SUR LES PAS DE CEUX QUI FONT DE LA PDA

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Publié le 26 juin 2021
Par Matthieu Vandendriessche
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SELON LES ESTIMATIONS, ENTRE 450 ET 500 OFFICINES SONT ÉQUIPÉES POUR FOURNIR UNE PRÉPARATION DES DOSES À ADMINISTRER (PDA) AUX ÉTABLISSEMENTS D’HÉBERGEMENT POUR PERSONNES ÂGÉES DÉPENDANTES (EHPAD). POURQUOI ET COMMENT S’Y SONT-ELLES ENGAGÉES ? TROIS TITULAIRES TÉMOIGNENT.

En 2011, Christian Sauné et son associé cherchent à diversifier l’activité de leur officine. Plutôt que de renforcer le rayon parapharmacie, ils optent pour le service pharmaceutique de PDA. « Pendant un an, nous sommes allés visiter des confrères dans toute la France pour voir comment ils faisaient et quel type de matériel ils utilisaient. » Les associés jettent leur dévolu sur un système automatisé de la société Robotik Technology. Un choix qui doit tenir compte, selon le titulaire, des capacités d’investissement, de la fiabilité de la machine, du service de maintenance et de dépannage… Et aussi de l’encombrement du matériel. « L’organisation de l’espace est fonction du nombre de traitements à produire. Etant propriétaires de nos murs, nous avons pu casser et redimensionner la pièce comme nous le souhaitions. » Des paliers sont franchis en matière de capacité de production au fur et à mesure de la montée en charge de l’activité. Aujourd’hui, l’officine dessert 14 Ehpad dans la région de Toulouse, soit près d’un millier de résidents. Environ la moitié de son chiffre d’affaires provient de cette activité. « La PDA occupe quatre préparatrices à temps complet, deux livreurs et une secrétaire qui gère la facturation. » Elle impose une présence régulière dans les Ehpad. « Tous les jours, nous sommes confrontés à des urgences et il faut nous rendre sur place. » Christian Sauné participe par ailleurs à des réunions internes aux établissements. Il est aussi à l’origine de Pharmacie Avenir. Ce groupement d’achats réunit quatre officines utilisant le même matériel. « C’est une garantie de continuité de la production pour l’Ehpad en cas de panne. »

Après une expérience peu satisfaisante, Claudie Doucet choisit en 2013 de repositionner sa proposition de PDA. « Nous avons décidé de prendre les devants, de fixer nos conditions et de mettre en œuvre la gestion que nous avons choisie », explique cette titulaire installée dans une commune de 7 000 habitants à proximité de Saint-Malo. Elle est équipée du matériel semi-automatisé de la société Oréus. « Nous avons lancé et mis en place une certification Bureau Veritas suivant un référentiel existant. » La pharmacienne explique sa démarche au médecin coordinateur et au personnel infirmier de l’Ehpad qui la sollicite et parvient à les convaincre. Elle prend l’initiative de faire rémunérer son travail de préparation. « Le matériel de production est tout à fait abordable. Mais ce service de qualité doit être financé. » Le coût de la préparation et de la livraison est soutenu par l’officine, tandis que l’établissement prend en charge les consommables. Chaque semaine, une centaine de piluliers sont produits pour l’Ehpad, 50 le sont pour un foyer logement et 20 pour un foyer de vie pour adultes handicapés. Soit 170 piluliers réalisés sur un peu plus de trois jours. « Mes cinq préparateurs et préparatrices se relaient par tranche de demi-journée. Ce sont eux qui ont fait le choix de la polyvalence. » Claudie Doucet projette le lancement d’une offre pour les patients au domicile et travaille tous les axes de son développement : prise de contact avec les infirmiers, mise en œuvre complémentaire de bilans partagés de médication…

Il y a six ans, la pharmacie d’Arnaud Caill préparait des semainiers « en dur » pour une collectivité. « A un moment donné, il nous a été demandé une solution plus simple, plus hygiénique et sécurisée. »

Le titulaire hésite à maintenir le service, puis se met en quête d’une solution adaptée. « Nous n’avions pas le volume d’ordonnances suffisant pour nous automatiser de manière très importante. Je voulais une machine permettant de produire entre 100 et 300 piluliers par semaine, au cas où surgiraient de nouveaux besoins en proximité. »

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L’officine est amenée à tester un automate compact développé par l’entreprise W2Next, elle aussi installée dans le Calvados. Cet équipement commercialisé par la société Omnicell occupe une surface de 6 m2. Près de 150 piluliers sont confectionnés par la préparatrice Marina Feret, qui y consacre quatre jours par semaine. « J’aime exercer des activités différentes : préparer des piluliers, mais aussi être au comptoir et travailler sur le merchandising », explique-t-elle. La production se répartit entre les 90 résidents d’un Ehpad privé et une soixantaine de patients par le biais d’un cabinet d’infirmiers libéraux. « Ils sont demandeurs de ce service et force de proposition auprès des patients. » Arnaud Caill mise également sur la PDA au comptoir : « Je demande 5 € par semaine soit 20 € par mois. A ce stade, je ne peux pas me permettre de la proposer gracieusement, mais cela va peut-être évoluer. »