- Accueil ›
- Business ›
- Economie ›
- Stratégie et Gestion ›
- En 2025, la marge décroche malgré + 4 % de chiffre d’affaires
© Getty Images
En 2025, la marge décroche malgré + 4 % de chiffre d’affaires
Selon les données consolidées de CGP, groupement de cabinets comptables accompagnant plus de 4 000 pharmacies, le chiffre d’affaires des officines a progressé de + 5,3 % en 2024, et de + 3 à + 5 % sur les cinq premiers mois de 2025. En apparence, un indicateur rassurant. En réalité, cette croissance est entièrement alimentée par la dynamique des médicaments chers.
Ces spécialités représentent désormais 42 % du chiffre d’affaires médicaments remboursables, avec une progression de + 14 % en un an. La tranche des produits au-delà de 1 930 € a connu une inflation de plus de 20 %. Cette évolution structurelle pèse lourdement sur la composition de la marge.
Le signal d’alarme sur les honoraires
Derrière cette inflation du chiffre d’affaires, les volumes de dispensation sont orientés à la baisse. Pour la première fois, les honoraires de dispensation (actes + ordonnances) ont reculé : – 1,85 %, passant de 229 000 € à 228 400 € par officine en moyenne. Une inflexion d’autant plus préoccupante qu’elle ne semble pas conjoncturelle.
« La marge augmente un peu en euros, mais pas assez pour compenser l’inflation des charges », alerte Bastien Legrand, expert-comptable associé chez FCC et président du groupement CGP depuis novembre 2024. Le taux de marge globale est passé de 29,3 % à 28,3 % en un an, après avoir culminé à 32,5 % en 2021. En trois ans, la rentabilité nette a perdu plus de 4 points.
Des coûts en spirale, des marges sous pression
Les charges explosent : + 7 000 € en moyenne sur les charges externes (loyers, énergie, assurances), calculées sur un chiffre d’affaires dopé aux produits chers. Mais la pression principale vient des frais de personnel. En 2024, la masse salariale a augmenté de + 14 000 € en moyenne… sans création nette d’emplois.
Selon Bastien Legrand, l’effet cumulé depuis 2022 représente une hausse de + 30 000 € par pharmacie, soit l’équivalent d’un poste de pharmacien à 30 heures… non embauché. « On a eu trois années d’augmentation salariale sans apport de bras. C’est une hausse purement inflationniste. »
L’EBE recule de 10 000 € en un an
Le résultat est sans appel : l’excédent brut d’exploitation (EBE) est passé de 204 000 € à 193 000 € en moyenne entre 2023 et 2024. Une baisse de – 5 %, qui impacte plus fortement les petites officines. Pour un EBE de 100 000 €, la perte représente 10 % de la rentabilité.
En 2025, la tendance ne s’inverse pas. « Le chiffre d’affaires continue de progresser, mais la marge décroche. La corde de l’EBE est tendue », observe le président de CGP.
Et pour cause : l’EBE sert à rembourser les prêts, investir, payer l’impôt… Toute dégradation pèse donc immédiatement sur la soutenabilité du modèle officinal.
Un décalage croissant avec l’inflation
Sur dix ans, l’EBE n’a progressé que de + 5 %, tandis que l’inflation cumulée dépasse les + 30 %. En euros constants, les officines ont donc vu leur pouvoir d’achat s’effondrer de 25 %. « L’activité reste rentable, mais beaucoup moins qu’avant. Pour les pharmacies acquises récemment sur des multiples élevés, la solvabilité devient un sujet critique », conclut Bastien Legrand.
- Pharma espagnole : 9 milliards d’investissements et une réforme en vue
- Réforme de la facture électronique, mode d’emploi
- Mon espace santé : un guide pour maîtriser l’accès et la consultation
- Fraude à la e-CPS : l’alerte discrète mais ferme de l’Agence du numérique en santé
- Pharmacie de Trémuson : une officine bretonne pionnière en RSE et qualité
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis