Le boom discret des parfums en pharmacie : bien-être, naturalité et plaisir d’offrir

Longtemps confidentielle en pharmacie et représentée par la marque historique Roger & Gallet, toujours leader du secteur, la catégorie des parfums, eaux de toilette et autres eaux parfumées, a le vent en poupe, et affiche une croissance continue depuis trois ans.

« Depuis le déconfinement, le circuit pharmaceutique connaît une forte affluence ; cette fréquentation en hausse des points de vente profite à certains univers de produits, jusqu’alors secondaires, qui se trouvent désormais revalorisés », observe Nicolas Grélaud, directeur général d’OpenHealth Company.

L’offre ne cesse de croître en officine

« Pendant 20 ans, cette catégorie n’était pas dynamisée ; ce n’est que tout récemment que de nouveaux acteurs, dont Korres, sont arrivés avec des propositions intéressantes, propres à développer et stimuler ce rayon », ajoute Georges Bakas, directeur de Korres France. Des Parfums Berdoues à La Maison des Essences, en passant par Caudalie, Nuxe ou encore Les Petits Bains de Provence, « il commence à y avoir une vraie offre en pharmacie », abonde Christine Bonhomme, directrice marketing au sein de la société Vitry.

Le bien-être, nouvel axe de développement

En dépit de sa petite taille, ce marché a clairement trouvé sa place, à la faveur du déploiement de l’offre orientée bien-être en officine. « L’image de la pharmacie a évolué, notamment auprès des jeunes consommatrices. Elles ne s’y rendent plus seulement pour leur santé mais aussi pour leur bien-être. Cette évolution nous a incités à nous implanter en officine, en 2022, en lieu et place de la chaîne de magasins Sephora où nous étions distribués », explique Laurent Cohen, directeur de la parfumerie Corania, détentrice de la marque Solinotes, forte de 30 eaux de parfum et plus grosse contributrice à la croissance du marché (+ 74,6 %, en valeur, 2024, source fabricant). Plus largement, tous les acteurs se félicitent de leurs bons résultats. La demande est clairement au rendez-vous.

Des prix abordables pour favoriser l’achat d’impulsion

Il faut dire que les parfums vendus en officine présentent deux atouts clés. D’abord, des prix très abordables, versus ceux du circuit sélectif, bien plus élevés et en forte hausse ces dernières années : entre environ 20 et 60 € le flacon, ils favorisent l’achat d’impulsion. « Nos eaux de parfum sont proposées à un prix juste et non pas pour survendre un univers de luxe », commente Laurent Cohen.

Des parfums accessibles

Cibles prioritaires du marché, « les femmes aiment changer de parfum en fonction de leur humeur ou de la saison, ce que leur permet le réseau pharmaceutique où elles vont trouver une offre accessible et alternative à la parfumerie sélective⁄», fait remarquer Christine Bonhomme. Les trois eaux de toilette Vitry, les Eaux mémoire, « des parfums authentiques, faciles à porter, qui plaisent au plus grand nombre », se doubleront, à la rentrée prochaine, de trois nouvelles fragrances.

Fraîcheur et légèreté

« Les femmes sont à la recherche d’eaux fraîches, plus légères, moins capiteuses que celles vendues en parfumerie », indique, pour sa part, Charlotte Cartereau, responsable marketing au sein du laboratoire Florame.

Formulations

Ensuite, ces parfums affichent des formulations premium et secure, certains étant positionnés sur une plus grande naturalité, une attente de plus en plus marquée des clientes de la pharmacie. Les eaux de toilette Korres, par exemple, présentées comme des « Conscious fragrances », sont vegan, sans phtalates, sans muscs polycycliques (PCM) et utilisent un alcool 100 % naturel. Relancées en 2021, elles sont désormais au nombre de 15, incluant les deux best-sellers Cashmere, White Tea et Avgoustos.

Les ingrédients naturels ont la cote

Citons également les eaux de parfum Solinotes, made in France et présentant un haut pourcentage d’ingrédients naturels (89 % a minima), ou encore les eaux de toilette et de parfum certifiées bio Florame. « Nos complexes parfumés sont à base d’huiles essentielles travaillées par des parfumeurs. Pour leur fabrication, nous disposons d’une palette moins importante qu’en parfumerie conventionnelle, soit 300 matières premières issues de végétaux, contre 3 000 pour les parfums traditionnels qui peuvent contenir des perturbateurs endocriniens », détaille Charlotte Cartereau. Incluant 15 références, dont les best-sellers Patchouli et Tiaré, cette offre comprend, depuis fin 2024, trois eaux de toilette pour les hommes. 

Pics de vente

Relevant d’un achat plaisir ou privilégiés pour un cadeau, les eaux parfumées et consorts connaissent des pics de vente plus particulièrement durant les périodes de fête (Noël, fête des mères et des pères, Saint-Valentin, etc.). « En fin d’année, nous réalisons 25 à 30 % de nos ventes annuelles », détaille Georges Bakas.

Les coffrets, porte d’entrée des marques

À ces dates clés, les fabricants commercialisent des coffrets qui regroupent plusieurs références, un biais pour faire plonger le consommateur dans l’univers d’une marque. À titre d’exemple, les coffrets Vitry incluent des vernis.

De son côté, Florame propose le coffret « Rituel bien-être » qui associe une eau de parfum à une bougie. On l’aura compris, le rayon parfumerie de l’officine, en pleine structuration, devient une valeur sûre, principalement pour se faire plaisir.

Petits et grands formats

Aux classiques flacons de parfum correspondent des petits formats nomades (entre 10 et 15 ml). Faciles à emporter avec soi, ils sont aussi proposés à des prix ultra-accessibles (dans une fourchette de 10 €) qui encouragent l’achat d’impulsion et permettent de tester une fragrance et… une marque. « Nous avons lancé en 2023 des eaux de toilette en format roll-on de 10 ml, placées dans des présentoirs de comptoir. C’est un vrai succès commercial », indique Georges Bakas, directeur de Korres France. De son côté, la marque Vitry a opté pour une stratégie différenciante : « Quand une cliente achète une eau de toilette 100 ml, le pharmacien lui remet un vaporisateur rechargeable vide de 15 ml. Cette offre séduit tout le monde », souligne souligne sa directrice marketing, Christine Bonhomme. Ou comment faire rentrer les consommatrices dans l’univers des parfums en pharmacie…