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Déprescription : quelles incitations pour le médecin ?
« Prescription et déprescription ne sont pas en opposition. Ce sont deux actes médicaux complémentaires et réfléchis », souligne Laurent Dal Mas, directeur de la qualité, de la performance et de l’innovation à l’agence régionale de santé (ARS) du Grand Est. Déprescrire, ce n’est pas simplement arrêter un médicament mais initier une démarche avec le patient dans un environnement pluriprofessionnel. Francis Megerlin, docteur en droit et professeur à l’université de Strasbourg, observe ainsi un continuum de soins entre les conventions pharmaceutiques de 2018 et 2022, qui instituent la mission du bilan partagé de médication (BPM) et la convention médicale de 2024, qui posent les bases d’une consultation de déprescription.
Des bilans de médication prescrits
« Les outils conventionnels peuvent faire la liaison entre les deux actions. Un point de situation est effectué par le pharmacien d’officine avec le BPM qui devient un outil d’appui pour documenter une initiative médicale. Ainsi, le médecin ne consomme pas son temps de consultation en analyse de la consommation médicamenteuse qui relève de l’expertise du pharmacien », souligne Francis Megerlin. Dans son article 63, la convention médicale de 2024 instaure un intéressement à la déprescription des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). Cette incitation est mise en place depuis le 1er janvier 2025 pour une durée de trois ans. Le calcul de l’intéressement s’effectue en additionnant les économies réalisées par les déprescriptions pour les patients de moins de 65 ans pour lesquels sont associés un IPP et un anti-inflammatoire non stéroïdien ou de plus de 65 ans pour lesquels est prescrit un IPP depuis plus de 8 semaines sans justification particulière. De plus, une consultation longue de déprescription sera effective dès janvier 2026, selon l’article 78-1 de la convention médicale. Elle s’adresse aux patients âgés de plus de 80 ans avec au moins 10 lignes de traitements médicamenteux. Cette consultation s’appuie sur un BPM préalable prescrit par un médecin. Elle sera rémunérée 60 euros et possible une seule fois par an.
Une implication dès la formation initiale
La déprescription, soit la sobriété médicamenteuse ou encore la prescription non médicamenteuse, s’appuie sur des compétences qui sont généralement acquises en fin de cursus des futurs médecins. Tout au long de leurs études, ils sont toutefois confrontés à des cas cliniques présentant des patients polypathologiques qui expriment leur volonté. Il est aussi question d’intégrer la dimension temporelle dans la prescription : quand débuter le traitement, pourquoi et jusqu’à quand, quels sont les critères de réévaluation, etc.
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