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- « La mise en place des ARS correspond à une volo nté politique de faire disparaître les inspect ions régionales de la pharmacie. »
« La mise en place des ARS correspond à une volo nté politique de faire disparaître les inspect ions régionales de la pharmacie. »
Comment avez-vous vécu la mise en place des agences régionales de santé ?
Les agences régionales de santé nous inquiètent. Il y a autant d’organisations différentes qu’il y a d’ARS sur le territoire. Certaines sont bien structurées, d’autres beaucoup moins. Tout dépend du directeur qui est à sa tête et de son niveau d’imprégnation de la gestion administrative. La mise en place des ARS correspond à une volonté politique de faire disparaître les inspections régionales de la pharmacie. Dans 50 % des agences, le corps régional des pharmaciens inspecteurs a été éclaté dans différentes directions. Ainsi, par exemple, en Pays de Loire, il y a un pharmacien inspecteur par direction (direction de l’offre de soins, direction du premier recours, direction de la sécurité sanitaire…), si bien que l’on ne sait plus qui fait quoi. En Ile-de-France, la situation est moins problématique car l’ARS a créé une direction de la sécurité sanitaire avec un pôle des produits de santé. L’ARS étant un établissement public autonome, avec son propre budget, elle fonctionne un peu comme une petite Afssaps à l’échelle d’une région. Nous sommes tributaires de ses choix d’organisation et de ses décisions. Cette dispersion des pharmaciens inspecteurs jette un flou sur nos missions et notre nouvelle orientation dans plusieurs « directions métiers » fait que, dans certaines ARS, nous ne sommes plus clairement identifiés comme des « référents » de la santé publique et de la sécurité sanitaire.
La situation est très contrastée d’une ARS à l’autre, est ce que cela tient à la personnalité des patrons des ARS ?
On ne peut pas jeter la pierre aux directeurs des ARS. Ceux qui ont été nommés à ce poste sont le plus souvent des directeurs d’administration qui découvrent des pans entiers de la réglementation pharmaceutique. Cependant, il ne faut pas brosser un tableau complètement noir des ARS, il y a des avancées positives, en particulier sur l’évolution de nos missions. La volonté des ARS de faire travailler les pharmaciens inspecteurs avec d’autres corps de métiers au sein des administrations, de les intégrer dans des équipes multiprofessionnelles et pluridisciplinaires, est louable en soi. Ainsi, nous aurons la possibilité de travailler sur des dossiers importants tels que les schémas régionaux d’organisation sanitaire des laboratoires d’analyses de biologie médicale et des établissements de santé. Malheureusement, ces nouvelles missions seront réalisées à budget constant et donc au détriment de nos missions de base.
L’Etat et les ARS sont-ils réceptifs à vos mises en garde quant aux conséquences d’une stagnation ou d’une baisse de vos effectifs ?
C’est un point sur lequel nous avons du mal à nous faire entendre. Le risque est pourtant facile à comprendre. En éclatant l’inspection régionale de la pharmacie, l’ARS se prive de nos qualités premières, à savoir notre bonne connaissance du terrain, notre compétence et notre savoir faire en terme d’accompagnement des professionnels de santé en ville comme à l’hôpital. Tout cela, j’insiste, risque de disparaître sur l’autel de l’organisation des ARS.
Les pharmaciens d’officine vont, bien sûr, pâtir de cette situation, car en marge de notre fonction d’inspection/contrôle, nous assurons également un rôle de conseil et d’accompagnement, lorsque les pharmaciens nous questionnent ou rencontrent des difficultés d’ordre professionnel.
Quelles sont vos autres préoccupations ?
Un autre danger guette. Les ARS auront la possibilité, en prenant sur leur propre budget, de recruter des contractuels, diplômés pharmaciens, pour exercer les mêmes missions que celles des pharmaciens inspecteurs. A la différence près qu’ils n’auront jamais notre niveau de connaissance et de compétence. Certes, des décrets sont en préparation pour organiser une formation initiale accélérée de ces pharmaciens qui passeront contrat avec les ARS.
Cette alternative au recrutement de pharmaciens inspecteurs est plus économique pour l’Etat. Elle est surtout beaucoup plus souple et commode pour le directeur de l’ARS. D’une part, la contractualisation lui offre des facilités de gestion de sa masse salariale en fonction de la politique de santé qu’il a arrêtée. D’autre part, il ne s’expose pas au risque d’une mutation d’un fonctionnaire de l’Etat. Il y a aujourd’hui 140 pharmaciens inspecteurs affectés dans les ARS. Pour pouvoir assurer l’ensemble de nos missions, il faut plus d’effectifs. Le ministère de la Santé ne prendra la décision de recruter par voie de concours des pharmaciens inspecteurs que si les ARS en expriment le besoin. Mais le concours de pharmacien inspecteur se prépare sur un an, et s’il y a un poste à pourvoir rapidement, les directeurs d’ARS ne voudront peut-être pas attendre.
Avez-vous interpellé le ministère de la Santé de la situation ?
Le syndicat a rencontré la DRH du ministère de la Santé pour faire part du mal-être des pharmaciens inspecteurs et obtenir un véritable sursaut des pouvoirs publics. Nous avons réalisé une enquête auprès de nos adhérents pour savoir comment ils vivent la mise en place des ARS et quelle est leur perception de l’avenir. Les résultats sont sans appel en faveur d’une évolution de notre métier et de notre organisation. Nous allons donc continuer à faire entendre notre voix et à faire valoir nos revendications, notamment sur le renforcement des effectifs et l’augmentation du nombre de postes au concours, porter haut et fort notre message dans l’intérêt de notre système de sécurité sanitaire et de la santé publique. Les PHISP ne sont pas contre la réforme, ils veulent qu’elle se fasse en respectant leur statut et leurs prérogatives. Cette réforme ne doit pas être un outil à broyer du PHISP.
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