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Trump menace d’une surtaxe de 200 % sur les médicaments : un séisme potentiel pour l’économie officinale ?
Le président américain entend imposer une surtaxe de 200 % sur les médicaments importés aux États-Unis. Une stratégie de réindustrialisation agressive, aux conséquences systémiques. Pour les pharmaciens français, cette annonce s’ajoute à un contexte déjà incertain, alors que l’encadrement des remises commerciales sur les génériques est en cours de négociation.
Mardi 8 juillet, à la Maison Blanche, le président américain a confirmé son intention d’imposer des droits de douane pouvant atteindre 200 % sur les médicaments importés. Le calendrier est clair : les industriels auraient entre douze et dix-huit mois pour relocaliser leur production sur le sol américain, faute de quoi cette surtaxe entrerait en vigueur. Le cuivre, matière première stratégique dans de nombreux dispositifs médicaux, serait quant à lui taxé à 50 % dès le 1er août.
Cette annonce prolonge une série de mesures protectionnistes déjà mises en place depuis janvier : 50 % de droits de douane sur l’acier et l’aluminium, 25 % sur l’automobile. La santé, désormais, est pleinement intégrée dans la stratégie de réindustrialisation par le choc tarifaire.
Un basculement des chaînes de valeur qui pourrait pénaliser l’Europe
Premier marché pharmaceutique mondial, les États-Unis concentrent une part déterminante des exportations mondiales de médicaments. Une surtaxe de 200 % contraindrait mécaniquement les laboratoires à réorganiser leurs implantations, en privilégiant la fabrication domestique au détriment des sites européens.
Dans un environnement déjà marqué par des tensions concurrentielles fortes, une telle redirection des flux industriels risquerait de fragiliser les capacités de production du Vieux Continent. Elle pourrait également entraîner une élévation structurelle des coûts de fabrication, qui, in fine, rejaillirait sur l’ensemble de la chaîne de distribution, jusqu’aux officines.
Un effet domino sur les prix et les approvisionnements
Toute hausse de coût, si elle n’est pas amortie en amont, se traduit tôt ou tard en officine : prix d’achat renchéris, disponibilité plus aléatoire, arbitrages logistiques plus tendus. Les médicaments génériques, qui restent plus sensibles aux perturbations de marge et de flux, constituent un point de vulnérabilité bien identifié. À l’heure où les remises commerciales sur ces produits font l’objet de discussions serrées entre les syndicats de pharmaciens et les pouvoirs publics, la perspective d’une recomposition industrielle mondiale introduit un facteur d’instabilité supplémentaire. Dans un modèle où l’économie de l’officine repose encore pour partie sur les conditions d’achat, la moindre inflexion venue de l’international peut déséquilibrer des équilibres déjà précaires.
La souveraineté pharmaceutique européenne remise en question
Cette offensive douanière intervient à contretemps des stratégies de résilience déployées depuis la crise sanitaire. En France, on recense 271 sites de production pharmaceutique, dont seulement 40 % fabriquent des principes actifs . Malgré les annonces répétées de relocalisation, la dépendance européenne reste forte vis-à-vis de la Chine, de l’Inde… et des États-Unis.
Si les flux industriels se déplacent brutalement vers l’Amérique du Nord, l’Union européenne pourrait perdre davantage de maîtrise sur ses chaînes d’approvisionnement pharmaceutique. Pour les officines, ce sont des pénuries supplémentaires à redouter, une logistique fragilisée, une instabilité croissante dans les prix de revient. À moyen terme, l’effet cumulé de décisions unilatérales et de réformes nationales non coordonnées pourrait mettre à mal la soutenabilité économique du réseau officinal.
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