Les professionnels misent sur l’interpro et la prévention

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Publié le 4 juillet 2020
Par Magali Clausener
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Toutes les professions de santé ont présenté leurs propositions pour le Ségur de la santé. Des thèmes communs s’en dégagent.

Pour le Ségur de la santé, si des grands thèmes communs se dégagent, les propositions de chaque profession commencent bien évidemment par faire la part belle au renforcement de leurs missions propres. Pour les pharmaciens, il s’agit en priorité de développer le rôle du pharmacien correspondant, la dispensation sous protocole et le télésoin. L’Ordre des pharmaciens propose aussi un pharmacien référent en Ehpad. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) se positionne en faveur de nouveaux entretiens pharmaceutiques, par exemple pour les patients diabétiques.

Du côté des infirmiers, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) appelle à doter les infirmiers de nouvelles compétences (adaptation des doses d’AVK et d’insulines par exemple, accès direct à l’infirmier) et à développer les programmes de suivi infirmier renforcé, notamment après une hospitalisation. Les biologistes, par la voix du Syndicat des biologistes (SDB), demandent le droit à la prescription et à l’adaptation de la prescription des actes de biologie et de certains traitements. Pour les hospitaliers, la Fédération hospitalière de France (FHF) revendique une valorisation des parcours professionnels médicaux et paramédicaux, adaptée aux besoins de la population.

L’interprofessionnalité plébiscitée

Pour autant, cet appel à des missions renforcées ou nouvelles s’inscrit dans une vision interprofessionnelle. Même si elle peut revêtir diverses formes. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) demande que l’exercice coordonné et les missions qui y sont associées puissent être permis au sein d’équipes ouvertes de professionnels de santé, constituées autour du patient sur la base de protocoles nationaux, sans nécessité d’adhésion à des structures définies, telles que les équipes de soins primaires (ESP), les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), etc.

Pour le Sniil, il s’agit de soutenir toutes les formes d’exercice coordonné, y compris en créant un financement spécifique et pérenne pour les ESP. Le SDB veut une plus grande intégration des biologistes dans les équipes de soins dès le premier recours et l’Ordre des pharmaciens la souhaite dans les CPTS. Même la FHF prône l’exercice coordonné autour d’un patient au sein d’une équipe pluridisciplinaire (ESP, MSP, centre de santé) et, à un deuxième niveau, dans le territoire de proximité autour de la CPTS et du contrat local de santé. Dans ce cadre, la FHF préconise de renforcer la place de la médecine de ville, des pharmaciens et des paramédicaux de ville comme première ligne de l’offre de soins.

La prévention mise en avant

Tandis que les pharmaciens veulent devenir des acteurs centraux de la prévention et du dépistage, en particulier via une vaccination élargie et la réalisation de tests rapides d’orientation diagnostique (Trod), le SDB réclame la création d’un bilan de prévention unique et annuel « forfaitisé » et la participation à des actions de vaccination de masse. Le Sniil inclut la prévention dans la réingénierie du métier et la FHF recommande de construire au niveau national et sur les territoires une véritable politique d’éducation à la santé et de prévention en y intégrant les hôpitaux de proximité et les libéraux (par exemple, la vaccination par les pharmaciens).

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Ces propositions ne sont pas nouvelles. Reste à savoir si leur convergence portera ses fruits.