Téléconsultation : les déserts médicaux boudent encore l’outil numérique

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Téléconsultation : les déserts médicaux boudent encore l’outil numérique

Publié le 17 juin 2025
Par Christelle Pangrazzi
Alors que le gouvernement organise des Assises de la téléconsultation le 27 juin, les données publiées par Doctolib révèlent un paradoxe : les médecins installés en zones sous-denses utilisent peu la téléconsultation. Un contre-emploi pour une solution censée pallier les ruptures de soins.

L’étude publiée ce mardi par Doctolib, qui concentre près de la moitié des téléconsultations françaises, met en lumière une double ligne de fracture. D’abord entre spécialités : 63 % des psychiatres inscrits sur la plateforme utilisent la téléconsultation, contre 42 % des généralistes, 46 % des pédiatres, 41 % des gynécologues et 29 % des dermatologues.

Mais surtout, le recours à la téléconsultation reste marginal en zone rurale. Les médecins installés hors des grandes agglomérations ne réalisent que 28,4 % des actes à distance, alors qu’ils assurent 47 % des consultations en présentiel. Une situation paradoxale dans des territoires en tension, théoriquement les plus demandeurs de solutions de soins alternatives.

Après le Covid-19, le reflux

Alors que la téléconsultation avait explosé pendant la crise sanitaire, elle marque désormais le pas. Selon l’Assurance maladie, moins d’un million de téléconsultations sont enregistrées chaque mois, soit environ 2 % de l’ensemble des actes médicaux remboursés. Et les données de Doctolib confirment que l’usage reste marginalisé dans les zones où il aurait le plus d’impact structurel.

Or, les plans publics misent sur le numérique pour répondre à la démographie médicale en crise. Le programme « Numérique en santé 2023-2027 » en fait un axe majeur. Mais dans les faits, les pratiques peinent à suivre. Seule la psychiatrie tire son épingle du jeu : 20,3 % des consultations s’y font à distance, contre 8,1 % chez les généralistes.

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Des bénéfices mal exploités

L’argument économique est pourtant tangible. Les médecins utilisateurs de la téléconsultation présentent une file active annuelle supérieure à celle de leurs confrères en présentiel exclusif : + 37 % chez les généralistes, + 41 % chez les psychiatres. Un levier d’optimisation sous-exploité.

Du côté des patients, les usages sont bien ancrés chez les jeunes adultes (27,3 % des téléconsultants ont entre 25 et 34 ans) et chez les femmes (59,5 % des consultations en ligne). Autre fait marquant : 11 % des patients suivis par un psychiatre en téléconsultation n’ont eu aucun contact physique avec un médecin dans l’année. Une démonstration de la pertinence du modèle pour certains suivis.

Télépsychiatrie : l’exception performante

  • 63 % des psychiatres sur Doctolib utilisent la téléconsultation
  • 20,3 % de leurs actes sont réalisés à distance
  • 11 % de leurs patients ne consultent qu’en ligne
  • + 41 % de file active par rapport à leurs confrères sans téléconsultation

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