Financement : que faut-il penser des obligations non convertibles et crédits vendeurs ?

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Financement : que faut-il penser des obligations non convertibles et crédits vendeurs ?

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Publié le 11 juillet 2023
Par Guy Tamboise
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Des solutions alternatives au financement externe consistent à recourir aux crédits vendeurs et/ou aux obligations simples souscrites par d’autres pharmaciens, ou non, mais non convertibles en actions.

Quand les fonds d’investissement consentent des emprunts obligataires souvent convertibles en actions, cela fait courir le risque « que le titulaire soit dilué considérablement au capital », selon Thomas Crochet, avocat au cabinet Officiis. « Ce risque est difficile à mesurer à l’avance pour un néophyte de la finance, cet outil étant assez technique », ajoute Olivier Delétoille, expert-comptable du cabinet AdéquA. Par ailleurs, il faut bien le souligner, les montages proposés par des fonds « brillent souvent par leur obscurantisme, volontairement ou non ». La voie des crédits vendeurs et/ou obligations simples souscrites par d’autres pharmaciens, ou non, mais cette fois non convertibles en actions permet au vendeur prêteur d’opérer un placement rémunéré à un taux convenu à l’avance. En pratique, cette forme de crédit est remboursable « in fine », c’est-à-dire quand les emprunts bancaires traditionnels seront terminés. Voire plus tôt en fonction de la santé financière de l’officine. Avec le crédit vendeur, le vendeur accepte de financer tout ou partie de la vente. En conséquence l’acquéreur peut accéder à la propriété même avec des apports un peu justes. Il versera des intérêts annuels. La mise en œuvre de cette forme de financement est simple, les conditions (modalités de remboursement et taux intérêts) sont définies dans l’acte de vente. Pour que la banque considère le crédit vendeur comme un apport, celui-ci doit être d’une durée importante (un an ou deux seraient insuffisants). Rien de choquant à ce que le risque pris par le préteur soit rémunéré à un taux d’intérêt de 10 % l’an par exemple, avec éventuellement une partie des intérêts payables à terme pour soulager la trésorerie de l’entreprise. « C’est une voie aussi simple qu’efficace et transparente », observe Laurent Cassel, expert-comptable du cabinet AdéquA.

Le vendeur peut naturellement être tenté de proposer ces formules (crédit vendeur ou obligations non convertibles) pour masquer une survalorisation du prix de son officine. A l’inverse, des repreneurs envisagent d’acquérir au prix fort une affaire, si et seulement si une partie de celui-ci est bloquée pour boucler le business plan. Les garanties offertes au vendeur sont alors tellement peu claires qu’elles sont en fait inexistantes.

En définitive, le crédit vendeur et les obligations non convertibles permettent à des jeunes de reprendre des affaires, même très importantes, et aux vendeurs de sortir complètement de leurs affaires. Ces outils offrent également aux titulaires qui atteignent les limites de détention dans des pharmacies (cinq au maximum, directement et indirectement) de continuer à soutenir les installations et de percevoir une juste rémunération de leurs placements.

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