Pharmacie d’Occitanie : « En famille, on garde le meilleur pour notre officine »

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Pharmacie d’Occitanie : « En famille, on garde le meilleur pour notre officine »

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Publié le 17 mai 2025
Par Pierre-Yves Lerayer
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Dans le 2e arrondissement de Toulouse, la pharmacie d’Occitanie est dirigée par trois cotitulaires. Au sein de la famille Pereira, les deux époux et leur fille apportent des compétences complémentaires au service d’une officine plurispécialisée.

En se rendant au comptoir de la pharmacie d’Occitanie, à Toulouse (Haute-Garonne), difficile d’imaginer que les trois titulaires qui y travaillent partagent un lien familial. Isabelle et Fabrice Pereira, cotitulaires depuis 2007, ont accueilli leur fille Clémentine dans la gestion de l’officine depuis l’ouverture du nouveau local, dans le même quartier, en avril 2024. Sous l’enseigne D Docteurs en pharmacie, l’équipe revendique une approche fondée sur l’expertise et la complémentarité. « Le fait d’être à trois nous permet de nous déployer sur des terrains qu’on ne pouvait pas couvrir à deux », explique Isabelle Pereira. Pour cette pharmacienne installée dans le quartier depuis bientôt 30 ans, l’arrivée de sa fille au moment du transfert a permis d’aborder cette étape avec davantage de sérénité. Une analyse soutenue par son époux Fabrice, qui remarque « qu’avec le même diplôme, l’exercice officinal peut s’accomplir de façons bien différentes ». Autant donc en faire une force et trouver le meilleur équilibre pour la bonne tenue de la pharmacie, quitte à réaliser des ajustements au fil du temps. « Pour le moment, Clémentine et Isabelle sont davantage au comptoir que moi, tandis que je m’occupe du back-office, mais ça va changer. » Cette complémentarité est le fruit de trois parcours différents, réunis désormais dans une officine flambant neuve.

Profils complémentaires

La plus expérimentée du trio est sans conteste Isabelle Pereira, 61 ans, décrite par son mari comme « une officinale pure et dure ». Originaire de Toulouse, où elle a toujours vécu, elle a naturellement choisi la filière officine à la faculté de pharmacie de la ville, séduite par la richesse du métier, entre proximité humaine et rigueur scientifique. Une vocation confirmée par son quotidien : « La relation avec les patients est de plus en plus forte. Nous sommes devenus une sorte de “gare de triage”, car beaucoup se tournent vers nous en première intention. » Diplômée en 1986, elle s’associe en 1996. En 2007, sa cotitulaire de l’époque vend ses parts. Son mari, Fabrice, également âgé de 61 ans, saisit alors l’opportunité de la rejoindre, bien qu’il n’ait pas tout à fait suivi le même parcours.

Après un internat et plusieurs stages en hôpital ou en biochimie, ce Toulousain entame une carrière dans l’industrie pharmaceutique, notamment au sein du groupe Pierre Fabre. Il y restera 18 ans et gravira les échelons jusqu’à la direction d’un laboratoire de neuropsychiatrie. Un temps tenté par la création d’une structure de conseil à destination des pharmaciens d’officine, il choisit finalement de rejoindre son épouse à l’officine. « Heureusement que j’ai fait ce choix, elle est très compétente. Un industriel comme moi ne devient pas officinal du jour au lendemain », confie-t-il. Celui qui se décrit volontiers comme « le moins officinal des trois » ne demeure pas moins essentiel à l’équipe. Il mobilise aujourd’hui ses compétences acquises dans l’industrie, notamment en neuropsychiatrie ou en hygiène buccodentaire, domaine dans lequel il a également dirigé un laboratoire chez Pierre Fabre.

Nouvelle génération

Après 17 années de gestion en binôme, le couple de titulaires décide de franchir une nouvelle étape en transférant l’officine dans un local plus spacieux, situé à quelques pas de l’adresse initiale. Son ouverture est officialisée en avril 2024. À cette occasion, leur fille Clémentine, 30 ans, docteure en pharmacie elle aussi, rejoint l’aventure familiale en devenant la troisième titulaire. À l’image de sa mère, elle est résolument « officinale ». Diplômée en 2020 de la faculté de pharmacie de Toulouse, elle nourrissait depuis longtemps le projet de s’associer à ses parents. « J’aurais pu commencer à travailler avec eux en tant qu’adjointe en attendant le transfert, mais cela supposait de rester dans un fonctionnement établi, sans rien remettre en question », détaille-t-elle. Plutôt que de se précipiter, la jeune diplômée a choisi d’enrichir son expérience en multipliant les remplacements et contrats de durées variées au sein d’officines toulousaines. Une stratégie pleinement assumée : entre 2020 et 2024, elle a collaboré avec pas moins de 18 pharmacies différentes. 

Clémentine Pereira apporte, elle aussi, sa pierre à l’édifice familial. Titulaire d’un double diplôme d’orthopédiste-prothésiste, elle s’implique particulièrement dans ces missions spécifiques, ainsi que dans les sujets liés à l’allaitement, domaine dans lequel elle est la seule référente de l’équipe. Entretiens pharmaceutiques, tests, vaccinations… font aussi, bien sûr, partie du quotidien de la jeune titulaire. Son diplôme, récent, permet d’ailleurs de rafraîchir la mémoire de ses parents. « La formation continue est obligatoire, mais il y a toujours quelque chose à apprendre, souligne-t-elle. Dans 30 ans, je serai dans la même situation. En attendant, je sais ce que je sais faire et je connais aussi mes limites. »

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Rester dans le cadre professionnel

Quoi qu’il en soit, les trois titulaires s’accordent à dire que leur complémentarité professionnelle est un atout majeur, d’autant plus lorsqu’il s’agit de membres de la même famille. « L’avantage, surtout pour moi, c’est de pouvoir m’appuyer sur leur expérience », admet Clémentine Pereira. Pour son père, « le principal intérêt réside dans la proximité et la sécurité des échanges. Le mensonge n’a pas sa place ici, ce qui nous permet d’avancer sereinement. » Une confiance totale s’opère donc entre eux, mais « il faut faire attention à rester dans un cadre professionnel et à ne pas en dévier avec des conversations déplacées  », prévient-il.« Seuls des patients très récurrents ont fini par comprendre que nous formions une famille », note Clémentine Pereira. Au fond, qu’importe qu’ils fassent partie du même foyer, dès lors qu’ils sont unis au sein de la famille des pharmaciens d’officine.