LES PROBIOTIQUES GONFLENT LE MARCHÉ
Les compléments alimentaires ciblant la sphère digestion cartonnent et, plus particulièrement, ceux positionnés sur le bien-être intestinal. Une croissance qui s’explique par le déferlement des probiotiques.
L’EXTRAORDINAIRE DÉPLOIEMENT DU MARCHÉ “TRANSIT/DIGESTION” prouve le dynamisme du secteur. Et plus particulièrement, pour la prise en charge du microbiote intestinal, notre “second cerveau”, auquel nombre d’ouvrages scientifiques consacrent régulièrement leurs pages, depuis l’immense succès de Le charme discret de l’intestin de Gulia Enders (Ed. Actes Sud) jusqu’au plus récent A fleur de pet, de Dora Moutot (Ed. Guy Trédaniel), atteinte de la maladie de Sibo (small intestinal bacterial overgrowth ou pullulation bactérienne de l’intestin grêle), encore méconnue en France. C’est sur le terrain des compléments alimentaires que cette catégorie de produits trouve sa pleine expression : avec un C.A estimé à 185 millions d’euros, en pharmacie (source : Iqvia), elle s’impose comme la première sphère du périmètre envisagé (env. 20 % en valeur, du total des compléments alimentaires, devant les catégories “humeur/stress” et “vitalité” (source Synadiet, déc.2019). « Les patients ont tendance à se détourner des molécules chimiques, au profit de solutions alternatives », avance Pauline Pillu, chef de groupe microbiote au sein de Pileje. Ce que pointait en creux le dernier baromètre de l’Afipa (l’association pour une automédication responsable), qui observait une baisse des ventes de l’automédication (- 4 % en valeur en 2019, Baromètre des produits du selfcare).
Le bien-être intestinal en pole position.
Les références positionnées sur le bien-être intestinal ont le vent en poupe (+ 8,8 %, en valeur) et génèrent l’essentiel des ventes (85 % de parts de marché, en valeur, selon Ospharm). « L’off re des probiotiques tire la croissance du marché », résume Karine Tournier, responsable marketing au sein du laboratoire Nutergia. Et si certaines références jouent encore les couteaux suisses, embrassant des problématiques larges, « la tendance est à une hyperspécialisation des solutions, qui apportent des réponses spécifiques à certains troubles, comme par exemple, celui du syndrome de l’intestin irritable », remarque Maxence Pignard, responsable stratégie de la gamme microbiote du laboratoire Biocodex. Très éclaté, le segment “Bien-être intestinal” réunit une foultitude d’acteurs spécialistes, auxquels s’ajoutent des laboratoires également positionnés sur d’autres sphères thérapeutiques, tels Ipsen qui a lancé Smebiacta Protect, en accompagnement d’une antibiothérapie, ou encore Sanofiavec sa gamme Microbiosys, incluant les références “Confort digestif” et “Ballonnements”. Preuve que cet univers n’est pas prêt de dégonfler et qu’il continue d’attirer de nouveaux acteurs ! La plus classique phytothérapie a toujours ses adeptes, mais affiche une légère baisse (17,2 % de pdm, – 2,4 % en valeur, selon Ospharm). En revanche, les produits labellisés bio restent encore à la marge (7 % de pdm en valeur, + 4,8 %, selon Ospharm).
Lactibiane, probiotique vedette de l’officine.
Ultra dominant avec 39 % de parts de marché, en valeur (source : Ospharm) sur le segment “bien-être intestinal”, le laboratoire Pileje recense 16 références Lactibiane, dont trois composent le trio gagnant de ce segment : Lactibiane Référence (14,9 % de pdm en valeur, selon Ospharm), Lactibiane ATB et Lactibiane Tolérance. Une place qui s’explique par « trente ans d’expertise dans ce domaine, une totale maîtrise de notre process microbiote, un procédé de fabrication abouti de la recherche sur les souches avec des organismes publics (Inserm, Institut Pasteur de Lille, Inra…) qui permet le développement de nos solutions microbiotiques », justifie Pauline Pillu. Si les prébiotiques et les probiotiques sont bien connus, les postbiotiques, métabolites issus de la fermentation des bactéries du microbiote, sont, eux, en plein essor, estime notre interlocutrice. Lancé début 2020, le postbiotique Permeabiane Butyrate LP apporte du butyrate microencapsulé, un acide gras à chaîne courte naturellement synthétisé par le microbiote, conseillé en cas de dysbiose intestinale et d’alimentation pauvre en fibres. Signalons que la 4ème édition de la campagne d’information “Ma santé passe par mes microbiotes” organisée par le laboratoire Pileje et fixée en octobre (vidéos d’experts, tutos…), est relayée en officine via diff érents outils de communication (flyers, affiches, etc).
Des formules de plus en plus dosées.
Propriétaire du best-seller “Ultra-Levure” (indiqué contre la diarrhée), le laboratoire Biocodex cartonne avec sa référence star et monosouche, Symbiosys Alflorex, qui réduit les symptômes du syndrome de l’intestin irritable, une maladie chronique qui touche près de 5 millions de Français. Quatrième meilleure vente du segment “bien-être intestinal” (4,2 % de pdm en valeur, selon Ospharm), « ce produit détient le plus d’études sur le syndrome de l’intestin irritable (10 sur plus de 500 patients) et il est le seul à être recommandé par les sociétés savantes, dont la Société française de gastro-entérologie », souligne Maxence Pignard. Une exception dans le paysage des probiotiques, alors que la tendance est à l’association de plusieurs souches. Notons, également, le recours à des formules de plus en plus dosées. Parmi les autres fleurons, on retrouve des grands classiques, comme ProbiologFort (Mayoly Spindler) qui réalise 3,9 % de pdm en valeur (Ospharm), BioGaia Gouttes (BioGaia AB), Ergyphilus Confort (Nutergia), Biotic P7 (Aragan), mais aussi Kijimea Colon irritable (Synformulas GmbH) qui se double d’une version Pro, à l’eff et “pansement”. Les solutions à base d’extraits de plantes ont également leur place, telle la gamme Fruits & Fibres du laboratoire Ortis, positionnée sur la paresse intestinale, ou encore le prébiotique 100 % végétal Optifibre, de Nestlé Health Science, à base de fibres de guar partiellement hydrolisées, à la double action laxative et régulatrice de la flore intestinale, qui figurent parmi les marques phares du secteur.
Une digestion active.
Plus restreinte car investie par des médicaments concurrents, la sphère “digestion” stricto sensu n’en est pas moins dynamique (14,9 % de pdm en valeur, + 10,9 %, selon Ospharm). Produit phare du segment, Calmosine Digestion (Laudavie), à base de plantes bio, pour la colique du nourrisson, réalise 25,5 % de pdm en valeur (source : Ospharm). Une cible qui, élargie aux enfants, devient de plus en plus stratégique et à laquelle correspondent des marques bien installées : Pediakid Bébé Gaz (Ineldea), Symbiosis Spasmodia (Biocodex), BabySpasmyl (Mayoly Spindler). Bien connues du grand public, les plantes à visée hépatique restent les grands classiques de cette sphère, au sein de laquelle se distinguent les marques Phytostandard (le duo artichaut/radis noir prend la 5ème place du segment avec 2,7 % de pdm en valeur, selon Ospharm), Arkofluides (avec les références bio Radis noir et Confort digestif) et Arkogélules, à dominante bio : « C’est à la fois une attente des consommateurs et la garantie d’ingérer des plantes sans pesticides et sans OGM, plus riches et plus actives », souligne Jocelyn petit, chef de groupe Thérapies naturelles au sein des laboratoires Arkopharma.
« Le desmodium est également une plante dynamique qui a fait croître le marché », ajoute notre interlocuteur. Toujours parmi les best-of du segment, citons les produits Nectaloe, à l’aloe vera, de Santé Verte et Raphanus S. Potier de DB Pharma, à base de jus de radis noir.
Les troubles de l’estomac en ligne de mire.
Aux troubles liés à l’acidité répondent des solutions qui rivalisent avec les IPP, tel le dispositif médical Neobianacid Acidité et reflux, à base de polysaccharides et de minéraux, propriété du laboratoire Aboca, leader italien de la phytothérapie. Ce produit se situe dans le peloton de tête et additionne 10,1 % de pdm en valeur (source : Ospharm). Un succès qui devrait s’amplifier, alors que cet acteur souhaite élargir son implantation (actuellement présent dans 3 500 pharmacies). Egalement en bonne position, le dispositif médical Esoxx 1 d’Alfasigma France, à base d’acide hyaluronique et de sulfate de chondroïtine, pour le reflux gastro-œsophagien (3 % de pdm en valeur, selon Ospharm). Les probiotiques deviennent des valeurs sûres de la sphère digestion (+ 35,5 % en valeur, selon Ospharm), comme en témoignent les succès de Lactichoc (3ème meilleure vente du segment avec 5,8 % de pdm en valeur, selon Ospharm), à conseiller après une longue antibiothérapie ou en post coloscopie, et de Digebiane RFX, pour les troubles digestifs de l’estomac. Nouveau, le complément alimentaire Biogaia Gastrus (PediAct), une combinaison de deux souches endogènes à l’homme (Lactobacillus reuteri DSM 17938 et Lactobacillus reuteri ATCC PTA 6475) résistant à l’acidité gastrique, contribue au bon équilibre des microbiotes gastriques et intestinaux. « Ce traitement, à conseiller en co-prescription des traitements des maladies inflammatoires de l’estomac (gastrites, RGO, dyspepsie), réduit l’activité et la sévérité de l’inflammation gastrique, calme les douleurs au niveau de l’estomac et rétablit l’acidité gastrique », résume Hélène Vachet, responsable marketing au sein du laboratoire PediAct. Autre nouveauté de cette rentrée : Probiolog Confort de Mayoly Spindler, ciblant l’inconfort digestif léger et transitoire lié à un stress, à un excès alimentaire ou encore à un changement de saison. Il combine 2 souches microbiotiques (Bifidobacterium lactis BB-12 et Lactobacillus acidophilus LA-5) et de la menthe poivrée. La digestion, elle aussi, segmente son offre et contribue à la dynamique globale du marché.
+ 4,5 %
13,3 M d’unités vendues
L’offre globale, et plus particulièrement, celle des probiotiques, est régulièrement achalandée de nouveautés qui ciblent des troubles spécifiques. En découle actuellement une forte segmentation qui, couplée à l’absence de claims des produits, donne une place centrale au pharmacien et rend son conseil essentiel.
+ 5,9 %
185,3 M d’ € de chiffre d’affaires
La sphère « transit-digestion » donne toute sa mesure sur le marché des compléments alimentaires et des dispositifs médicaux. Une catégorie de produits qui prend le pas sur les médicaments de prescription médicale facultative.
Source : Iqvia, en CAM à fin décembre 2019 (pharmacies + parapharmacies).
GMSLes probiotiques dans les starting-blocks
Ce segment historique de la GMS ne saurait inquiéter l’univers de la pharmacie. De petite taille, il accuse une baisse globale de – 6,7 % en valeur et de – 9,1 % en volume (source Iri). Plus spécifiquement, le segment “transit” (3,5 M €, – 12,1 %, en valeur) fait plonger le marché global, quand le segment “digestion” (4,8 M €, – 2,2 %, en valeur) est, lui, en plus légère régression. En cause : « Des linéaires réduits en taille et un encadrement restrictif des promotions par la loi Egalim, avec un plafonnement fixé à 34 % en valeur, du prix de vente », explique Julien Laborie, directeur marketing au sein des laboratoires Juvasanté. Deux facteurs qui mettent à mal ce marché, « même si celui-ci devrait prochainement renouer avec de la croissance, en raison de l’introduction récente des probiotiques qui répondent à une demande forte des consommateurs », reprend notre interlocuteur. Nouveau, le complément Microbiotic de Juvamine, marque leader, s’est vendu à 30 000 exemplaires. Côté digestion, les plantes unitaires, connues du grand public, sont mises à l’honneur sur les packagings et les complexes positionnés sur les deux sphères “digestion-transit” disparaissent. Parmi les actifs phares, retenons le charbon actif, la rhubarbe, l’artichaut et le radis noir. La nouvelle marque de Léa nature, Biosens, s’est étoffée, en 2020, du complément alimentaire bio Transit à la rhubarbe. Et Juvamine a relancé son “Charbon”, pour les ballonnements avec un dosage pharmaceutique de 1 000 mg. Bref, la GMS emboîte le pas à l’officine.
85 % des ventes, en valeur, du marché total transit/digestion sont liées au bien-être intestinal.
CHIFFRES-CLÉS
TOP 5 DES LABOS
Source : Ospharm
81 %
C’est la part de marché, en volume, des médicaments orientés sur le bien-être intestinal, en hausse de près de 10 %, en CAM fin février 2020
Source : Ospharm
2/10
C’est la proportion de sou_ rants qui identifie les problèmes digestifs à un symptôme.
Source : Arcane Research, étude Troubles digestifs : le marché des produits à visée digestive, en 2017).
8,3 M €
C’est le C.A réalisé en GMS (- 6,7 %), pour un volume d’1,4 M d’unités écoulées (- 9,1 %).
Source : Iri, transit digestion, en CAM fin février 2020
TOP 5* DES PRODUITS
PARTS DE MARCHÉ, EN VALEUR, EN CUMUL ANNUEL MOBILE À FIN FÉVRIER 2020.
Source : Ospharm
1 Lactibiane Référence gélule 12,6 %
2 Lactibiane ATB gélule 4,7 %
3 Lactibiane Tolérance gélule 4,1 %
4 Calmosine digestion bio 3,8 %
5 Symbiosys Alforex gélule 3,6 %
- Pharma espagnole : 9 milliards d’investissements et une réforme en vue
- Réforme de la facture électronique, mode d’emploi
- Mon espace santé : un guide pour maîtriser l’accès et la consultation
- Fraude à la e-CPS : l’alerte discrète mais ferme de l’Agence du numérique en santé
- Pharmacie de Trémuson : une officine bretonne pionnière en RSE et qualité
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis


