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100 % de taxe sur les médicaments importés aux États-Unis : la pharma mondiale en état d’alerte
Cinq jours à peine avant son entrée en vigueur, l’annonce du président américain Donald Trump d’imposer une taxe de 100 % sur les médicaments brevetés importés crée un choc dans l’industrie pharmaceutique mondiale. Présentée comme un levier de relocalisation industrielle, cette décision s’inscrit dans une offensive tarifaire plus large, visant également les poids lourds et le mobilier importés.
La nouvelle surtaxe, qui entre en vigueur le 1er octobre, cible tous les « médicaments de marque ou brevetés » fabriqués hors des États-Unis, à l’exception de ceux produits localement ou par des entreprises ayant lancé la construction d’usines sur le sol américain. « Pas de droits de douane pour ceux qui produisent chez nous », a déclaré Trump sur sa plateforme Truth Social.
Dans le même message, il annonce également :
– 25 % de droits de douane sur tous les poids lourds étrangers,
– 50 % sur les meubles de cuisine,
– 30 % sur les meubles rembourrés, citant des motifs de « sécurité nationale ».
Le ton est offensif, et les marchés n’ont pas tardé à réagir : Volvo et Daimler ont vu leur titre chuter à la clôture européenne, tandis que les distributeurs américains comme Wayfair ont également reculé.
Médicaments : incertitudes sur le périmètre réel
La mesure concerne spécifiquement les médicaments brevetés, souvent produits en Europe (Irlande, Suisse, Allemagne) et représentant une forte valeur unitaire. Les génériques, majoritairement fabriqués en Inde, semblent épargnés.
« Nous partons du principe que cela n’inclura pas les génériques », estime Michael Wan, économiste chez MUFG à Singapour.
Selon les chiffres du Département américain du commerce, les États-Unis ont importé 252 milliards de dollars de produits pharmaceutiques en 2024, faisant de ce secteur le deuxième poste d’importation après les véhicules à moteur.
L’Europe s’appuie sur un accord commercial, mais reste prudente
La Commission européenne a réagi dès vendredi matin. Un accord commercial conclu à l’été 2025 prévoit que les médicaments européens ne peuvent être taxés au-delà de 15 %.
« Ce niveau maximal constitue l’assurance qu’aucun droit supplémentaire ne sera appliqué », a affirmé Olof Gill, porte-parole de la Commission pour le commerce, rappelant que l’UE est le seul partenaire à avoir obtenu une telle clause.
Mais la prudence reste de mise. La fédération européenne de l’industrie pharmaceutique (Efpia) s’alarme de « la pire des situations » : hausse des coûts, complexification logistique, et menace sur l’accès aux traitements vitaux.
Un virage protectionniste assumé, mais à double tranchant
Ces nouvelles mesures s’inscrivent dans une stratégie économique résolument nationaliste, qui vise à rapatrier des pans entiers de l’industrie via des incitations fiscales et des barrières tarifaires.
« C’est une offensive tarifaire à visée électorale autant qu’industrielle », observe un analyste du Peterson Institute. « Mais elle crée des risques inflationnistes et menace les chaînes d’approvisionnement mondiales. »
Le spectre de pénuries ciblées ou de hausse des prix se profile déjà dans certains secteurs critiques — notamment celui du médicament.
Pharmacies européennes : y a-t-il un risque de pénurie ?
La surtaxe américaine sur les médicaments brevetés pourrait déclencher un effet domino sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, avec des conséquences indirectes mais réelles pour l’Europe.
Risques identifiés :
– Réorientation des flux : les laboratoires pourraient prioriser le marché américain, plus rémunérateur, au détriment de certaines livraisons européennes.
– Allongement des délais : les traitements produits en Suisse, Irlande ou Allemagne pourraient arriver avec plusieurs semaines de retard.
– Tensions sur les principes actifs (API) : fabriqués en Asie, ils risquent d’être réaffectés à la production américaine.
– Hausse des coûts : la relocalisation partielle aux États-Unis ferait grimper les prix à la source, avec un impact possible sur les tarifs européens.
Médicaments potentiellement concernés :
- Traitements innovants ou spécialisés (anticancéreux, maladies rares)
- Biothérapies injectables
- Médicaments sous ATU (autorisation temporaire d’utilisation)
Ce qui protège (encore) l’Europe :
– accord commercial UE – USA limitant les droits de douane à 15 % sur les produits pharmaceutiques
– stocks de sécurité pour certains médicaments critiques
– exclusion probable des génériques
– échéance estimée : les premières tensions pourraient apparaître dans un délai de 3 à 6 mois, notamment si plusieurs laboratoires reconfigurent leurs flux logistiques à court terme.
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