E-notices : un impact environnemental bien inférieur au papier

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E-notices : un impact environnemental bien inférieur au papier

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Publié le 12 août 2025 | modifié le 13 août 2025
Par Ophélie Milert
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Une étude récente, diffusée par la Fédération européenne des industries et associations pharmaceutiques (EFPIA), révèle que la dématérialisation des notices de médicaments a un impact environnemental largement inférieur à celui de leurs équivalents papier. Zoom sur les résultats d’une analyse approfondie du cycle de vie des notices patients.

Chaque boîte de médicament contient une notice destinée aux patients. Traditionnellement imprimée sur papier, cette notice fournit des informations essentielles telles que la posologie, les effets secondaires, et les précautions d’emploi. En 2021, le Japon a adopté une politique imposant que toutes les notices soient numériques, bien que dans l’Union européenne, la notice papier reste obligatoire. Avec la montée du numérique et les enjeux environnementaux actuels, la notice patient électronique (ePI), accessible via smartphone grâce à un QR code, apparaît comme une alternative durable.

Une étude récente, réalisée par cinq entreprises pharmaceutiques européennes et conduite par Long Trail Sustainability selon la méthodologie ISO 14040/14044, a comparé l’impact environnemental d’une notice patient traditionnelle imprimée sur papier avec sa version ePI. La réduction du papier est souvent perçue comme un gain écologique, mais l’analyse complète du cycle de vie montre qu’il est essentiel de considérer tous les impacts associés pour évaluer la solution la plus durable. Retour sur les résultats et les axes d’amélioration.

L’évaluation du cycle de vie, une méthode scientifique complète

L’analyse du cycle de vie mesure les entrées en matériaux et énergie, ainsi que les déchets et émissions d’un produit, sur plusieurs catégories d’impacts environnementaux. Cette étude a couvert toutes les étapes, de la production à la fin de vie : matières premières, fabrication, distribution, usage, et élimination. Pour l’ePI, le cycle inclut aussi le smartphone du patient, l’énergie pour le transfert des données, et la gestion finale du smartphone.

L’unité fonctionnelle étudiée correspond à une notice papier de 3,5 grammes ou à une ePI de 1,96 Mo consultée 10,5 minutes sur smartphone (sur le marché européen en 2020). Cinq entreprises pharmaceutiques (Takeda, GSK, Merck, Novartis, Sanofi) ont fourni des données primaires sur les matériaux, la fabrication, l’emballage, et la taille des fichiers ePI.

Un bilan environnemental nettement favorable à l’ePI

Les résultats montrent que l’ePI génère entre 89 % et 98 % moins d’impacts environnementaux que la notice papier, avec un impact sur le changement climatique 20 fois inférieur. En extrapolant sur 5,2 milliards d’unités distribuées par an chez quatre entreprises, passer à 100 % d’ePI permettrait d’éviter près de 50 000 tonnes équivalent CO₂ annuellement.

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L’étude a fait des hypothèses, notamment que toutes les ePI seraient consultées, que la lecture durerait 10,5 minutes, et que la durée de vie moyenne d’un smartphone serait de 2,5 ans. (Une enquête montre que 37 % des patients lisent toujours la notice, tandis que 52 % la lisent occasionnellement.)

Quatre catégories d’impact

Les résultats sont considérés comme fiables et statistiquement significatifs pour quatre catégories d’impact :

  • Changement climatique : émissions de gaz à effet de serre, impact sur le réchauffement global ;
  • Impacts sur les écosystèmes : dégradation ou perturbation des milieux naturels ;
  • Ressources : consommation de matières premières ;
  • Demande énergétique cumulée : l’énergie totale consommée sur tout le cycle de vie.

Les impacts sur la santé humaine et la consommation d’eau présentent une forte variabilité, empêchant de tirer des conclusions, elles ont donc été exclues de l’étude.

Recommandations principales

La majorité des impacts de la notice papier provient du papier lui-même, tandis que ceux de l’ePI sont liés à l’usage du smartphone. La recommandation principale est donc un passage à l’ePI pour réduire significativement l’empreinte environnementale. Mais, en cas d’utilisation de notices papier, réduire leur taille et augmenter la part de papier recyclé limiterait aussi les impacts.

Enjeux complémentaires

En France, France Assos Santé a exprimé ses réserves, soulignant que le papier reste le support le plus accessible, ne nécessitant ni appareil ni compétences numériques spécifiques.

Ici, l’étude ne traite pas des difficultés d’accès à l’information liées aux e-notices pour les patients sans connexion internet ou smartphone, ni de leur aisance avec le numérique.

De plus, des données comportementales sur l’utilisation réelle des QR codes seraient utiles pour affiner les évaluations.

À noter que depuis un an, l’ANSM expérimente la dématérialisation des notices dans le cadre d’un projet européen.

À retenir

  • L’ePI réduit de 89 % à 98 % les impacts environnementaux par rapport à la notice papier.
  • L’impact climatique d’une notice papier est 20 fois supérieur à celui d’une ePI.
  • Passer à 100 % d’ePI chez quatre entreprises pharmaceutiques représenterait une économie de près de 50 000 tonnes équivalent CO₂ par an.
  • Les impacts papier proviennent principalement de la fabrication du papier, ceux de l’ePI de l’utilisation du smartphone.