Psychotropes sans ordonnance : apprendre à dire non aux seniors

Les Français sont champions de la consommation de psychotropes (anxiolytiques, hypnotiques, neuroleptiques et antidépresseurs). Et ces médicaments posent le problème des traitements au (trop) long cours. Au-delà de 70 ans, une personne sur deux consomme de façon prolongée des anxiolytiques ou des hypnotiques.

Face à cette situation inquiétante, la Haute Autorité de santé (HAS) a convié pour des réunions de travail professionnels de santé (médecins, pharmaciens, gériatres, psychiatres…) et institutionnels (DGS, Afssaps, INPES…). Quatre situations ont pu être identifiées : l’insomnie et l’anxiété, pour lesquelles il existe une surconsommation de benzodiazépines, les troubles du comportement, où l’on constate une surprescription de neuroleptiques inadaptés, et la dépression, qui, à l’inverse, souffre d’une prescription insuffisante d’antidépresseurs.

Deux années pour agir

« Pour chaque situation, en partant des données de terrain, nous avons voulu construire le parcours optimal du patient », explique le Dr Armelle Desplanques, coordinatrice du programme. Quelles actions efficaces ? Quels facteurs de succès ? Comment améliorer les pratiques existantes ? Autant de questions qui ont donné naissance à un calendrier d’actions concrètes prévues sur deux années, grâce à la coopération et la mutualisation des compétences de tous les acteurs de santé.

La HAS vient de publier sur son site les recommandations sur les modalités d’arrêt des benzodiazépines chez les personnes âgées. Dès 2008 débutera un programme pilote de médecine ambulatoire en lien avec les pharmaciens. Et, dans les mois à venir, l’Ordre, en partenariat avec l’Afssaps et la HAS, doit élaborer des documents (formation continue des officinaux, brochures patients) concernant la non-dispensation des somnifères sans ordonnance. L’impact de ce programme fera l’objet d’une évaluation concrète.