Même pas mal !

Si le marché des antalgiques reste un secteur phare de l’officine, soutenu par des marques à forte notoriété, il enregistre une décroissance relative : – 2,4 % en valeur, et – 4,5 % en volume (source Iqvia, en cumul annuel mobile à fin mars 2019, périmètre : les antalgiques de prescription médicale facultative). Une évolution à la baisse qui se vérifie principalement sur le segment des médicaments destinés aux adultes (cf encadré, La Tendance p.34). Plusieurs raisons sont invoquées : « Le marché a atteint une phase de maturité, pouvant provoquer un ralentissement des ventes. Par ailleurs, les patients sont soumis à un flux de plus en plus important d’informations, parfois alarmistes. Ce flot de messages peut les influencer et ils peuvent alors se montrer hésitants au moment de se traiter, d’où leur besoin d’être accompagnés par le pharmacien lors de l’achat », avance Gautier Champenois, responsable de la gamme douleur au sein du laboratoire Sanofi. A ces facteurs, s’ajoute sur cette sphère saisonnière la faible pathologie rencontrée durant l’hiver 2018 : « Nous avons connu un épisode de grippe intense et rapide », rappelle Pascal Brossard, directeur général de Zambon France. Au global, la part des références non remboursables (58 % de PDM en valeur, + 5,5 % en CAM à fin mars 2019, selon Ospharm) prend le pas sur celle des médicaments remboursables, attestant d’une inflation de l’offre disponible en automédication, alors que les acteurs augmentent leur portefeuille OTC en plaçant à disposition des patients des galéniques variées.

DES MARQUES FORTES comme piliers.

Nous voici sur un marché ultra concentré que se partagent, à hauteur de 82 % de PDM en valeur (source : Ospharm), trois laboratoires phares de l’antalgie. Propriétaire du blockbuster Doliprane, le laboratoire Sanofi est le poids lourd du secteur avec 48,34 % de parts de marché, en valeur (Ospharm). La marque Doliprane gagne encore du terrain : elle prend la première place au rang des contributeurs à la croissance du secteur de l’automédication (+ 4,7 M d’€, source : Baromètre Afipa Selfcare 2018). « Doliprane est une marque patrimoniale française commercialisée depuis plus de 50 ans. Sa forte notoriété et sa largeur de gamme, qui permet une prise en charge adaptée de la douleur à tous les âges, du nourrisson jusqu’à l’adulte, font son succès », résume Gautier Champenois. Le lancement, en 2016, de la gamme Ibupradoll (1,5 % de PDM en valeur, Ospharm) qui permet au laboratoire Sanofi de se positionner sur la sphère des anti-inflammatoires non stéroïdiens, en automédication, ne résiste pas au poids des spécialistes du segment. Juste derrière, se situe le laboratoire Upsa, détenteur d’un large portefeuille de marques, certaines dédiées à la prescription (Dafalgan et EfferalganMed), d’autres positionnées sur le marché de l’automédication, telle la gamme Efferalgan, en croissance (5,4 % PDM en valeur, + 14 % en CAM à fin mars 2019, selon Ospharm). Notons que le laboratoire Upsa restructure son offre à la rentrée (septembre 2019) en faisant passer sa gamme Dafalgan Pédiatrique sous la bannière EfferalganMed pour prendre le nom de EfferalganMed pédiatrique. « Historiquement, la gamme pédiatrique était proposée sous la marque Efferalgan. L’objectif de cette réorganisation est de simplifier la vie des mères en leur proposant un repère de marque fort », indique Aurélie Guiraud, chef de produit senior, en charge des marques Efferalgan et Dafalgan au sein du groupe Upsa. A la troisième place du podium, se situe le laboratoire Reckitt Benckiser Healthcare, propriétaire de la marque Nurofen. La référence NurofenFlash est, en effet, l’autre locomotive de la sphère de l’automédication et participe à sa croissance (+ 2,7 M d’€, source Baromètre Afipa selfcare 2018).

L’EFFICACITÉ, premier critère d’achat.

Les dosages à 1 000 grammes de paracétamol sont les formes les plus utilisées et deviennent le standard du marché. Dans le top 5 produits, figurent quatre références proposant ce dosage : Doliprane Comprimés, DolipraneTabs, DolipraneCaps et EfferalganMed. « Les patients se dirigent naturellement vers la dose la plus efficace disponible en automédication, le pharmacien devant alors exercer son rôle de conseil en fonction du profil du patient et du type de douleur », commente Gautier Champenois. La rapidité d’action est l’axe de communication retenu par les acteurs présents sur le segment des médicaments à base d’ibuprofène, faisant valoir une puissance d’action, avec en figure de proue, la marque Nurofen, deuxième marque du marché (14 % de PDM en valeur, Ospharm), devant Advil (4,3 % de PDM en valeur, Ospharm) qui inclut dans son offre des capsules molles d’ibuprofène solubilisé (AdvilCaps), agissant environ 30 minutes après leur prise. Par ailleurs, l’association de plusieurs composants sert ce dessein de soulagement rapide tel que revendiqué par la marque Spedifen (laboratoire Zambon), 6^ème du secteur (2,7 % de PDM en valeur, Ospharm). « La composition unique de Spedifen permet une absorption rapide de l’ibuprofène, grâce à l’action de l’arginine en tant qu’excipient », indique Pascal Brossard. La référence dosée à 400 mg, en comprimés, représente 80 % des ventes de la gamme. Lancé en janvier dernier, le médicament Ipraféine (Sanofi), proposé en comprimés, qui joue lui aussi la carte de l’association : de l’ibuprofène (400 mg) et de la caféine (100 mg), est indiqué dans le traitement de courte durée des douleurs d’intensité modérée. La propriété antalgique de la caféine potentialise l’action de l’ibuprofène. Un nouveau produit dans l’arsenal thérapeutique qui donne au conseil du pharmacien une place centrale lors de sa délivrance.

UNE PRATICITÉ d’usage recherchée.

Cette capacité à proposer des dosages et des présentations variées, qui répondent à tous les besoins patients et qui œuvrent dans le sens d’une facilité de prise (comprimés miniaturisés, formes orodispersibles, sticks, etc), constitue l’une des forces du marché des antalgiques. Une orientation qui explique les largeurs de gamme des marques leaders. Au global, les formes solides l’emportent haut la main (71,4 % de PDM en volume, Ospharm) devant les solutions liquides (27,4 % de PDM en valeur) incluant les suspensions buvables, réservées aux enfants. Proposée en gélules, la référence DolipraneTabs décroche la palme du secteur, meilleure vente en prescription médicale facultative et en automédication. Rappelons, par ailleurs, le lancement de la référence effervescente Efferalgan 1 000 mg en 2018, avec un arôme fruits rouges. « Il masque l’amertume du paracétamol et facilite la bonne observance du traitement », indique Aurélie Guiraud (Upsa). La praticité des formats est, de toute évidence, un critère différenciateur : unique sur le segment pédiatrique, la gamme DolipraneLiquiz (200 et 300 mg), proposée en solution buvable en sachets, alternative aux plus classiques flacons, poudres en sachets et suppositoires, cartonne sur le marché OTC (+ 18 %), obtenant près de 6 % de PDM en valeur (Ospharm), cette présentation offrant un usage nomade et une praticité d’emploi saluée par les mères. De son côté, le laboratoire Upsa ajoute deux nouvelles références à son offre EfferalganMed pédiatrique : un flacon familial de 150 ml avec une cuillère doseuse, pour les grands enfants, et un flacon de 90 ml avec une pipette graduée, pour soulager les nourrissons, à partir de 4 kilos, en toute sécurité. Ces deux sirops sont adaptés aux enfants de 1 mois à 12 ans (de 4 à 32 kilos).

LE PARACÉTAMOL : la molécule phare.

Synonyme de sécurité d’utilisation, le paracétamol est, toujours, la molécule la plus vendue du secteur (74,4 % de PDM en volume, Ospharm) : « elle présente un rapport bénéfice/risque optimal », rappelle Aurélie Guiraud. Toujours épargnée de la concurrence des génériques (2,25 % de PDM en volume selon Ospharm, cette molécule reste dans le giron des marques historiques du marché. A l’inverse, les ventes d’ibuprofène (20 % de PDM en volume, Ospharm) englobent celles générées par les génériqueurs (5,3 % de PDM en volume, source Ospharm), parmi lesquels le laboratoire Mylan, à la cinquième place du Top 5 laboratoires, enregistrant une forte croissante (+ 13 % en valeur, Ospharm). « La notoriété du laboratoire Mylan, construite par des campagnes institutionnelles récurrentes, à laquelle s’ajoute notre forte implantation en officine, dans 15 000 points de vente, expliquent l’acceptation et la demande spontanée de nos références antalgiques par les patients », commente Philippe Bayon, directeur marketing, en charge de la division Ville au sein du laboratoire Mylan. Principalement prescrite pour la prévention des troubles cardio-vasculaires, en raison de ses capacités de fluidification du sang, l’aspirine est en perte de vitesse. Les marques Aspirine Upsa et Aspegic tirent leur épingle du jeu avec, respectivement, 2,5 % et 1,9 % de PDM en valeur (Ospharm). Au global, le marché des antalgiques est drivé par les produits qui offrent une rapidité d’action et une facilité de prise. Deux incontournables qui orientent cette sphère vers une praticité d’emploi et des dosages élevés.

1,29 Md €

EN PHARMACIE

ÉVOLUTION en valeur

– 2,4%

En cumul annuel mobile à fin mars 2019. (Source Iqvia)

557,3 M D’UNITÉS VENDUES EN PHARMACIE

ÉVOLUTION en volume

– 4,5 % En cumul annuel mobile à fin mars 2019. (Source Iqvia)

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LA TENDANCE

Si le secteur de l’antalgie pris dans sa globalité accuse une légère régression, en raison d’une involution des références adultes (- 3 % en valeur, selon Iqvia), la sphère pédiatrique reste dynamique avec une croissance de + 5,8 % en valeur, selon Iqvia (périmètre : antalgiques de prescription médicale facultative en CAM à fin mars 2019). La galénique plébiscitée par les mères : les poudres en sachets, qui représentent environ un tiers des ventes et dont l’évolution est estimée à + 25,4 %, en valeur. Les autres présentations sont à la baisse : – 2,3 % pour les suppositoires, – 8,5 % pour les comprimés et gélules, – 2,2 % pour les solutions buvables et – 24,8 % pour les solutions effervescentes (données Iqvia, en valeur, en CAM à fin mars 2019).

L’OTC EN DÉVELOPPEMENT. La part des références OTC tend à prendre en importance (+ 5,5 % en valeur, Ospharm) sur le marché de la prescription médicale facultative. Parallèlement à la prescription médicale, l’automédication est une pratique acquise des patients pour soigner leurs douleurs du quotidien.

GALÉNIQUES INNOVANTES. Après l’efficacité, la facilité d’usage est prisée des patients. Le secteur des antalgiques se montre particulièrement dynamique et innovant du point de vue des galéniques proposées : comprimés miniaturisés, orodispersibles, capsules molles, poudres et granulés en sachets…

Étude

Demandez conseil à votre pharmacien !

Si les patients ont acquis une certaine indépendance dans leur parcours d’achat pour soigner des douleurs modérées, le pharmacien est toujours attendu dans son rôle de conseil.

Selon une étude publiée par Arcane Research^*, l’achat de traitements OTc constitue un premier réflexe en cas de douleur : 2/3 des acheteurs de produits OTc se les sont procurés, dès les premiers symptômes, en pharmacie ou en parapharmacie. Trois raisons principales à cela : le manque de temps pour consulter un médecin (pour 33 % des déclarants), les conseils du pharmacien jugés suffisants (31 %) et l’efficacité des solutions proposées (30 %). De plus, 80 % des sondés affirment entrer dans un point de vente avec une marque en tête.

DES CONSOMMATEURS expérimentés.

Cette connaissance des marques leur octroie une autonomie d’achat évidente : 52 % des personnes interrogées rapportent demander directement une marque au comptoir. L’autre moitié déclare, à parts égales, choisir seules une référence en rayon ou préférer bénéficier des conseils du pharmacien. ce conseil est plus particulièrement requis lors de l’achat d’un anti-inflammatoire et d’un produit topique, reprend l’étude Arcane Research. La recommandation du pharmacien est la première source d’usage des traitements anti-douleurs OTc génériques (pour 36 % des interrogés). « En matière d’automédication, les patients peuvent avoir le sentiment de gagner en autonomie à la faveur d’informations multiples (sites, articles, forums), mais parfois contradictoires. Dans ce contexte, le pharmacien est regardé comme une source fiable de conseils, notamment sur le bon usage des médicaments », observe Gautier champenois, responsable de la gamme douleur au sein du laboratoire Sanofi.

Enfin, l’offre de plus en plus large ajoute au besoin de repère et de recommandation des consommateurs.

*Source : Anti-douleurs 2018, Antalgiques OTC et voie topique, Caractérisation du marché, parcours d’achat, attentes consommateurs, best practices des marques, octobre 2018, Arcane Research.

NUROFENFLASH, NUMÉRO 3 DES VENTES. Les marques d’ibuprofène se sont taillées leur part de succès, portées par l’argument d’une efficacité ciblée et rapide. Parmi les références phares du segment, NurofenFlash 400 mg, sous forme de lysinate d’ibuprofène.

DOLIPRANE EN HAUSSE. Marque forte et leader du marché, Doliprane progresse sur le marché de l’OTC à la faveur d’une multiplicité de présentations. Une sphère sur laquelle elle affiche une hausse de 16 % en valeur, d’après Ospharm.

Communication

Les médicaments OTC crèvent l’écran

Le petit écran est privilégié pour toucher un large public et entretenir la notoriété des marques. celles-ci avancent leur rapidité d’action en rentrant par le soulagement retiré autorisant tout un chacun à retrouver sa pleine capacité. Les références OTc sont mises à l’honneur. Dans le spot TV du médicament Efferalgan 1000 mg, qui met en scène un chef ratant la composition d’une tarte aux fraises, il est question de redevenir soi-même : « Un mal de tête ? Et vous faites les choses à moitié ». Quant à la publicité de Dolipranecaps, réunissant une bande de musiciens, elle souligne le bienfait d’être pleinement dans l’instant présent : « Quand la douleur légère à modérée est là, c’est vous qui n’êtes plus vraiment là. DolipraneCaps (…) vous permet d’être vraiment présent dans ces instants qui comptent pour vous ». De son côté, la marque Spedifen communique sur son antalgique « à grande vitesse qui permet de repasser à l’action ». A la télévision, canal de choix des marques, s’ajoutent des sites web qui expliquent les caractéristiques des produits et des PLV sur les points de vente venant relayer les publicités.

CHIFFRES CLÉS

EN PARTENARIAT AVEC OSPHARM^* ET IQVIA

71,4 %C’EST LA PART DE MARCHÉ, EN VOLUME, DES ANTALGIQUES VENDUS EN PHARMACIE, SOUS FORME SOLIDE. NÉANMOINS, LES FORMES SOLIDES BAISSENT DE 4,6 %, EN CUMUL ANNUEL À FIN MARS 2019.

Source : Ospharm.

HORS ORDONNANCES Les antalgiques se vendent plus sans ordonnances qu’avec ! La part de marché des antalgiques vendus au comptoir, sans ordonnances, s’élève désormais à 51,9 % en volume et à 58,1 % en valeur.

Source : Ospharm en cumul annuel à fin mars 2019.

*Ospharm Datastat comprend un panel de 5 500 pharmacies. Ospharm traite et restitue l’ensemble des flux de ventes de ses adhérents en temps réel.

TOP 5* des produits

1 DolipraneTabs 1 000 mg comprimés : 11,5 %

2 Doliprane 1 000 mg comprimés : 10,4 %

NurofenFlash 400 mg : 9,5 %

EfferalganMed 1 000 mg comprimés effervescents : 3,4 %

DolipraneCaps 1 000 mg gélules : 3,4 %

Le Top 5 est calculé en parts de marché en valeur. Ventes en pharmacie hors ordonnances, en cumul annuel mobile à fin mars 2019. Source Ospharm.