© Getty Images/iStockphoto
E-notices : concrètement, au comptoir, ça va se passer comment ?
Avec 170 boîtes de médicaments officinaux bientôt pourvues d’un QR code, la notice numérique fait son entrée au comptoir. Une innovation présentée comme écologique et pédagogique, mais qui soulève aussitôt trois questions centrales pour les pharmaciens : qui expliquera, qui imprimera, et qui en tirera profit ?
La phase pilote, qui démarre à l’automne, concernera des spécialités de grande consommation : statines, IPP, paracétamol adulte, vaccins afin de tester l’usage à large échelle. Au comptoir, la mission des pharmaciens sera claire : accompagner les patients.
« Cela demandera un peu de pédagogie, mais c’est une innovation intéressante », reconnaît Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Avantage de taille : les notices numériques promettent un accès instantané à une version mise à jour, enrichie de contenus pédagogiques, vidéos incluses. « Pour certains dispositifs injectables ou vaccins nécessitant une reconstitution, une vidéo peut être plus utile qu’une notice papier », souligne Guillaume Racle, élu national à l’Union des syndicats de pharmacien d’officine (USPO).
La ligne rouge : pas d’imprimante au comptoir
Le maintien de la notice papier a été l’un des points de vigilance des deux syndicats lors des négociations avec l’Agence nationale de sécurité des médicaments et produits de santé (ANSM). « Nous avons été très clairs : il était hors de question que les pharmaciens impriment eux-mêmes les notices », souligne Philippe Besset. « Nous ne voulions pas transformer l’officine en imprimerie municipale, comme nous l’avions déjà vécu avec certaines e-prescriptions… », note Guillaume Racle.
Si la question de la fracture numérique préoccupe l’USPO – « comment garantir l’accès à l’information aux personnes âgées ou en situation d’illectronisme, quand la notice papier disparaîtra ? » -, la FSPF se veut plus confiante, « les plus de 80 ans resteront attachés au papier, mais la génération des soixantenaires utilise déjà smartphones et tablettes. Dans vingt ans, la question se posera autrement. »
Écologie ou économies : qui est le vrai gagnant ?
Officiellement, la e-notice s’inscrit dans une ambition écologique : moins de papier, moins de déchets, une empreinte environnementale réduite. L’argument est simple et difficilement contestable.
Mais cette justification, si légitime soit-elle, occulte une autre réalité : le gain économique substantiel pour l’industrie pharmaceutique. Comme le rappelle Guillaume Racle (USPO), « la notice papier coûte cher à produire, en papier, en encre, en pliage ». Derrière le verdissement du discours, se dessine donc une logique plus prosaïque : réduire les coûts de production.
Une innovation sous surveillance
Si la e-notice s’impose comme « le sens de l’histoire », son adoption dépendra moins de la technologie que de la capacité du système à protéger patients et pharmaciens dans cette transition.
- Pharma espagnole : 9 milliards d’investissements et une réforme en vue
- Réforme de la facture électronique, mode d’emploi
- Mon espace santé : un guide pour maîtriser l’accès et la consultation
- Fraude à la e-CPS : l’alerte discrète mais ferme de l’Agence du numérique en santé
- Pharmacie de Trémuson : une officine bretonne pionnière en RSE et qualité
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis