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Répondre à la détresse d’un aidant
Si on les voit souvent à l’officine, c’est rarement pour eux. Pourtant, les aidants sont susceptibles de rencontrer des difficultés qui doivent amener le pharmacien à réagir en tant que professionnel de santé de premier recours.
mobilisés au quotidien auprès de leurs proches malades tout en restant soumis à leurs propres obligations personnelles et professionnelles, confrontés à l’évolution de la pathologie qui implique une disponibilité croissante et, souvent, une dégradation de la relation avec l’aidé… les aidants sont particulièrement exposés à l’épuisement et au stress. Avec des risques pathologiques élevés : « Au bout de trois ans, la dépression touche un aidant sur deux et, dans le cas de la maladie d’Alzheimer, un tiers d’entre eux décèdent avant l’aidé », indique ainsi Alice Steenhouwer, responsable administratif et partenariats de l’association Avec nos proches. De surcroît, « les aidants tendent à négliger la prise en charge de leur propre santé », constate Judith Mollard, psychologue à l’association France Alzheimer. Si bien qu’aujourd’hui, « ils sont devenus un enjeu de santé publique », note-t-elle.
Deux freins à lever
Or « le pharmacien a un rôle déterminant vis-à-vis de ces patients qu’il voit plus souvent que les aidés eux-mêmes », estime Juliette Le Rouge, officinale et membre du comité scientifique d’Avec nos proches. Elle pointe néanmoins deux freins : « Le fait qu’ils ne soient pas toujours servis par les mêmes collaborateurs, et le manque de temps pour ouvrir une discussion lorsqu’il y a du monde au comptoir ». Aussi, afin de favoriser un meilleur suivi, la pharmacienne a instauré une habitude parmi ses collaborateurs : intégrer dans le logiciel de l’officine des observations associées aux dossiers des personnes, concernant aussi bien leur état que des incidents comme la non-observance d’un traitement, par exemple. Physiques – amaigrissement, marques de fatigue, yeux rougis… – ou psychologiques – changement d’humeur – les signaux préoccupants peuvent faire écho avec ce que le professionnel sait des évolutions de la pathologie de l’aidé. « Une demande de l’aidant pour lui-même, par exemple, un produit pour l’aider à mieux dormir ou à lutter contre l’anxiété, peut aussi mettre la puce à l’oreille », ajoute Judith Mollard.
Ecouter et orienter
Si la réponse thérapeutique est un premier réflexe, au-delà « il s’agit de sensibiliser l’aidant à la nécessité de prendre du répit pour pouvoir continuer à jouer son rôle, sans chercher forcément à l’en éloigner », souligne la psychologue. Un argument qui porte est celui de la durée sur laquelle l’aidant est engagé, en moyenne de 8 à 12 ans dans le cas de la maladie d’Alzheimer. « Notre rôle d’écoute est fondamental », témoigne Juliette Le Rouge. « Avec l’équipe, nous favorisons la parole avec des questions très ouvertes. Ainsi, nous ne demandons jamais aux aidants comment ça va ?, mais plutôt comment ça se passe au quotidien ? Si, au départ, ils se focalisent sur le malade, nous les amenons progressivement à parler d’eux ». Ensuite, « nous revenons sur la notion “d’aidant”, un terme qu’ils ne connaissent pas toujours, pour leur faire comprendre qu’ils font partie d’une catégorie de patients à part entière », poursuit-elle.
Dernière étape : orienter les personnes vers les interlocuteurs susceptibles de les accompagner et les aider. « Les adresser d’emblée à un dispositif institutionnel de prise en charge n’est pas toujours pertinent, relève la titulaire. Dans un premier temps, il peut y avoir un simple besoin de parler qui peut déboucher plus tard sur une demande concrète ». De nombreuses associations jouent ce rôle de « portes d’entrée », et fournissent aux pharmaciens une documentation de premier niveau à mettre à disposition de leurs patients.
LIENS UTILES
Le portail d’information gouvernemental
www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/actualites/soutien-aux-proches-aidants
Avec nos proches : ligne d’écoute anonyme par des bénévoles ex-aidants (01 8 472 9 472)
www.avecnosproches.com
Association française des aidants : organise notamment des « cafés des aidants »
www.aidants.fr
France Alzheimer : formations, accompagnement psychologique, groupes de parole…
www.francealzheimer.org
CLIC (Centres Locaux d’Information et de Coordination gérontologique) : guichet d’accueil de proximité
www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/search-site/clic
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