Le réseau, le pharmacien et les infirmières

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Publié le 10 septembre 2011 | modifié le 18 août 2025
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Les réseaux de soins sont un terreau fertile pour les coopérations entre pharmaciens et infirmières. Exemple avec le réseau charentais « SOS douleur à domicile ».

Créé en 2004 à l’initiative de plusieurs infirmiers libéraux et d’un médecin anesthésiste charentais, ce réseau s’est allié dès sa création les compétences d’un pharmacien, Frédéric Bajon. La mission de « SOS douleur à domicile » : assurer la prise en charge à domicile de douleurs aiguës de patients – jusque-là hospitalisés – via l’administration de Naropéine (ropivacaïne) par un cathéter périnerveux posé à l’hôpital. Les infirmières libérales pratiquent l’administration du médicament à domicile et assurent le suivi du traitement. « Il est indiqué pour les patients souffrant de douleurs chroniques ou rebelles, en cas d’artérite, de cancer ou de curage de plaies », explique Chantal Coussières, une des infirmières du réseau.

C’est à la demande d’Eric Bures, médecin à la clinique Saint-Joseph d’Angoulême, qu’il connaissait par ailleurs, que Frédéric Bajon a rejoint le réseau dès sa création. Il était alors officinal à La Rochefoucauld, toujours en Charente. Immédiatement, il se heurte à un problème : la ropivacaïne n’est pas disponible en officine. Frédéric Bajon étudie alors la réglementation et demande au ministère de la Santé de faire figurer cet anesthésique sur la liste des médicaments pouvant être dispensés en pharmacie de ville. Le gouvernement lui répond favorablement par un arrêté paru fin 2006. « J’ai ensuite fait des recherches auprès de différents fournisseurs pour trouver la voie d’approvisionnement la moins coûteuse », explique ce pharmacien qui travaille depuis un an dans la répartition tout en poursuivant son action bénévole au sein du réseau.

24 000 journées-cathéter en 5 ans !

Tout pharmacien désigné par un patient pour livrer le matériel et les médicaments nécessaires à la prise en charge doit signer une convention avec le réseau « SOS douleur à domicile » et suivre une formation. Le principe est le même pour les infirmières libérales choisies par les malades. Frédéric Bajon participe à ces sessions de formation et il assure les interventions sur la pharmacologie des anesthésiques locaux. Pour les infirmières libérales interrogées, la présence d’un pharmacien est précieuse : « Nous disposons de tous les médicaments nécessaires. Et nous sommes informées sur la réglementation et les nouveautés en termes de prise en charge de la douleur », confie Chantal Coussières.

« SOS douleur à domicile », qui suit 20 patients chaque mois en moyenne, a assuré l’équivalent de 24 000 journées de cathéter à domicile entre 2005 et 2010. Autant de journées d’hospitalisation évitées.

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Repères

En chiffres

• Près de 520 000 infirmières sont en activité, dont 12 % exerçant en libéral, soit 63 000 personnes environ.

• La profession d’infirmière libérale compte 17 % d’hommes, contre 12 % pour les infirmières salariées.

• L’âge moyen de la profession est de 40,3 ans.

• Les articles pour pansement (compresses, bandes de crêpe et de maintien, gaze…) sont les références les plus prescrites par les infirmières (82 % du chiffre d’affaires généré par leurs prescriptions). Suivent, selon Celtipharm, les articles se rapportant à l’incontinence (8 %).

Un Ordre menacé de disparition

Créé en 2009, l’ordre des infirmiers représente les professionnels salariés et libéraux. En juillet 2011, il comptait à peine 100 000 inscrits, sur près de 450 000 inscriptions escomptées. Cette institution comprend un conseil national ainsi que des ramifications au plan régional et départemental. L’Ordre national des infirmiers, qui peine à installer sa légitimité et à accroître le nombre de cotisations, présente une dette de plus de 10 millions d’euros. L’institution est au bord de la cessation de paiements. De son propre aveu, elle est menacée de disparition. Après la démission de Dominique Le Bœuf, début juillet, l’ordre des infirmiers a déjà connu deux présidents par intérim.

Une nouvelle élection du bureau national doit se tenir en septembre.