesquels la marge dégressive lissée (MDL) se matérialise elle-même par une division en différentes tranches, en fonction de leur prix de vente  – et des honoraires. En 2024, les génériques représentaient 30 % de la marge des médicaments à 2,1 % selon le panel de clients suivis par AdéquA.

L’arrêté ministériel du 4 août 2025, qui prévoyait un abaissement progressif du plafond de remises sur les génériques de 40 % à 20 % d’ici 2027, a été suspendu. Les syndicats avaient chiffré l’impact potentiel de cette réforme à 15 000 € de marge pour une pharmacie de 2,2 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit 3,5 % de la marge à 2,1 % (ou 12 % de la marge générique en valeur). Si la menace immédiate est écartée, l’épisode rappelle combien la rémunération des génériques demeure une variable d’ajustement budgétaire.

« Concernant, la deuxième partie de la réforme, incluant des baisses de prix programmées, récurrentes d’ailleurs, bien malin celui qui saura en mesurer précisément les conséquences, ajoute Laurent Cassel, associé expert-comptable d’AdéquA. Mais cette évolution ne doit pas occulter la hausse des volumes et des missions sur un marché de la santé encore porteur. »

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Les groupements et les pharmacies sur la défensive

Les annonces successives autour des génériques et leur rémunération sont incontestablement pénalisantes pour les groupements et les pharmaciens. La réaction reptilienne conduirait au repli sur soi et à compresser les coûts, notamment les frais de personnel. Stratégiquement parlant, il s’agit souvent là d’une fausse piste, car l’équipe est une ressource, non une charge. La demande des patients ne peut être satisfaite et ne peut croître sans disponibilité ni compétence.

D’autres actions, notamment opérationnelles (développement et facturation des nouvelles missions, amélioration de l’offre et de l’espace de vente et de services, optimisation de la productivité, hausse des prix sur le non-remboursable, etc.), peuvent être mises en œuvre. En parallèle, les négociations menées avec le gouvernement pour que le travail de prestation santé du pharmacien soit reconnu et rémunéré à sa juste valeur font plus que jamais sens. Enfin, en période d’inflation, le sujet de la revalorisation de la MDL et des honoraires apparaît essentiel.

Une diminution de la marge en valeur ?

Pour les business plans financiers, actualisés tous les ans a minima, il sera prudent de tabler sur une diminution de la marge en valeur sur les deux prochaines années (sauf évolution structurelle de la stratégie d’offres de l’officine et/ou des facteurs locaux de commercialité), ce qui conduirait temporairement à une baisse de la rentabilité du fait de l’augmentation mécanique des charges d’exploitation.