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Seulement 7 % des téléconsultations sont opérées par les pharmaciens selon la Cour des comptes
12 millions de téléconsultations ont été enregistrées en 2023. Un chiffre très en-deçà des 18,6 millions de consultations à distance recensées en 2020. « Ce recul reflète un désengagement des médecins libéraux : en 2023, ils étaient seulement 36 %, contre 58 % en 2021, à avoir facturé au moins une téléconsultation », explique Bernard Lejeune, président de la sixième chambre de la Cour des comptes. Son enquête révèle également que la téléconsultation est surtout prisée par une patientèle jeune et urbaine. « Plus de la moitié des téléconsultations se concentrent en Île-de-France et concernent de jeunes adultes, alors que des publics prioritaires comme les personnes âgées, les personnes souffrant d’affections chroniques ou en situation de handicap, qui peuvent grandement bénéficier de ce dispositif, l’utilisent très peu », poursuit le rapporteur.
En officine, la téléconsultation piétine
D’après le rapport de la Cour des comptes, seules 7 % des téléconsultations s’effectuent en officine. « Ce chiffre ne m’étonne pas, dans la mesure où les pharmaciens comblent les besoins des patients dont ils ont la charge. C’est aussi et surtout une question de budget. Il faut libérer du temps pharmaceutique pour accompagner le patient, et ce temps est très insuffisamment rémunéré par l’Assurance maladie », affirme Valérian Ponsinet, président de la commission Convention et système d’information à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Pour s’équiper et s’abonner à une solution de vidéotransmission, les officinaux bénéficient durant la première année d’une rémunération forfaitaire de 1 225 euros. Pour leur travail de téléassistance, ils sont payés en fonction du nombre de téléconsultations réalisées dans l’année, dans la limite d’un plafond de 750 euros.
Les plateformes, en croissance exponentielle
À l’inverse des médecins libéraux, les plateformes et autres entreprises de téléconsultation se développent à un rythme soutenu (+ 1805 % entre 2020 et 2023). Medadom, l’un des principaux acteurs du secteur, revendique son impact sur les territoires en tension. « 42 % des téléconsultations assistées en officine – notre cœur de métier – sont réalisées dans des zones d’Intervention prioritaire, contre 26 à 27 % pour les médecins libéraux », affirme l’entreprise, se fondant sur les données du rapport. Par ailleurs, Medadom indique prendre en charge « trois fois plus de patients sans médecin traitant que les généralistes libéraux (20 % contre 7 %) ». Les bénéficiaires de la Complémentaire santé solidaire (C2S) représenteraient 21,3 % de sa patientèle, contre 12,9 % en moyenne chez les médecins généralistes. « Notre contribution auprès des populations les plus fragiles démontre la dimension inclusive de notre modèle », souligne l’entreprise.
La Cour des comptes chiffre également le potentiel d’économies à 113 millions d’euros en cas de recours accru aux téléconsultations, en lien notamment avec un désengorgement des urgences. Medadom se réclame de cette dynamique, citant le cas de l’Allemagne, où les économies annuelles atteindraient entre 200 et 300 millions d’euros.
Préférer un opérateur territorial aux bornes de téléconsultation
« Les bornes et autres cabines de téléconsultation ne sont pas les solutions que nous recommandons à la FSPF, car elles sont coûteuses et prodiguent aux patients un service a minima », estime Valérian Ponsinet. « Il est préférable d’opter pour un opérateur territorial de téléconsultation, qui va mettre en relation le patient avec des médecins du territoire et même aider les patients en déshérence à retrouver un médecin traitant et à bénéficier d’un parcours de soin autour de chez eux. »
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