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L’exemple belge
La profession belge, largement soutenue par la Direction générale du médicament, a su sauvegarder la préparation dans toutes les officines. En garantissant l’égalité au niveau de la qualité et du mode opératoire. De quelle manière ? Explications de Christian Elsen, secrétaire général de l’Association pharmaceutique belge.
Depuis 2003, vous disposez d’un Formulaire thérapeutique magistral (FTM). Quel est son intérêt ?
La préparation a connu une mauvaise passe dans les officines belges, avec notamment des incidents dus à certaines plantes chinoises toxiques. Il fallait aider les pharmaciens à rester crédibles. Dans cet objectif, nous avons conçu le FTM qui est un manuel de préparations magistrales choisies selon trois critères : l’efficacité thérapeutique, l’intérêt social et économique, et l’assurance de la qualité. Nous avons retenu les formules les plus courantes et les plus judicieuses. Toutes sont validées d’un point de vue faisabilité à l’officine, efficacité, stabilité et sécurité d’emploi. Actuellement, la première édition du FTM concerne uniquement la dermatologie et comprend soixante-dix formules. La finalisation d’un second volume est en cours.
Cet outil a-t-il été bien accueilli par la profession ?
Absolument ! Le FTM a le mérite – pour chaque formule – de décrire le mode opératoire, le matériel utilisé, la fiche de pesée à consigner, de même que les indications principales. Tout pharmacien mais aussi tout médecin a l’obligation de posséder ce manuel. Pour les dermatologues, nous avons élaboré une version simplifiée sans le mode opératoire. Egalement, nous avons organisé des séances de formation spécifiques. Notre souhait, à terme, est de limiter les prescriptions au FTM.
Dans le manuel, vous n’abordez pas le contrôle des matières premières. Pourquoi ?
Tout simplement parce qu’elles font l’objet d’un enregistrement d’AMM. Nous disposons donc d’une liste de matières premières autorisées. Ce qui dispense le pharmacien de tout contrôle. La demande de remboursement, toujours pour les matières premières, suppose aussi le dépôt d’un dossier auprès des autorités. Le prix est fixé par le conseil technique pharmaceutique.
Pour quelle raison la sous-traitance n’est-elle pas autorisée en Belgique ?
La faisabilité de toutes les formules du FTM a été testée dans les officines classiques, avec le matériel obligatoire. Du coup, toutes les préparations retenues sont réalisables partout. Il y a cependant des exceptions pour les formes entérales, stériles ou injectables. Mais, en général, nous estimons que tout pharmacien doit être capable d’offrir au patient la totalité de ses services. Nous travaillons également sur les normes de qualité. Dans cet objectif, la dix-septième édition du guide des bonnes pratiques officinales va bientôt paraître.
Un enseignement inadapté à la réalité du métier
– Les tours de main se perdent et se transmettent plus par le bouche-à-oreille que par l’enseignement. Seulement voilà… Est-il utile d’approfondir les cours et les TP de préparations magistrales alors qu’elles deviennent de plus en plus rares ? Dans les CFA, 10 % des cours sont consacrés aux préparations. « Le référentiel n’est plus adapté à la réalité du métier », reconnaît Olivier Allo, président de l’ANFPP (Association nationale de la formation des préparateurs en pharmacie). Les cours seraient trop poussés pour ceux rarement confrontés aux préparations, et pas assez pointus pour ceux exerçant chez un sous-traitant. « L’ANFPP prépare un cahier des charges à destination des enseignants en CFA : type de pesée, sélection des préparations les plus fréquentes… », annonce Olivier Allo. Car actuellement le programme des TP diffère en CFA mais aussi en faculté.
– Certains étudiants en pharmacie ont la chance de disposer d’une pharmacie expérimentale, comme à Clermont-Ferrand. « Je les mets volontairement face aux difficultés. Je récupère les « moutons à cinq pattes » auxquels sont confrontés les titulaires de la région. Exemple ? La pommade de Dalibour du Codex… qui n’y figure pas », précise Brigitte Vennat, professeur de galénique à Clermont-Ferrand.
« On essaie de donner aux étudiants le souci des responsabilités et de l’assurance qualité. Il est cependant regrettable que les heures d’enseignement pratique soient plus faibles que dans d’autres pays », indique Anne Gayot, professeur de galénique à Lille.
A lire
Bonnes pratiques de préparations officinales (1988) disponibles sur http://www.rhone-alpes.sante .gouv.fr/sante/pharma/bonnes.htm
Recommandations de l’Adrapharm relatives aux bonnes pratiques pour la réalisation des préparations à l’officine sur http://www.ordre.pharma-cien.fr/upload/Syntheses/130.pdf
Guide sur les préparations magistrales à l’usage des étudiants de 6e année de Lille sur arachosia.univ-lille2.fr/form_continue/guide_lillois.html
La préparation : mode d’emploi, de C. Mautrait et R. Raoult, éditions Porphyre.
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