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Hélène Charrondière: « L’IA concerne toutes les fonctions de l’officine »
Les solutions innovantes ne s’appuient pas toutes sur l’intelligence artificielle. Éléments de décryptage avec Hélène Charrondière, présidente et fondatrice du cabinet d’études Health Analytica, axé sur l’analyse des innovations en santé.
Qu’apporte l’intelligence artificielle (IA) à la pratique officinale ?
Les premiers cas d’usage sont encore limités mais trois domaines sont actuellement investis par des solutions à base d’IA. Tout d’abord, du point de vue de la dispensation des produits de santé, cela concerne l’automatisation du double contrôle d’ordonnance, la suggestion d’options médicamenteuses et la possibilité d’identifier les ordonnances falsifiées. Par ailleurs, l’IA réalise des comptes rendus d’entretiens et de bilans de médication grâce à des assistants rédactionnels, avec des fonctionnalités complémentaires comme l’analyse de données ou de situations cliniques. Enfin, elle peut intégrer la sécurisation des espaces de vente avec la lecture et l’analyse en temps réel des images de vidéosurveillance. Cette fonction sert à détecter des comportements suspects et des risques de vol. Un domaine offrant également de grandes perspectives est le pilotage « intelligent » des achats et des réassorts, mutualisés avec l’automatisation des échanges commerciaux. Cela peut s’appliquer à la signature de devis et de contrats, à la facturation, au paiement, à la gestion des litiges ou encore au reporting.
Comment distinguer des solutions qui font appel à l’IA ?
Ce point reste complexe car il n’y a pas, à ce jour, de définition officielle de l’IA et celle-ci n’a pas la même signification pour tout le monde. À partir de ce constat, il arrive que des porteurs de projet, désireux de s’inscrire dans une tendance prometteuse, jouent sur les mots et se projettent dans l’avenir de la solution qu’ils proposent. Nous avons mené notre étude et constaté que sur plus de 130 solutions numériques se présentant comme innovantes pour l’officine, seulement cinq comportent réellement de l’IA. Deux caractéristiques clés permettent de définir des solutions fondées sur cette technologie de pointe : leur autonomie, à savoir leur faculté à exécuter des tâches dans des environnements complexes, sans guidage constant de la part du pharmacien, et leur adaptabilité, c’est-à-dire leur capacité d’améliorer leurs propres performances grâce à l’apprentissage par l’expérience. Un outil capable de prédire l’évolution des ventes d’un type de produit n’est pas à proprement parler à base d’IA. Cela ne veut pas dire que sans IA, les solutions n’ont pas de valeur ajoutée.
Comment va-t-elle se déployer dans les pharmacies au cours des prochaines années ?
Tous les métiers et toutes les fonctions de l’officine sont potentiellement concernés par l’IA, quels que soient la taille de la structure et le mode d’exercice. Fondamentalement, l’objectif de l’intégration de ces technologies sera d’améliorer la performance commerciale des officines. Elles permettront une réelle synchronisation des différents canaux de vente et des interactions avec les clients et les patients. Les officinaux vont pouvoir, par exemple, générer des plans de communication en fonction des données de vente et de la saisonnalité. Il s’agira aussi d’aider le pharmacien titulaire chef d’entreprise à prendre des décisions en cas d’incertitudes. Cela peut être une forme de délégation même si, in fine, la validation est toujours effectuée par la personne compétente. De nouvelles solutions vont rapidement apparaître dans les trois à cinq ans, portées par des start-up et les partenaires historiques des pharmaciens, notamment les éditeurs de logiciels de gestion officinaux. La question clé sera comment les évaluer, les expérimenter et les déployer à grande échelle. Les groupements et enseignes de pharmacies pourront s’impliquer fortement sur ces questions.
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