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Pharmacien GROG
Martine Le Provost participe au réseau des groupes régionaux d’observation de la grippe (GROG). Cela lui permet de disposer d’informations exactes à relayer auprès de ses patients. Mais c’est aussi, pour cette pharmacienne qui considère l’écoute comme une qualité essentielle, un moyen de déclencher le dialogue.
Etre pharmacien vigie GROG, finalement, ce n’est pas une grosse charge de travail, explique Martine Le Provost, titulaire dans un quartier périphérique de Brest. Mais le peu que l’on fait est important, pour nous, pour l’équipe, pour le client… » En pratique, chaque mardi, Marion Quesne, chargée d’études au réseau des GROG, appelle la Pharmacie Le Provost pour en connaître la fréquentation globale durant la semaine écoulée. « 912 personnes cette semaine. 50 de plus que la semaine dernière », déclare la titulaire. Se dirige-t-on vers une épidémie ?
D’autres indicateurs comme les prélèvements rhino-pharyngés des médecins, l’absentéisme dans les entreprises ou encore le nombre d’arrêts de travail prescrits sont centralisés par le GROG, réseau de surveillance et d’alerte de la grippe qui détecte la circulation précoce des virus grippaux, permettant un meilleur contrôle des épidémies. « L’ensemble donne des informations très précoces sur les signes avant-coureurs de la grippe, à un moment où nous pouvons encore conseiller aux patients de se vacciner. » Tout l’intérêt est là, pour Martine Le Provost : faire partie du réseau de pharmaciens GROG lui permet de disposer d’informations fiables et en amont. Car l’échange avec le GROG fonctionne à double sens. « Oui, l’épidémie arrive », confirme Marion Quesne.
Dans les premières années de fonctionnement du GROG, le pharmacien remontait aussi le nombre de boîtes vendues pour tout un panel de spécialités représentatives du marché de la grippe. Une opération lourde à gérer. En outre, les spécialités vendues diffèrent d’une officine à l’autre. L’idée a d’abord été abandonnée, d’autant que le simple chiffre de fréquentation des officines complète les informations du GROG : il leur donne un aperçu des recours aux soins n’ayant pas nécessairement entraîné une consultation médicale. Le suivi de ce panel est resté assuré par un partenariat avec l’OCP et fait partie aujourd’hui des données recueillies dans les officines qui rendent leurs chiffres par Internet. Au total, 54 pharmacies en France, dont 3 en Bretagne, participent au réseau GROG.
La carte de France de l’épidémie affichée dans la pharmacie
« Autrefois, un bulletin nous était envoyé par fax et on l’affichait devant la caisse, raconte Martine Le Provost. Les données n’étaient pas vraiment intéressantes pour notre clientèle, mais le titre était toujours accrocheur : « La grippe arrive », par exemple. On soulignait au Stabilo les gros titres. Rien que ça, mis en évidence dans la pharmacie, c’était le point de départ d’un contact. Et nous, on savait de quoi on parlait, s’il y avait grippe ou non. On accrochait les fax les uns par-dessus les autres, et l’on pouvait ainsi suivre l’évolution de l’épidémie en les soulevant. Nos clients ont besoin de parler d’autre chose que de la pluie et du beau temps… » Car, à Brest, pays où « on a trois saisons dans la journée », comme le dit Martine Le Provost, on en parle du temps !
Maintenant l’information arrive par e-mail. Bien relooké, avec sa carte de France aux couleurs de l’épidémie et son titre accrocheur, le bulletin GROG Hebdo, réservé aux vigies, a encore gagné en impact. « Il incite mes patients à se vacciner. Jusqu’à l’année dernière, ils attendaient d’avoir leur rendez-vous programmé chez le médecin pour y penser. Et toute mon équipe est séduite, ajoute la titulaire. Si je ne suis pas là, une de mes collaboratrices répond à l’appel du GROG. Même s’il ne dure que quelques minutes, il y a toujours un dialogue.» Depuis quelques années, une majorité de pharmaciens ont opté pour le recueil des données directement via le site Internet, mais Martine Le Provost préfère garder son mode de fonctionnement. « Le faire par e-mail ? Non, on n’a déjà que trop tendance à réduire les contacts humains. Moi qui étais une commerciale, j’ai besoin de ce contact. » Il est vrai que si Martine a choisi la voie officinale depuis 1986 en achetant cette pharmacie spacieuse et accueillante, située en face d’une église, elle a auparavant passé cinq ans à l’OCP de Brest puis trois autres à la direction de l’OCP de Morlaix, toujours dans le Finistère, où elle a acquis une grande expérience du management mais aussi des relations humaines.
Un outil pour déclencher le dialogue
« Pour moi, l’écoute et le contact sont des notions importantes. Un Breton ne se livre pas facilement. Il aime être rassuré », affirme cette Bretonno-Champenoise qui a adopté Brest un peu par hasard. Et pour déclencher le dialogue, Martine a plus d’un tour dans son sac. Créatrice dans l’âme, adorant chiner, elle fait de ses vitrines un lieu interactif perpétuellement renouvelé. Comme par exemple des bas enfilés dans des chaussures de ski des années 20 accompagnés d’un slogan percutant (« Les godillots, c’est pas rigolo, les bas à varices, c’est un supplice ») pour illustrer la contention veineuse… Il n’en faut pas plus pour que ce patient atteint d’un grave cancer s’échappe du présent et raconte ses premières glissades à toute l’équipe. « Mes clients aiment bien que l’on fasse des choses un peu différentes. »
Le soir, quand Martine ne se plonge pas dans la couture ou le bricolage, elle file à son cours de danse, de sculpture ou de piano… « C’est intéressant de pratiquer toutes ces activités car elles se déroulent dans des milieux socioprofessionnels totalement différents. Cela me permet de mieux comprendre les autres. Le pharmacien a une attitude d’écoute. Mais il faut déclencher cette écoute. Et, pour la déclencher, il faut trouver le lien. »
Brest, on n’y passe pas, il faut y venir. Et lorsque la grippe s’y montre, elle est surveillée de très près.
Isidore communique facile
Pour faciliter la tâche du réseau des GROG, la plupart des pharmaciens communiquent dorénavant leurs données par Internet via le logiciel Isidore téléchargeable sur le site du GROG.
Les données à fournir chaque semaine sont le nombre de :
– jours d’ouverture de l’officine,
– clients servis,
– vaccins antigrippaux vendus,
– bons de prise en charge des vaccins antigrippaux vus,
– boîtes d’antiviraux (Tamiflu, Relenza) vendues.
S’y ajoutent les impressions de la pharmacie concernant :
– les grippes et infections respiratoires,
– les rhinopharyngites sans fièvre,
– les gastroentérites.
Envie d’essayer ?
Les avantages
– C’est un moyen de bénéficier d’informations fiables, en avant-première.
– Cela permet d’ouvrir le dialogue avec les patients.
– C’est une excellente façon de se démarquer.
– L’activité est peu contraignante : il suffit de faire le total de la fréquentation de l’officine semaine après semaine, d’octobre à avril.
– Si l’appel du GROG tombe à un moment où la pharmacie n’est pas en mesure de répondre, il suffit de rappeler un peu plus tard.
Les inconvénients
– Les pharmaciens GROG ne se connaissent pas. Une réunion est organisée une fois par an, à laquelle ils sont conviés, mais elle reste assez anonyme.
Les conseils de Martine Le Provost
– « Le réseau GROG accueille volontiers les pharmaciens qui souhaitent le rejoindre. Il leur suffit pour cela de prendre contact avec Marion Quesned au 01 56 55 51 53. »
– « Ce n’est pas grand-chose mais on peut souvent faire de grandes choses à partir de trois fois rien. »
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