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Baisse des remises sur les génériques : la contre-attaque d’un groupement
ÉvoluPharm monte au front contre le projet de plafonnement à 20-25 % des remises commerciales sur les génériques. Son directeur général, François Douere, alerte sur une décision brutale, mal calibrée et potentiellement dévastatrice pour les officines.
Il est le premier à sortir du bois. Tandis que les syndicats s’organisent, le groupement ÉvoluPharm prend position contre le projet de décret abaissant le plafond des remises sur les génériques. « C’est vital, réellement vital. La marge sur le générique représente jusqu’à 40 % de l’excédent brut d’exploitation (EBE) des officines. Raboter sans visibilité, c’est prendre le risque de faire tomber des pharmacies », avertit François Douere, directeur général d’Évolupharm.
Un projet mal ficelé et précipité
Pour le dirigeant, tout bascule brutalement le 20 juin, lors d’une réunion avec la Direction de la Sécurité sociale : « Jusqu’à jeudi 19, on parlait encore d’un plafond à 30 %. Vendredi, on nous annonce une possible baisse à 20 ou 25 %, et une entrée en vigueur dès le 1er juillet. C’est brutal, flou, et irréaliste. » Cette précipitation suscite une onde de choc dans le réseau officinal : « Mon bureau est au bout du couloir du service client. J’ai vu arriver les appels en cascade des pharmaciens. C’était la ruée. »
François Douere dénonce une réforme à la fois injuste et inefficace. « Le système de vases communicants annoncé en novembre, moins de remise sur les génériques, mais plus sur les biosimilaires est déséquilibré. Le générique, c’est une masse. Le biosimilaire, un volume marginal. Ce 30-30 ne satisfaisait déjà personne, mais là, passer à 20 %, c’est le choc. »
Une perte sèche de 10 à 20 points de marge
Selon lui, la baisse pourrait faire perdre jusqu’à 25 points de remise par rapport au niveau actuel. « On parle de 10 points a minima sur la moyenne. C’est colossal. Et ce n’est pas une bataille de catalogue : c’est une attaque directe sur la structure de l’EBE. »
Dans les officines jeunes ou rurales, le choc pourrait être fatal. « Un pharmacien récemment installé, qui rembourse un prêt, peut perdre jusqu’à 85 000 euros de marge nette, soit 40 % de son excédent brut d’exploitation. Ce n’est pas de la cosmétique, c’est le cœur du modèle économique. »
Une organisation logistique sous tension
Évolupharm, qui regroupe près de 1 300 officines, a construit sa force sur une stratégie intégrée : plateforme logistique propre (WeFarm), quatre partenaires génériqueurs et une marque de génériques à son nom, EvoluGen. « Aujourd’hui, nous garantissons à nos adhérents une remise pondérée autour de 35 %. On y parvient car nous piochons molécule par molécule chez le bon partenaire. Un pharmacien seul ou un groupement sans centrale ne peut pas faire ça. »
Mais en face d’un plafonnement à 20 % ? « Si c’est 20, on visera 18. On fera le maximum dans ce cadre. »
Des pistes de compensation limitées
Pour amortir la chute, Évolupharm explore des relais de croissance : maintien à domicile, marques propres en santé familiale, OTC, petite puériculture. « On a plusieurs briques sur lesquelles on peut redonner un peu de marge. Mais soyons clairs : on ne transformera pas 20 % de plafond légal en 40 % de rentabilité. »
François Douere insiste enfin sur un point trop souvent éludé : « le médicament, et surtout le générique, est le véritable moteur de la rentabilité officinale. Ce n’est ni la parapharmacie, ni la cosmétique. » Quant aux missions, elles restent « utiles pour fidéliser », mais « économiquement anecdotiques ».
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