La mort subite du nourrisson

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Publié le 28 mai 2011
Par Delphine Guilloux
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Qu’est-ce que c’est ?

• La mort inattendue du nourrisson est définie comme le décès – le plus souvent durant le sommeil – d’un nourrisson de moins de deux ans alors que rien dans ses antécédents ne pouvait le laisser présager.

• Parmi ces décès, ceux qui restent inexpliqués malgré la réalisation d’une enquête sont regroupés sous le terme de « morts subites du nourrisson ».

Existe-il un terrain favorisant ?

• L’implication d’une anomalie de la régulation cardiorespiratoire est parfois suspectée. Ce dysfonctionnement, probablement d’ordre maturatif, s’exprime surtout durant le sommeil.

• Des facteurs familiaux, comme certaines hypertonies vagales, sont parfois retrouvés, de même que des troubles du rythme.

• Le risque de récurrence dans la fratrie est variable selon les études et joue un rôle moins important que les facteurs individuels ou environnementaux.

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Quels sont les facteurs de risque et de prévention ?

• Le mode de couchage : le couchage ventral ou sur le côté est un facteur de risque important. Il faut coucher les nourrissons sur le dos.

• L’environnement du couchage : un risque d’étouffement est possible avec les couettes, les peluches… Un lit d’adulte ou un canapé est inadapté au couchage. De plus, une température excessive dans le lieu de vie est un facteur de risque (ne pas dépasser 20°C).

Il faut privilégier un couchage dans un lit à montants rigides avec un matelas ferme et de taille adaptée au lit. Il faut proscrire les objets à risque d’étranglement (bijoux, attaches de tétines…), l’utilisation de couettes, oreillers, tours de lits, couvertures, peluches… afin de réduire les risques d’étouffement et d’hyperthermie, et préférer une turbulette ou un surpyjama.

• Le partage du lit augmente le risque de mort subite. Cependant, le partage de la chambre est favorable durant les 6 premiers mois, d’autant qu’il encourage l’allaitement maternel, facteur protecteur de mort subite.

• Le tabac : l’exposition de la mère au tabagisme actif ou passif lors de la grossesse et l’exposition du nourrisson à la fumée de tabac sont des facteurs de risque.

• Les situations stressantes (privation de sommeil, séparation brutale, long trajet en voiture…) font également partie des facteurs de risque. Il faut éviter les changements brutaux d’habitude et respecter des heures régulières de repas et de sommeil.

• Une infection récente bénigne (VRS, coqueluche) est souvent retrouvée dans les jours précédant la mort subite. Le pic hivernal de mort subite coïncide avec les infections.

• Le reflux gastro-œsophagien peut engendrer une fausse route, un réflexe vagal brady-cardisant et/ou une apnée, éventuellement responsables de la mort subite.

• La vaccination : un schéma vaccinal complet est protecteur.

• L’administration de sédatifs à un nourrisson avant l’âge d’un an est un facteur aggravant.

QUI EST CONCERNÉ ?

• Risque maximal en hiver et à l’âge de 2 à 4 mois.

• Surtout les garçons de moins d’un an nés prématurément, de petit poids de naissance et/ou dont la mère a fumé pendant la grossesse.

• La mort subite du nourrisson est plus fréquente dans les familles défavorisées, probablement en raison d’une difficulté d’accès à la prévention.

Le nombre de morts subites du nourrisson a considérablement diminué notamment à la suite des campagnes de prévention en faveur d’un couchage sur le dos, organisées entre 1994 et 1997.