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« Personne ne s’est encore vraiment saisi du premier recours et du rôle social des pharmaciens   »

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Publié le 15 novembre 2018
Par Magali Clausener
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Béatrice Clairaz-Mahiou, titulaire investie dans l’évolution de la profession, et Thierry Barthelmé, ancien président de l’UTIP, annonçaient cet été la création d’une société savante de la pharmacie, la Société française des sciences pharmaceutiques officinales (SFSPO). Leur objectif : promouvoir l’ensemble des dimensions et des compétences de l’officine en associant pharmaciens et préparateurs.

Pourquoi avoir créé cette société savante ?

Béatrice Clairaz-Mahiou Depuis plusieurs années, la profession de pharmacien a fortement évolué. L’idée est de définir le cadre des compétences de toute l’équipe officinale ; pas uniquement du pharmacien, mais également des membres de l’équipe, dont les préparateurs. De nombreux décrets et expérimentations ont légitimé le rôle du pharmacien dans le parcours de santé, mais il reste beaucoup de points en suspens. Par exemple, les autres sociétés savantes s’interrogeaient pour savoir vers qui se tourner pour construire avec les pharmaciens des recommandations de bonnes pratiques professionnelles. Il n’y avait pas d’interlocuteur, puisque ce n’est ni le rôle de l’Ordre, ni celui des syndicats professionnels, ni celui des URPS. Par ailleurs, personne ne s’est encore vraiment saisi de certaines missions de l’officine, notamment le premier recours et le rôle social des pharmaciens.

Thierry BarthelméLa nécessité de créer une société savante remonte à une dizaine d’années, alors que j’étais président de l’UTIP. Convoqué par le directeur de cabinet de Roselyne Bachelot, après la promulgation de la loi HPST, il me déclare : « En l’absence d’une société savante dans le monde de l’officine, j’aimerais travailler avec vous. » Cela a été un électrochoc. Béatrice a ravivé cette envie, d’abord avec l’association qu’elle a créée en 2015 et qu’elle co-préside, l’Européenne de pharmacie clinique officinale (EPCO), puis avec son projet de société savante.

Comment en êtes-vous venus à créer cette nouvelle société ?

B. C.-M. La société savante ne s’est pas créée ex nihilo. Nous avions effectivement fondé avec quelques confrères une association pour le développement de la pharmacie clinique à l’officine et déjà réfléchi à une société savante, car l’association couvrait un champ assez restreint de l’activité officinale. En discutant avec les participants et les autres professionnels de santé, nous en sommes arrivés à la conclusion que la seule structure possible pour pouvoir travailler avec les autres sociétés médicales était de créer cette société savante. Lorsque nous avons pris la décision de nous lancer, nous nous sommes entourés d’un « noyau dur » qui partageait nos convictions.

T. B. L’idée est aussi de calquer l’organisation des pharmaciens sur celle des médecins, qui ont des sociétés savantes par spécialité et des collèges. Les médecins ont une organisation où chacun travaille à la défense de la profession. Et ce ne sont pas l’Ordre et les syndicats qui peuvent monter des observatoires des pratiques. C’est le travail des sociétés savantes d’analyser les pratiques avec méthode, d’en tirer des enseignements et de les faire progresser avec des recommandations.

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Quelle est votre position par rapport à la Société française de pharmacie clinique (SFPC) ?

B. C.-M. La SFPC, comme son nom l’indique, concerne la pharmacie clinique et donc principalement la pharmacie hospitalière. Les deux sociétés ne recouvrent pas les mêmes champs d’action.

Pour quelle raison la SFSPO est-elle ouverte aux préparateurs ?

T. B. Aujourd’hui, la représentativité de l’équipe officinale n’existe pas. C’est une vocation très claire de la SFSPO d’ouvrir la société à l’équipe officinale dans sa totalité. La SFSPO est d’ailleurs également ouverte aux étudiants en pharmacie et aux élèves préparateurs. Nous devons avoir des pharmaciens, des étudiants et des préparateurs afin d’être représentatifs en termes de quantité et de qualité. Nous avons besoin d’adhérents cotisants mais aussi participants, que nous pourrons solliciter pour des enquêtes de santé ou de bonnes pratiques et dont le panel de réponses permettra de documenter nos travaux.

Quels seront les membres des trois commissions de la société : exercice officinal, communication, exercice coordonné ?

B. C.-M. Dans le cadre des commissions, nous allons forcément faire appel à des expertises différentes et par conséquent à des experts qui pourront être des pharmaciens d’officine, des pharmaciens hospitaliers, des préparateurs en pharmacie, des médecins et, bien évidemment, des patients, puisqu’ils sont experts de leur propre maladie. Il est important aujourd’hui de travailler avec des associations de patients. Si pour adhérer à la SFSPO, il faut être pharmacien titulaire ou adjoint, étudiant ou préparateur, les commissions seront ouvertes à d’autres professionnels de santé et aux associations de patients.

Quels sont les sujets sur lesquels vous allez travailler ?

B. C.-M. La première réunion du bureau a eu lieu fin septembre pour définir une méthodologie et acter les sujets à traiter. Certains ont déjà été évoqués comme le premier recours et la place coordonnée du pharmacien d’officine avec les médecins généralistes et les urgentistes que nous avons d’ailleurs rencontrés début octobre. L’ambulatoire est aussi un défi. Nous avons des contacts avec les anesthésistes-réanimateurs. Nous avons aussi été sollicités par la Société française d’études et de traitement de la douleur sur un parcours de santé dans les douleurs chroniques et sur le paracétamol. Nous avons une échéance importante à la fin de l’année : le congrès Spot les 9 et 10 décembre. Centré sur l’exercice officinal, il permettra de présenter nos activités en cours. L’objectif est de produire des travaux d’ici le premier semestre 2019. 

BIO EXPRESS

Thierry Barthelmé

•  1975 : Reprend des études de pharmacie

•  2000 :Titulaire d’une officine à Mussidan (Dordogne)

•  2003 : Intègre le bureau national de l’organisme de formation UTIP

•  2007-2014 : Préside l’UTIP


BIO EXPRESS

Béatrice Clairaz-Mahiou

•  1992 : Diplôme de docteur en pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine)

•  1996 : DU de soins palliatifs

•  1998 : Titulaire d’une officine à Châtenay-Malabry après dix ans en tant qu’adjointe

•  2011 : Elue à l’URPS Phamaciens Ile-de-France

•  2015 : DU de soins de support en oncologie

bcombrun