Masques chirurgicaux en GMS : le « dégoût » des soignants

© coronavirus, covid-19, masques grand public, masques en tissu, vente en pharmacie, prix de vente, encadrement des prix, Ordre, GMS - Pixabay

Masques chirurgicaux en GMS : le « dégoût » des soignants

Publié le 30 avril 2020
Par Magali Clausener
Mettre en favori

Les annonces ce matin du 30 avril des enseignes de grande distribution sur les millions de masques chirurgicaux qu’elles vont commercialiser provoquent de très vives réactions.

La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a adressé en fin d’après-midi une lettre ouverte à Olivier Véran, ministre de la Santé, réclamant la réquisition « des stocks détenus par le groupe Leclerc et plus généralement, par la grande distribution, afin que ces masques soient remis prioritairement aux populations en ayant le plus besoin ». « Ces masques doivent avant tout servir à protéger les populations et non à assurer la promotion d’enseignes de la grande distribution », conclut Philippe Besset, président de la FSPF.

Ce soir, ce sont 6 ordres professionnels (médecins, infirmiers, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, sages-femmes) qui expriment leur « consternation » et leur « dégoût » dans un communiqué commun intitulé « Les masques tombent ! ». Comparant la situation de crise qu’ont affrontée les professionnels de santé à la guerre de 1870, les ordres rappellent que « courageusement, l’ensemble des professionnels de santé ont soutenu et assumé sans faiblir cette ligne. Oubliant les insultes, les procès en irresponsabilité ou incompétence, les vindictes anonymes ou, peut-être pire encore, celles qui ne le sont pas, ils ont tenu la tranchée ». Et de constater avec la vente des masques médicaux par la grande distribution que « toute guerre a ses profiteurs »

Les ordres posent La question : « Où étaient ces masques quand nos médecins, nos infirmiers, nos pharmaciens, nos chirurgiens-dentistes, nos masseurs-kinésithérapeutes, nos pédicures-podologues, nos sages-femmes mais aussi tous nos personnels en prise directe avec la maladie tremblaient et tombaient chaque matin ? Comment nos patients, notamment les plus fragiles, à qui l’on expliquait jusqu’à hier qu’ils ne pourraient bénéficier d’une protection adaptée, vont-ils comprendre que ce qui n’existait pas hier tombe à profusion aujourd’hui. 100 millions par ici, 50 millions par là. Qui dit mieux ? C’est la surenchère de l’indécence ».

Publicité

Et de poursuivre : « Derrière le masque, se trouve le vrai visage. Nous, nous garderons celui de la dignité. Celui-ci ne se retrouvera dans aucun rayonnage. L’heure viendra, nous l’espérons, de rendre des comptes. En attendant, nous allons poursuivre notre mission de professionnels de santé, car c’est notre engagement. Avec néanmoins l’amertume de se dire que la responsabilité n’est pas la mieux partagée de toutes les vertus ».