Ségur de la santé : les pharmaciens oubliés

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Ségur de la santé : les pharmaciens oubliés

Publié le 28 mai 2020
Par Anne-Hélène Collin
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C’est avoir la mémoire courte. Ouvert en grande pompe ce lundi 25 mai, en présence de plus de 300 représentants des personnels soignants, le Ségur de la santé se fera finalement sans les pharmaciens. Ni l’Ordre national des pharmaciens ni les syndicats représentatifs de la profession ni les étudiants ne sont invités à participer aux groupes de travail qui doivent repenser le système de santé.

Alors qu’elle avait bien reçu son invitation pour participer au lancement du Ségur de la santé dès le samedi précédent, l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) a eu la surprise de ne pas être conviée pour la suite des discussions. « il n’y a plus de place », lui a-t-on répondu ! 

Alors qui pour préparer cette ambitieuse refonte du système de santé ? Essentiellement des représentants du secteur hospitalier et des médecins. Même l’Ordre national des infirmiers, qui n’apparait pas dans la liste des membres du Comité Ségur national, semble avoir été rattrapé au vol, selon un communiqué du 26 mai émanant de l’instance.

Ségur de la santé ? Plutôt Ségur de l’hôpital. « La composition de ce Comité est déjà en totale contradiction avec le discours du Premier ministre et du ministre de la Santé », dénonce Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) dans son communiqué du 27 mai. Il appelle Olivier Véran à associer « de façon équilibrée tous les professionnels libéraux. » « Disons-le tout net, ce ‘Ségur’ ne renverse pas la table et le monde d’après risque de ressembler au monde d’avant, en conservant son caractère hospitalocentré », écrit Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), dans une lettre ouverte adressée à Edouard Philippe le 27 mai. « Une refonte de l’hôpital sans penser à la ville ne va pas aller très loin, renchérit l’ANEPF. Comment faire une refonte sans interroger tous les acteurs ? » 

« Notre système de santé est un tout », rappelle Philippe Besset, qui voit dans ce Ségur de la santé l’occasion d’aborder le dépistage de la population y compris en pharmacie avec les Trod Covid-19, l’intérêt de la vaccination, l’observance des traitements, les ruptures d’approvisionnement en médicaments et surtout, la prévention. « Pas un mot », dénonçait-il dès le 25 mai

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Une ouverture est peut-être à espérer du côté des travaux sur l’exercice coordonné entre professionnels de santé et l’engagement des territoires, qui constitue l’un des quatre piliers du Ségur. L’Union nationale des professionnels de santé (UNPS), la Fédération des communautés professionnelles territoriales de santé (FCPTS) et Avec Santé, qui comptent des pharmaciens dans leurs membres, font partie du Comité Ségur national.