États-Unis : Trump épargne (temporairement) les médicaments des droits de douane

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États-Unis : Trump épargne (temporairement) les médicaments des droits de douane

Publié le 4 avril 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Malgré une offensive tarifaire sans précédent contre les importations, les produits pharmaceutiques échappent, pour l’instant, aux surtaxes américaines. Une exemption sous tension, scrutée par l’ensemble de la chaîne pharmaceutique.

Le 2 avril 2025, le président américain Donald Trump a annoncé l’imposition de droits de douane d’au moins 10 % sur la majorité des produits importés aux États-Unis. Une décision qui cible particulièrement les échanges commerciaux avec la Chine (droits relevés à 34 %) et l’Union européenne (20 %). Les produits pharmaceutiques en sont exclus… temporairement.

La Maison Blanche, dans un document officiel, a confirmé cette exception, tout en rappelant que Donald Trump souhaite toujours imposer jusqu’à 25 % de droits de douane sur les médicaments étrangers. Cette incertitude a déjà provoqué, en amont, une hausse des livraisons de médicaments vers les États-Unis, par précaution.

L’industrie mondiale sous pression

Cette exemption a aussitôt fait réagir les marchés. Au matin du jeudi 3 avril, les valeurs santé ont bondi en Asie, notamment celles des fabricants indiens de génériques, très dépendants du marché américain. Selon des analystes de Jefferies interrogés par Reuters, le secteur peut « respirer pour l’instant », mais « une taxe ultérieure ne peut être exclue ».

En Europe aussi, les valeurs pharma ont profité de cette trêve tarifaire. GSK gagnait 2,7 % et AstraZeneca 2,1 % jeudi après-midi à la Bourse de Londres. Le Royaume-Uni espère obtenir une levée rapide des droits de douane réciproques dans le cadre de négociations bilatérales sur un accord technologique, notamment autour de l’intelligence artificielle (IA).

La menace d’une taxe ciblée reste entière

Malgré l’exemption actuelle, un haut responsable américain a affirmé que des droits de douane spécifiques au secteur pharmaceutique restaient à l’étude. Dans son discours, Donald Trump a menacé les industriels : « Si les entreprises pharmaceutiques ne relocalisent pas leurs usines, elles auront une grosse taxe à payer. »

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Pour Geoff Meacham, analyste chez Citi, cette exemption constitue « un sursis temporaire », permettant aux laboratoires de mettre en œuvre des plans d’urgence pour anticiper d’éventuels tarifs douaniers spécifiques.

Wall Street en ordre dispersé, Sanofi en baisse

À la mi-journée jeudi, plusieurs valeurs pharmaceutiques américaines progressaient sur le New York Stock Exchange malgré un repli général du Dow Jones de plus de 3 % :

– Johnson & Johnson : + 2,9 % (159,84 $)

– Merck & Co : + 1,4 % (87,76 $)

– Amgen : + 0,7 % (307,90 $)

Selon UBS, Merck & Co et AbbVie pourraient être les plus avantagés, du fait de leur forte capacité de production hors des États-Unis. Pourtant, l’action AbbVie reculait de 0,8 % (203,51 $), tout comme Lilly (-2,1 %, à 800,75 $) et Bristol-Myers Squibb (-1 %, à 58,99 $).

En France, Sanofi perdait 0,7 % à 99,72 €, dans un CAC 40 en chute de 3,3 %.

Les dispositifs médicaux dans la ligne de mire

Contrairement aux médicaments, les dispositifs médicaux et les équipements de diagnostic ne bénéficient pas de l’exemption. Ils devraient donc faire l’objet des nouvelles taxes, ce qui risque de pénaliser lourdement les filières de distribution, de biologie et de technologie médicale exportant vers les États-Unis.

Une vigilance nécessaire pour les pharmaciens

Pour les pharmaciens d’officine comme pour les acteurs de la chaîne du médicament, cette exemption ne doit pas masquer une réalité incertaine. Le secteur reste dans le collimateur de l’administration Trump, et des tensions sur les approvisionnements pourraient survenir si les menaces tarifaires se concrétisent dans les mois à venir. La prudence reste de mise, notamment sur les produits à forte valeur ajoutée fabriqués hors du territoire américain.

Avec APM

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